Le harcèlement de rue, de la peur à la colère... puis à l’espoir

[Mannick]

Oui mais ... j'ai l'impression (et je me trompe peut-être, je ne suis pas du tout objective) que renvoyer la responsabilité de ces comportements sur un système (et je suis d'accord sur le fait que le système est fait pour les alimenter), ça ne fait que déresponsabiliser les hommes qui en usent. Au delà de l'appartenance à un groupe, ils peuvent aussi réfléchir en tant qu'individus à la portée de leurs actes. Dire que c'est le système qui est responsable ça revient à dire "Oui mais les autres le font alors pourquoi pas moi". Leur responsabilité se noie dans celle du groupe. Et c'est trop facile.

Ah mais ça c'est certain ! Mais c'est pour ça qu'il faut en discuter aussi ! Parce que dire que tout le monde a la possibilité de réfléchir par soi-même, bon, c'est facile à dire, mais on n'est pas tous dans des contextes qui favorisent cette réflexion.
Comme je le disais dans mon message, une norme est tellement incorporée que c'est très difficile de la questionner, parfois. Quand tu penses au temps qu'il a fallu pour qu'on décide que les Indiens d'Amérique étaient des hommes, ou que les femmes pouvaient travailler ou voter, enfin y'a un paquet d'exemples, je conçois que des gens qui évoluent depuis toujours dans un milieu dans lequel on ne questionne pas le pourquoi du comment et les conséquences de ce qu'on fait ne perçoivent pas cette "portée de leurs actes". Ça vaut d'ailleurs pour les hommes comme pour les femmes (je pense à la "campagne" I Don't Need Feminism par exemple) ...
Donc pour que les gens réfléchissent à leur condition (merde, ça sonne marxiste ) et aux conséquences de ce qu'ils font aux autres, il faut parfois les y amener, ce qu'a fait @Clemence Bodoc va dans ce sens, et c'est pour ça que c'est cool selon moi.

(pis des fois c'est juste des trous du cul et faut leur broyer les noisettes )

 

[Capillotractée]

Je capte même plus quand un mec que je ne connais pas me drague normalement ou m'envoie des signes (ou alors ils ne le font pas, tout est possible)

 

[Mannick]

Je reviens juste dire que malgré tout ce qui est écrit ci-dessus, j'ai fichu une grosse mandale à un type ce week-end. La pédagogie c'est bien mais le "je t'encule" parce que t'as pas fait mine d'être intéressée par une troupe de mecs à 3h du matin, ça m'a pas plu !
Bref, faites ce que je dis, pas ce que je fais, ou alors faites ce que vous voulez ^^

 

[zi-frappadingue]

en ce moment, avec le soleil, mon quartier devien invivable. les crétins sont de sortie, ils squattent au soleil et enmerdent toutes les nanas qui passent. il y a de ça 6 jours un énième mec me hèle, commente mon physique, et là... il me siffle. ça a été la goute d'eau. j'ai pensé à cet article et j'ai fait demi tour pour lui expliquer ma façon de penser. je lui ai dit non. je lui ai dit de ne pas faire ça. j'ai essayé de lui expliquer que ça n'avait rien d'un compliment que ce n'était pas agréable ni normal et qu'il ne faut pas faire ça. peine perdue. je me suis heurté à un mur de "c'était un compliment" et de "jsuis pas méchant. et depuis TOUT LES JOURS quand je passe à cet endroit le mec est là. avec tout ses potes. et ils s'y mettent tous dans les cris, commentaires et autres sifflements. aujourd'hui le mec a réussi son coup. il n'a même plus besoin d'être présent. je suis repérée et tout les gamins du quartier se sont donnés le mots. alors que je rentré des courses, un mec qui devait avoir à peu pres 15ans m'a sifflé. je me suis arrêté pour lui demandais pourquoi il se conduit comme ça, il a fuit mon regard, rougi, refusé de me répondre, marmoné des "wesh vas-y c'est bon c'est ça c'est ça" jusqu'à ce que je m'éloigne, et là lui et ses copains en ont remis une bonne dose.
je suis complétement démunie face à l'empleur du truc et ne sais plus quoi faire. j'envisage d'appeler la police pour qu'ils viennent leur expliquer les lois en vigueur etc. mais j'ai peur de me faire rire au nez où que le problème augmente...
si vous avez un conseil à me donner je suis preneuse car là je n'en peu plus....

 

[zi-frappadingue]

mon mari commence à s'énnerver et envisage d'aller casser des bouches :/
je ne connais pas grand monde dans le quartier donc je ne sais pas s'ils en enmerde d'autres mais ça ne m'étonnerai pas
j'ai encore essayer ce matin d'en discuter avec eux, d'essayer de leur faire comprendre que ça me gène et que ce n'est pas normal, et qu'ils ne devraient pas entrainer des ados dans leurs conneries. mais bon je ne penses pas qu'ils comprennent. ils ne sont pas méchants, pas agressifs ni rien juste stupides et persuadés d'être dans leur bon droit. :/

merci d'avoir pris le temps de me répondre en tout cas

 

[Noémitigée]

@zi-frappadingue Et en plus ça doit follement les amuser, puisqu'ils savent que ça te met mal à l'aise. J'imagine que t'as déjà tenté l'indifférence ? Ou le regard méprisant ? J'ai pas de solutions non plus, à part un coup de pression de la part de gros bonhommes baraqués (J'imagine qu'y a que ça qu'ils comprennent à ce niveau). Ou alors tenter de copiner avec un des harceleurs, histoire qu'il te considère comme une fille "réglo"/une pote ? Je sais pas. Ca me dépasse.

 

[zi-frappadingue]

j'ai tenté de les ignorer, deleur jeter des regards méprisants, de leur parler... un peu tout. ceci dit je ne les ai pas croisés depuis deux jours, donc je crois les doigts ils ont peut-être changer de coin où trainer.

 

[3]

J'ai probablement beaucoup de chance quand je sors, ou alors est -ce parce que je n'habite pas Paris, et que je ne prends pas le métro (ça n'existe pas qu'à Paris mais la majorité des temoignages viennent de là donc pardon pour celles qui sont harcelées ailleurs), mais je n'ai jamais été agressée verbalement ou physiquement dans la rue. Parfois un " bonjour vous êtes charmante", ni agressif ni insistant, du coup ou je snobe ou je reponds merci en fonction de mon humeur.
Mais je suis admirative des femmes qui affrontent ce problème quotidiennement. Il faut franchement des nerfs solides pour encaisser tout ce que j'ai pu lire sur des blogs, forums et bouquins. Au bout d'un moment on en vient à se demander s'il vaut mieux rééduquer les gars au coup par coup (ça risque de prendre un moment), leur claquer la gueule, ou leur rendre la pareille.
Bravo pour cet instant de bravoure, de nuit et seule! Je ne sais même pas ce que j'aurai fait, en tout cas pas ça, ça demande calme et reflexion.
Je suis bien contente de vivre à la campagne où les vaches sont les seules à te meugler dessus.

 

[VanessaV]

Je suis choquée de lire autant de témoignages négatifs. Bon courage à vous les filles.
Ce que je ne comprend pas, c'est que ça ne m'arrive pas souvent ce genre de choses. Après je ne sors jamais "la nuit" seule. Je n'ai pas à faire face à ce genre de harcèlements.
Même si ce n'est pas du tout un motif, je tiens à préciser que je ne suis pas moche. Je me fais très (trop) souvent klaxonner, c'est lourd j'avoue. Je me suis déjà fait aborder, mais toujours par des hommes polis et qui n'insistent pas...
Pourtant j'habite un quartier "chaud". C'est pas Paris/Marseille non plus, c'est très calme à côté, mais c'est un endroit avec 80% de logements sociaux et les problèmes de quartiers quoi. Je me suis déjà fait insulter pour d'autres raisons, il y a parfois des agressions etc, mais heureusement je n'ai jamais entendu parler de ce genre d'harcèlement ici.

Quand on m'aborde et que ça me plait pas, je ne le dis pas directement. Par exemple la dernière fois un homme m'a arrêté, il m'a demandé mon prénom j'ai répondu et il s'est présenté à son tour. Il m'a demandé si c'était possible qu'on se revoit, j'ai répondu que j'étais prise et il a été compréhensible. C'est malheureux de devoir s'inventer un petit ami pour être sûr que le mec ne pas pas insister, mais voilà, je ne me suis pas sentie en danger.

Peut-être parceque j'ai une attitude timide et plutpot renfermé, je ne semble pas ouverte ? Je ne sais pas, mais j'espere que ça va continuer dans cette voie pour moi car certains témoignages sont inquiétants !

 

[mammuthus]

Pour ma part, j'ai déjà tenté l'approche "pédagogique", et ce fut un échec total. Non seulement le mec m'a suivi jusque chez mon (3:00 du mat, vers Jules joffrin, y'a rien d'ouvert) mais en plus toutes les tentatives pour lui faire comprendre que ça me faisait peur/on ne faisait pas ça si le but était de prendre en considération la personne en face avec son vécu propre (qui fait qu'elle a peur quand quelqu'un l'aborde dans la rue la nuit) afin de montrer qu'on est quelqu'un de bien et que peut être "si t'as envie et qu'on se recroise ça pourrait être cool d'apprendre à se connaitre". Face à cela, je me rends compte que l'un des plus gros souci de la société actuelle, c'est son manque d'empathie doublé d'une bonne dose d'égoïsme. Que m'importe que la fille en face ai peur, puisque moi je veux l'obtenir (c'est ici le terme).
Après j'imagine qu'on pourrait en parler dans d'autre situation que le moment où on se pisse dessus. Genre, évoquer le sujet avec les amis et la famille est effectivement une bonne idée (je ne sais plus qui en a parlé). Je dis pas qu'on doit le faire hein, je suis totalement d'accord avec le fait que c'est aberrant de devoir expliquer ce genre de chose, mais malheureusement j'en suis un peu réduite à cela.

 

[Melyssa]

Perso j'ai vraiment pas la patience pour instruire ce genre d'individus.
Les rares fois où j'ai essayé d'être pédagogue et d'expliquer pourquoi j'ai aucune envie de me faire aborder dans la rue on m'a répondu des trucs du genre "T'abuses, ils sont pas tous méchants", "Tu devrais te sentir flattée", "Vu tes sapes et ton maquillage c'est toi qui cherches", "Ouin ouin on peut même plus draguer", etc, etc.
Du coup maintenant je me contente de les ignorer. Quand je suis d'humeur, je les regarde de haut en bas avec le regard le plus méprisant du monde puis je continue ma route comme si de rien n'était.
Voir la frustration de se sentir ignorés, invisibles, sur leurs faces de pauvres petits harceleurs me fait le plus grand bien

 

[SoChanie]

J'aime bien cet article. Déjà, c'est vrai que parler avec les gens, ça change un peu la donne (même si forcément, c'est pas la réaction la plus spontanée). Mais surtout, je trouve que ça met en avant quelque chose d'important dans la drague : le contexte.
Car souvent, on oppose "Ne jamais draguer dans la rue" à "Nan, mais si on peut plus draguer nul part". Alors qu'en soit (selon comment c'est fait, forcément), se faire aborder dans la rue, c'est pas forcément un problème. Mais se faire aborder la nuit alors que tu marches toute seule, c'est plutôt normal de flipper.
En tous cas, je pense qu'il faut nuancer les choses, et penser à ce que l'éventuel interlocutrice(-teur, sait-on jamais) peut penser.