theodelinde;4184787 a dit :
Je suis d'accord que les relations non protégées sont un problème! Mais ce n'a rien à voir avec l'homosexualité.
Si on ouvre le don aux homos, ils auront toujours les mêmes questions sur les mst/ist et contraintes que les hétéros en terme de relations non protégées, de changement de partenaire dans les 3 mois, etc... C'est suffisant pour tout le monde! ça ne veut pas dire qu'il n'y aura plus aucun critère de sécurité!
Ou alors si c'est vraiment la sodomie le problème, il faudrait interdire le don à tous les hétéros qui la pratiquent alors!
Si, ça a à voir avec l'homosexualité (les HSH plutôt d'ailleurs) car tu oublies une chose: la prévalence. Si un groupe est 20 fois plus porteur du VIH (comme semblent l'être les HSH) qu'un autre groupe (les hétéros), ça joue sur la sécurité.
Il n'est pas vraiment question de sodomie en fait: le problème du VIH chez les HSH ce n'est pas la sodomie mais plutôt les comportement à risques, liés au multipartenariat plus présent, qui décuple les risques.
Je suis contre cette interdiction de TOUS les HSH au don du sang, mais je suis contre aussi le fait d'avoir les mêmes conditions pour les HSH, car le risque est beaucoup plus élévé dans ce cas là. Je rejoins d'ailleurs ainsi l'avis du président d'Act Up qu'avait cité une madz il y a un an sur ce fil: "on est pour des mesures discriminatoires, mais selectionnées sur la pratique, par sur la personnalité".
Pour les chiffres, voici un bon article de
VIH.org, que je cite ici en partie:
"Alors que les associations homosexuelles dénoncent cette interdiction comme une discrimination, les chercheurs ont essayé d'estimer l'impact des donneurs HSH sur le risque résiduel de transmission du VIH par transfusion en France. Il apparaît que ce risque résiduel attribué aux HSH, dans la situation actuelle, serait entre 45 fois et 125 fois plus élevé que chez les non HSH.
L'interdiction étant basée sur une déclaration du donneur, certains HSH donnent tout de même; Vécue comme une discrimination, cette interdiction entraîne une détournement de la mesure. Pourtant, une absence totale de mesure concernant les HSH représente une augmentation estimée de 500% du risque de transmission1.
Une modification envisageable de la mesure actuelle est de la remplacer par une mesure consistant à n'exclure que les HSH multipartenaires sur les douze derniers mois avant le don. En effet, les diverses études sur le sujet semblent montrer que le risque supplémentaire lié à la réduction de la durée d'exclusion est faible.
Dans cette estimation, si on prend pour chiffre l'incidence du VIH chez les HSH (soir 1%), le risque résiduel est de 1/650000, soit une augmentation de 273% du risque (une multiplication par trois). En revanche si on estime l'incidence des HSH donneurs à 0,08%, le risque résiduel diminue de 20%. L'intervalle est large, mais les chercheurs pensent qu'une telle modification serait une alternative acceptable à l'exclusion systématique.
Avec beaucoup de «si» néanmoins : Cette modification n'assurerait un niveau de sécurité optimal si et seulement si elle est comprise et respectée par les HSH. Une campagne d'information et de responsabilisation des donneurs sera donc nécessaire. De plus, une ouverture du don du sang, même sous condition, devra entrainer une responsabilisation et une auto-exclusion des HSH se sachant à risques."
500% d'augmentation du risque de transmission. 500%!
Pour le coup je me range totalement du côté de la recommandation d'ouvrir le droit du sang, mais en augmentant la période de multipartenariat des HSH à 10 mois au lieu de 4.
Vouloir l'égalité complète alors qu'on est dans une situation inégale niveau chiffres (je rappelle d'ailleurs, selon les stats de l'INVS de 2012, que "les HSH constituent le seul groupe de population qui voit le nombre de découvertes de séropositivité augmenter entre 2003 et 2011 (+30%), même si en 2011, leur nombre est équivalent à celui de 2010"), n'est vraiment pas légitime pour ce coup là.
Cette interdiction totale est absurde, on est bien d'accord, c'est de la discrimination.
Cependant si il y a avait autant d'efforts pour lutter contre le VIH dans la communauté gay que d'indignation pour cette loi discriminatoire, je préférerais. Pire, les débats sur l'ouverture du don du sang sont parfois, à ce que j'ai lu, l'occasion de minimiser complètement les chiffres du VIH chez les gays.
Le VIH est un gros problème chez les gays, sauf que quand même, j'ai l'impression que la majorité s'en fout. Il n'y a qu'à voir le nombre de vues et de commentaires sur les articles concernant le VIH sur Yagg ou Têtu...
En gros les chiffres sont tous différents mais il y aurait au minimum 2% de séropositif chez les gays, contre 0,2 chez les hétéros... Le maximum? On dit 5%... voire plus... les HSH sont le seul groupe en France où les contaminations augmentent...
Mais c'est tellement plus simple de mettre la tête dans le sable: c'est plus facile, je pense, de combattre un ennemi bien défini, l'homophobie, que de combattre le VIH dans sa propre communauté qui n'en a un peu rien à foutre pour pour la plupart (il me semble qu'il faut combattre les deux avec acharnement).
En effet, étant inscrite sur Yagg et y ayant passé pas mal de temps y'a 2-3 ans, j'ai découvert un monde parallèle hallucinant, dans les commentaires, concernant le discours d'un certain nombre de gays sur le VIH (je ne prétends bien sûr pas que ça concerne tous les gays).
- Une sous-estimation chronique du nombre de séropositifs chez les gays: vla qu'on donne les chiffres pour les hétéros (alors qu'ils sont 10 fois plus nombreux que les homos, faudrait pas à donner la prévalence pour casser son argumentation), qu'on nie des chiffres sérieux: non non non y'a aucun problème, si vous dites qu'il y en a vous discriminez!
Hein?
Du coup on se retrouve avec des gens qui critiquent des campagnes de prévention destinés aux jeunes homos car "ça va amener de la stigmatisation". C'est vrai ça, ne faisons plus aucune campagne de prévention ciblée, alors que les HSH sont le seul groupe à connaître une augmentation constante de la prévalence du VIH, quelle bonne idée!
En gros, les chiffres elevés font le jeu des homophobes: c'est sûr que mettre la tête dans le sable et ne rien faire, quand on se retrouvera par exemple avec un taux de prévalence à 50% dans 20-30 ans, si on ne fait rien et que la situation reste comme elle est, comme l'estiment des chercheurs en ce qui concerne la communauté gay londonnienne, qui a des chiffres hallucinants d'augmentation des contaminations ces dernières années, ça va vachement pas faire le jeu des homophobes! (faut que je retrouve cet article sur les gays londoniens et le VIH, c'était très marquant!)
- "C'est juste une maladie chronique, c'est pas grave" (rigolo de dire ça quand après on dénonce juste avant l'importante sérophobie dont sont victimes les séropositifs, cohérence bonjour!). J'ai vu ce genre de comms plusieurs fois... la preuve que y'a des cons partout , chez les homos comme chez les hétéros (une petite pensée pour les séropositifs grecs, qui à ce que j'ai lu, se retrouvent depuis la crise avec un traitement déremboursé par leur sécu, plus de 1000 euros par mois à payer... mais bon, c'est "qu'une maladie chronique on vous dit les gens"!)
- La mise en avant de la politique de réductions des risques, ce qui est bien en soi pour les gens ne peuvent vraiment vraiment pas utilisé le préservatif (parce que bon tu comprends, c'est moins bien le sexe avec), mais c'est un discours dont j'ai l'impression, et il me semble qu'Act Up le souligne aussi, qui tend à se substituer au préservatif, alors que cette politique devrait seulement l'accompagner et le préservatif rester le moyen n°1 de protection. En gros il est maintenant presque sûr que si un séropositif prend un traitement (trithérapie par exemple), ça ne contamine pas son partenaire. Il faut bien sûr encourager ça, mais n'axer la lutte contre le VIH que sur le dépistage massif (pour mettre sous traitement) en laissant complètement le préservatif de côté comme le prône certains... euh, mouais.
J'ajouterais que "réduction des risques" est un concept un peu flou, qui peut alimenter selon comment il est entendu la sérophobie: pour avoir lu des gens qui pensent que réduction des risques = ne pas coucher avec un type qui "n'a pas l'air clean", ça fait juste peur! (clean voulant dire ne ressemblant pas à Tom Hanks dans Philadelphie, ou alors parfois même je l'ai vu associé... à la propreté! En gros un type sale est catalogué potentiellement séropositif alors qu'un mec propre, c'est ok, on peut coucher sans se protéger, car s'il est propre comme ça ça veut dire qu'il est séronégatif!).
Des madzs plus haut critiquaient le fait que le chiffre de 17-18% avancé ne concernait que les backrooms et saunas, je critique aussi ce chiffre (quoique il serait bien aussi de ne pas que s'indigner sur la méthode mais aussi sur ces chiffres hallucinants...), seulement bon, le multipartenariat c'est pas que les backrooms, y'a aussi les rencontres "dans la vraie vie" et par internet par exemple: et à ce que j'ai compris de par mes discussions avec des amis un peu plus calés que moi sur le sujet, un certain nombre de gays, que j'espère minoritaires, mais bon la hausse des contaminations ne me donne pas forcément raison, associent l'idée des backrooms à de la saleté et au fait que ce ne soit pas safe/clean... mais par opposition pas les rencontres sur le net... alors que dans le cas où y'a pas de préservatif, les risques doivent être les mêmes... (peut-être moins de prévalence mais moins de risques? Mais risques quand même) sauf qu'il y a une illusion de "safe" de "clean" car ce genre de rencontre est moins attachée au stigmate du VIH/de la saleté que les backrooms
- Dans le même genre, le traitement développé en ce moment qui en gros, est le fait, pour un séronégatif, de prendre une pilule pleine de molécules agressives 1-2h avant un rapport sexuel (car bien sûr tous le monde planifie tous ses rapports...), qui aurait 40% d'efficacité pour ne pas choper le VIH lors du dit rapport (ça approche les 100% pour le préservatif s'il est bien mis/utilisé...). Ok ok, là encore l'idée peut être bonne pour toucher des populations vraiment vraiment allergiques moralement au préservatif (40% c'est pas beaucoup mais c'est déjà ça), cependant l'engouement autour de ces recherches (il me semble qu'on peut déjà acheter ce genre de pilules aux USA), est, pareil, pas glop du tout quand on tend à les substituer au recours au préservatif, discours en filigrane chez certains. Ce qui devrait être des méthodes exceptionnelles sont un peu trop mis en avant à mon goût par rapport aux méthodes traditionnelles.
- J'y ai découvert la culture
bareback, qui il me semble, est surtout liée à la communauté gay, moins aux hétéros...
Bref: l'idée n'est pas de dire que cette interdiction est légitime, elle est discriminatoire, on est d'accord là dessus
Seulement il faut garder en tête que les chiffres ne sont pas les mêmes et ne pas faire d'angélisme...
Ensuite, je n'aime pas qu'on hiérarchise les combats (notamment dans le féminisme, je pense par exemple au "mademoiselle"), mais pour le coup, quand je vois les chiffres du VIH dans la communauté gay, déjà très hauts et qui augmentent dans un j'men foutisme général, je n'arrive pas à ne pas hiérarchiser malgré moi: j'aimerais l'ouverture au don du sang (avec les 10 mois) ET une prise de conscience du VIH et son recul dans la communauté gay...