Bonjour, j'arrive un peu tard, mais bon.
Je voudrais replacer le contexte de l'interview avant de commenter. L'interview s'est faite sur une grosse collecte qui a lieu à la Mairie de Toulouse (plus de 3000 poches en 3/4 jours), jour où le Collectif HOMODONNEUR ainsi que d'autres (Act-up, Tous Receveurs Tous Donneurs) organisaient une manifestation pour l'ouverture du don du sang aux homosexuels masculins (je fais partie des organisateurs).
L'évènement avait lieu le Samedi 21 Janvier, et le Jeudi 26 Janvier, le Dr Calot a été suspendu de ses fonctions à l'EFS, ceci suite à ses propos. Le Dr Calot s'est d'ailleurs excusé le mardi ou le mercredi de ses propos, reconnaissant avoir dit des conneries. Il est médecin sur le don du sang, et ne connait pas grand chose aux LGBT, on cherche à remédier à son ignorance.
Je voudrais rappeler qu'avant 1983, les homosexuels masculins donnaient leur sang sans problème, et ce même avant 1974, quand l'homosexualité était considérée en France comme une maladie mentale, et qu'elle était pénalement répréhensible. En 1983, on découvre le SIDA, qu'on l'appelait "le cancer des homosexuels", on avait aucun test, donc on a éjecté du don du sang, en vrac, les homos, les haïtiens, les hémophiles, les héroïnomanes, les transfusés. Aujourd'hui, les hémophiles et les transfusés sont également toujours exclus à vie. A partir de 1986, toutes les poches sont testées individuellement (test ELISA), et depuis 2001 il y a également le test du DGV (Dépistage Génomique Viral).
Voilà pour le contexte.
Si l'EFS juge que les homosexuels sont plus à risque, ce n'est pas directement parce qu'ils seraient plus contaminés, ou qu'ils auraient des comportements plus volages. Le problème vient du partenaire, qui n'est pas interviewé par le médecin. En effet, le problème vient de ce qu'on appelle la fenêtre sérologique. Dans les 15 jours suivant une contamination par le HIV, celui-ci n'est pas forcément détecté par les tests. On peut savoir lors de l'entretien si le donneur n'a pas changé de partenaire, mais on ne sait pas si son partenaire le trompe ou non. Et c'est ça la crainte de l'EFS, c'est que le partenaire du donneur le trompe, et le contamine avec le HIV. C'est là que les stats indiquant que les homos sont plus contaminés que les autres entrent en jeu. Si votre partenaire (homme) a des relations non-protégées avec d'autres hommes, il peut vous contaminer sans que vous le sachiez, et donc vous pouvez contaminer quelqu'un via un don. Ce qui est valide si vous êtes une femme et que votre homme va se taper un mec de temps en temps, on est d'accord (et c'est à ça que le Dr Calot faisait référence à un moment de l'interview).
D'après les études de l'INVS (études théoriques), aujourd'hui on a 1 chance sur 2 440 000 qu'une poche contaminée par le SIDA ne soit pas détectée. En réintégrant les homosexuels masculins, on passe à 1 chance sur 760 000, donc on passe d'une contamination théorique par an à 2 ou 3. L'Italie (depuis 2001), l'Espagne (2005) et le Portugal (2007)prélèvent les homosexuels masculins aux mêmes conditions que les hétéros, et il n'y a pas de contamination (modèle théorique vs réalité, bonjour).
Petits détails sur les commentaires :
Un homme qui aura eu une relation homosexuelle il y a 20 ans est exclu du don, et ce même si il est hétéro depuis (et avant).
Les lesbiennes sont parfois exclues, à tort, et doivent contacter l'EFS pour qu'ils rappellent aux médecins que le règlement a changé (elles étaient exclues avant). Pour les trans, c'est plus compliqué, ils/elles peuvent donner à condition de n'avoir jamais été un homme ayant eu une relation sexuelle avec un homme
Toutes les poches sont testées individuellement, et l'EFS garde un tube congelé pendant 5 ans, au cas où.
Le don du sang n'est un droit, mais un acte volontaire, donc d'après la HALDE (décision de 2006), strictement parlant, il n'y a pas de discrimination.