Je bosse dans une librairie alors j'ai eu l'occasion de feuilleter le livre.
Le titre m'a évidemment fait sauter au plafond. Et le dessin de la couverture en a rajouté une petite couche.
Quand j'ai vu que c'était Sophie-Marie Larrouy qui était impliquée là-dedans, j'ai été très étonnée. Et d'ailleurs, je me demandais si vous alliez en parler ou non.
J'ai donc pu lire un peu le contenu, qui n'est heureusement pas aussi lourd que la couverture, et heureusement, même si on y trouve quand même pas mal de clichés agaçants (la pizza devant le match par exemple)
Mais, pour en revenir au titre, franchement, ce titre,...
Je comprends pas qu'aujourd'hui, alors que les débats sur le sexisme, l'égalité homme-femme, etc, sont très présents, on sorte des produits avec des titres aussi foireux.
Sous prétexte que c'est dit avec humour, ça doit passer. "Oh allez, ça vaaa, on rigoooole". Ça me fait penser au texte/sketch d'Elie Semoun dans "Clique" au sujet de Dieudonné, quand il critique les gens qui disent "Les arabes c'est tous des terroristes.... nan mais j'rigooole !"
Bah c'est la même chose, bien que peut-être à une échelle différente.
Je sais bien qu'entre nous, en privé, on fait tous ce genre de blague de merde, mais en faire une accroche de bouquin, si ce n'est un bouquin entier, un truc public, vu de tous, ça m'agace.
Je sais qu'il y a bien plus révoltant que ce livre qui n'est, j'imagine bien, pas publié avec cet état d'esprit (enfin je l'espère), mais tout de même. C'est avec ce genre de truc que des idées toutes faites rentrent dans la tête des gens.
Il y a deux choses qui m'énervent :
- un : qu'on prenne comme point de départ, que d'office, les nanas n'y connaissent rien en foot
- deux : qu'on leur explique en leur parlant comme à des débiles.
Est-ce qu'on imagine un bouquin sur la danse classique (que j'imagine peut-être plus pratiquée par les filles que par les mecs), titrant : "Ça c'est le tutu. Il faut le mettre autour de son corps, pas sur la tête, d'accord ?"
J'ose me poser la question de comment ce livre aurait été reçu si SML n'y avait pas participé. Si le personnage n'était pas connu de vous et de certaines d'entre nous. Je me demande.
Et puis, même si j'aime bien l'esprit des magasines de SoPress, les gars de SoFoot sont quand même assez lourds en ce qui concerne les nanas. Y'a qu'à voir la couv de leur dernier numéro (une brésilienne en maillot) ou leurs publications sur Facebook : des trucs du genre, "n'oubliez pas de dire à votre copine que ce soir, il y a match". Et forcément y'a plein de commentaires de nanas qui disent "mais nous aussi on y va au match", et les mecs répondent "ah bon ?!", comme si c'était exceptionnel, rarissime et juste impossible.
Bref, chez SoFoot ils sont assez lourds à ce sujet. Donc finalement, ça ne m'étonne pas de voir un gars de chez eux participer à ce projet...
Mais ça me déçoit. Surtout que SoFoot montre un aspect du foot et une vision de voir ce sport assez différente de FranceFootball ou autre. Alors, il devraient en profiter pour montrer que dans cette autre vision du foot, on peut prendre en compte sans que ce soit complètement fifou le fait que des nanas s’intéressent à ce sport et s'y connaissent.
Et puis, c'est pas un bouquin écrit par des partisans de Christine Boutin, mais par des jeunes, un peu branchés, un peu dans le coup, qui connaissent bien les médias, les réseaux sociaux, qui vivent dans leur temps, j'imagine, et qui ont écho de tous les témoignages de sexisme au quotidien. Alors, je comprends pas vraiment qu'ils puissent pondre un truc pareil, sans que ça les choque.
En résumé, le livre en lui-même n'est pas transcendant. Même s'il fait sourire, certains clichés qu'il cite "en rigolant" me gonflent vite. Et sincèrement, pour ce choix de titre, et de couverture complètement condescendant, j'ai vraiment envie de l'oublier rapidement.
Après, j'imagine que mon avis sur l'ouvrage en lui-même est biaisé par ce premier gros agacement que j'ai ressenti en voyant ce titre. Peut-être que le livre est plus cool que je ne le vois, et que je ne le dis.
Mais il n'empêche que je persiste : sous couvert de "on est drôle, c'est de l'humour", les auteurs rabâchent des clichés que j'aimerais voir disparaitre.