@Annlee @whitejimmy Il y a un gros problème aussi avec Lolita de Nabokov. On peut prendre comme exemple la façon dont ce film a interprété le bouquin, et comment les gens ont compris cette histoire (jusqu'à la façon dont les gens utilisent le mot Lolita).
Dans le livre de Nabokov, ce qui est décrit c'est bien la relation d'un
pédophile avec sa jeune
victime, et c'est comme ça que c'est décrit. Plusieurs fois, il décrit ce qui lui plait chez elle, et il parler alors de sa démarche un peu molle d'enfant. Ce qui lui plait c'est qu'elle soit
un enfant. Dans le livre, ce n'est pas elle qui suscite le désir. Vers la fin du bouquin (après qu'il ait tué et l'ai éloigné de sa famille, comportement de kidnappeur), il l’emmène dans un hôtel. Elle veut une
poupée (on est encore dans l'enfance), il lui dit ok mais contre une branlette en gros. Elle le fait (et je ne suis pas sure mais je crois qu'elle pleure à un moment ou en tout cas elle montre bien qu'elle n'a pas envie). C'est ce qu'on appelle un viol : c'est une gamine mineure, isolée, dont le kidnappeur a tué les parents et qui la contraint pour avoir du sexe contre
des jouets (c'est l'équivalent à peine caché du vieux monsieur qui te propose des bonbons). C'est totalement décrit comme de la pédophilie, et le livre avait pour but d'être choquant (point de vue d'un meurtrier donc quand même assez glauque).
OR (trois fois souligné), dans les interprétations cinématographiques qui suivront c'est LOLITA qui est présentée comme aguicheuse, comme beaucoup plus mature que son âge, séduisante et séductrice, on la voit en maillot de bain, lascive, dans un corps mi-femme mi-enfant (et bien plus vieille que ce qu'elle est dans le bouquin), parfois maquillée, une sucette à la bouche, etc etc. Bref dans les films, le point de vue du pédophile est complètement réinterprété dans le sens où on justifie ses actes en déplaçant la culpabilité sur la victime (culture du viol et discours de violeur qui dit qu'en fait elle l'avait cherché bonjour!). C'est présenté comme une
romance, quelque chose d'érotique, d'attirant, et de pas du tout problématique puisque c'est elle qui cherche tout ça dans le fond, c'est elle qui retourne la tête à un pauvre homme qui se retrouve victime du désir qu'elle a déclenché chez lui, et qu'elle entretient froidement.
Le fait que la plupart des gens (même ceux qui ont lu le livre) ne soient pas capables de faire la différence pose de
grosses (très grosses) questions sur notre société, la façon dont on perçoit des relations qui sont totalement malsaines (avec un mec qui assassine les parents pour être avec elle quand même, je veux dire ya pas trop d’ambiguïté sur le genre de personnage) et non consenties et abusives comme étant glamour, romantiques, et comme si c'était la victime qui le recherchait. Il semble que nous soyons incapable de faire la différence entre ce qui est sain et ce qui est criminel quand il s'agit d'hommes matures qui abusent de jeunes filles et ça fait un peu froid dans le dos que tout le monde prenne le parti du meurtrier violeur pédophile...
Et entre parenthèses, parler des gens qui sont contre ça de personnes qui veulent être "trop politiquement correctes" pardon mais du coup ça me retourne le bide. On jette la faute sur les gens qui essaient d'alerter sur le fait que c'est carrément dangereux, et contraire aux droits des personnes (d'enfants) d'agir comme ça (les violer), sous prétexte que ce sont des gens un peu trop coincés et tatillons sur la morale (en gros on fait ça juste parce qu'on est un peu trop cul-culs et qu'on a rien d'autre à faire dans la vie). Je suis un peu fatiguée de voir ce genre d'expressions (pudibonderie et compagnie) partout sur le net quand on parle de telles choses, ça m'épuise car j'ai vraiment l'impression de coups d'épée dans l'eau. Et après les gens viennent s'étonner quand ils entendent parler d'une nouvelle affaire de réseau de pédophilie ou de viol d'un parent sur un proche...