J'ai placé beaucoup d'espoirs en 2014. J'avais prévu de m'en servir comme année-tremplin. Finalement presque rien ne s'est passé comme prévu et je ne suis pas arrivée aussi loin que je l'espérais en fin d'année.
J'ai plusieurs regrets et remords. J'aurais pas dû croire les craques que ma mère m'a racontées car je me suis mise dans la merde à cause de ça et j'ai entraîné mon copain. J'y ai laissé toutes mes économies et je survis grâce au soutien de ce dernier depuis août, sinon je serais à la rue.
Mais j'ai quand même avancé. C'est la première année où je n'ai pas du tout laissé mon père dépassé les bornes, où je n'ai pas souffert de la pression et des manipulations de mes parents. Bon, c'est pas gagné car je suis toujours très facilement touchée dès qu'ils me font mal, mais au moins je les tiens à distance.
Je fais la paix avec mon corps, je le trouve moins laid et ce n'est que cette année que j'ai commencé à en prendre soin (c'est tout bête mais je n'ai jamais eu les cheveux aussi longs et j'en suis fière). Je suis enfin déclarée hors du foyer fiscal de ma mère, toute ma paperasse est entre mes mains, je gère toute mon administration et je suis reconnue comme était indépendante de ma famille. Ca me fait un bien fou de détenir toutes les cartes, d'être seule maîtresse de ma vie pour la première fois et à ce niveau je me débrouille bien.
J'ai pris mon courage à deux mains et j'ai commencé une psychothérapie qui m'a beaucoup apporté. J'ai pris conscience de la portée de mes troubles psychologiques et que mon mal-être est une maladie, je suis dépressive. Je ne vois pas d'amélioration notable mais j'ai beaucoup avancé mentalement. Sur ce point je suis carrément plus loin qu'il y a un an.
La minute victorieuse : ma bataille contre l'administration de la fac a porté ses fruits, j'ai eu ma licence. Je n'ai pas fait tout ça pour rien comme je l'ai cru. C'est la première pierre d'une longue série de victoires, je l'espère.
Malheureusement 2014 a aussi été l'année de l'éloignement. Mes amis sont tous partis de ma ville, soit parce qu'ils ont eu leur diplôme, soit pour poursuivre leurs études. J'ai coupé les ponts avec mon groupe de potes après une histoire sordide, ça a été très dur de renoncer à ma vie sociale mais je ne regrette pas : ce sont des cons d'avoir mis mon copain et moi dans cette situation, je n'aurais pas supporté leurs "idées" sur la politique et la société plus longtemps et je me sens mieux seule que contrainte par une sociabilité qui ne me convenait plus. J'ai continué à apprendre à vivre sans compter sur ma famille. Ca ne m'a rien apporté, je souffre de ce manque énorme néanmoins j'ai appris une chose : je peux y survivre. Je résiste à tout, je ne m'arrête jamais, je ne recule devant rien même si j'en chie, et je continue à croire dur comme fer qu'au bout d'un moment tout ça donnera quelque chose de beau, je peux pas souffrir autant pour rien c'est pas possible, je vais forcément finir par faire un truc bien.
Sinon mon copain et moi nous éloignons
. C'est très difficile pour lui de vivre avec sa copine dépressive et d'être renvoyé à mon visage triste tous les jours malgré ses efforts. En plus son boulot le fatigue et ne se passe pas aussi bien qu'on l'avait espéré, on ne fait presque plus rien ensemble et la passion est rarement au rendez-vous.
Il y a eu quelques changements, quelques aventures, mais rien d'énorme. Je suis allée au Hellfest et ça a été mon seul break de l'année. J'ai déménagé pour un appartement plus grand, quitter mon studio a été un déchirement (j'aimais tellement mon chez-moi) mais un réel soulagement en même temps. J'y ai gagné des super voisins, plus de place et malgré les défauts de cet appart qui ne sont pas négligeables je suis contente, c'est NOTRE appart, un endroit pour nous abriter tous les deux.
La meilleure chose de cette année est l'arrivée de mon petit chat. J'en suis complètement dingue, mon copain aussi. Elle a l'air de s'épanouir avec nous. Je ne devrais pas y penser, mais je ne peux pas m'empêcher d'imaginer le moment où mon copain et moi ne vivrons plus ensemble et que je devrai la laisser avec lui, ça risque fortement d'arriver en 2015... Donc je vais comme si je n'y pensais jamais et je profite de mon mini félin.
Il y a quand même quelques ébauches d'un futur positif qui se sont dessinées cette année. J'écris tous les jours, je le travaille sans relâche et c'est cool et j'espère en faire quelque chose un jour. J'ai repris le dessin, les activités manuelles, j'ai créé plein de choses pour la première fois depuis que j'ai quitté le lycée, c'est génial, ça m'avait tellement manqué. Comme je commence à, au pire, me trouver quelconque, au mieux, me dire que j'ai du potentiel pour être jolie j'apprends à faire des trucs pour mon corps, à en prendre soin, à le mettre en valeur. Je ne le maltraite plus comme avant, malgré quelques petits TCAs de passage je ne me suis jamais aussi bien portée. Grâce à mon travail sur moi-même, au temps passé à écrire et à ma résolution de me consacrer quotidiennement à mes idées de création j'y vois enfin plus clair ce que j'espère de la vie. Je sais dans quelle direction je veux aller, je sais ce qui n'est décidément pas pour moi, ce qui m'attire le plus. J'ai trouvé un plan d'attaque pour 2015 à hauteur de mes moyens et tellement simple que je vais forcément m'y tenir. Je ne sais pas encore ce que je veux faire de ma vie mais ça y est, je suis absolument certaine de comment je veux la mener.
Je voulais que 2014 soit l'année-tremplin, l'année où je me recentre sur moi-même pour découvrir qui je suis. Je dirais que j'ai à moitié réussi ma mission. Je n'ai jamais eu d'aussi gros problèmes d'argent, ma situation n'a jamais été aussi précaire, et je n'ai pas encore "rebondi". Mais ça va passer, ça me préoccupe mais ne m'angoisse pas car c'est du temporaire, je mets tout en oeuvre pour y mettre fin au plus vite. Quelque part je suis un peu fière : je n'ai peut-être pas grand-chose, mais tout ce que j'ai c'est uniquement grâce à moi, on ne m'offre rien, on ne m'aide pas, je construis et me bats toute seule. A côté de ça je n'ai jamais su autant de choses sur moi, je sais quelle est mon identité, quel genre de personne je suis. Je me connais pour la première fois de ma vie. Je n'ai jamais été aussi libre, aussi fidèle à la fille que je veux être. Malgré ma dépression qui me ralentit j'ai plus d'une corde à mon arc et souhaite mettre tout ça à profit.
Je n'attends rien de précis de 2015, je n'espère ni chance, ni cadeau, ni rien. Je veux juste y arriver. Je veux agir, abattre mes ennemis, surmonter mes obstacles. Enfin si, il y a un truc que j'aimerais, c'est retrouver des compagnons de routes car le quotidien sans amis c'est vraiment quelque chose de chiant...