Désolée pour le petit laps entre les réponses, j'étais au boulot. Je voudrais revenir sur deux-trois points qui ont été abordés dans les posts précédents :
Sur le "bashage" et la comparaison avec Twilight :
Déjà les deux oeuvres ont subi des critiques médiatiques ayant à peu près la même ampleur concernant leurs aspects problématiques : principalement rendre romantique une relation abusive (avec pour Twilight deux-trois aspects représentation des natifs américains, un positionnement anti-IVG, etc.). Mais il y a des différences dans les réactions que les deux oeuvres ont suscité pour plusieurs raisons : le public visé est différent, le contenu est différent, la portée est différente, etc.
Il faut bien noter que les critiques sur le message - et la forme - sont valides : ce sont des messages nocifs pour les adolescentes dans le cas de Twilight et pour les femmes en général pour Fifty Shades, ça véhicule des informations fausses sur les relations amoureuses, le BDSM, etc.
Là où il y a un problème dans le bashage, c'est quand c'est directement lié au fait que le public visé soit féminin. Dire "c'est con parce que c'est un truc de filles, donc les filles qui lisent ça sont connes", c'est tout aussi nocif. On a été tellement poussées à lire ce genre de bouquins marketés spécifiquement pour nous que c'est normal que certaines accrochent.
Après je pense que même si on a apprécié le bouquin et qu'on l'a trouvé sexy, etc., il faut rester consciente de ses défauts évidents. Il est objectivement mal écrit - je dis pas qu'on ne doit lire que des bouquins Goncourt, mais c'est un peu triste qu'un truc de ce niveau soit devenu un tel phénomène.
Il véhicule des messages toxiques. Quand on voit le nombre de témoignages de madz qui étaient ou sont encore dans des relations abusives, on se rend compte de la ressemblance avec Christian Grey. Pas mal de pratiquants du BDSM ont pris la parole pour dire à quel point la sécurité, le consentement, la communication et la connaissance des pratiques étaient essentiels. J'abrège parce que ça a été dit.
Quand à qui porte la responsabilité... Bah déjà je ne vais pas plaindre l'auteure (-trice
). Sa fanfic avait pas mal de succès sur le Net, elle l'a publiée en s'attendant sans doute à faire du fric. Que les critiques démotivent des jeunes auteur-e-s j'ai quand même un doute. Déjà parce que lisant et écrivant moi-même de la fanfic, je peux déjà dire que la publication n'est pas le but ultime des gens qui le font.
Ensuite je pense que l'éditeur a très bien compris le système pour se faire du fric avec un minimum d'efforts, il suffit de voir le manque de relecture du bouquin.
Et puis sinon dans les responsables de la médiatisation du phénomène, ben comme toujours : l'adaptation en film, les magazines qui vantent le bouquin, les commerciaux qui en profitent pour la Saint Valentin, etc.
Evidemment, c'est pareil pour beaucoup d'oeuvres, le sexisme est quasiment partout, mais je crois qu'il faut bien se rendre compte que la critique médiatique est à la hauteur des énormités que le livre véhicule.
EDIT : Du coup pour répondre à l'argument "on va pas l'interdire" : non bien sûr, mais à partir du moment où une oeuvre est publiée, elle s'expose à la critique. Je ne nie pas du tout que la critique peut paraître démesurée mais il me semble que le phénomène médiatique est également démesuré.