Le harcèlement scolaire VS les réactions nulles des adultes

[BastetAmidala]

C'est un peu ce que je voulais dire, je me suis mal exprimée. On en ressort plus fort À TERME. Pas pendant les années qui suivent, effectivement. Mais quand on remonte la pente, on est beaucoup plus fort qu'avant, & probablement, qu'on ne l'aurait jamais été si on n'avait pas connu ça. On gagne également en confiance en soi, car quand on n'en a plus du tout, j'ai envie de dire, la toile redevient vierge & on peut tout reconstruire en dur !

De mon côté, j'en ai tout de même gardé un manque de confiance en moi, alors que j'ai maintenant 30 ans. Je pense que pour certains, celà laisse des marques à vie.

Par contre, à terme, j'ai gagné une indifférence totale au regard des autres sur ce que je porte (que ce soit des vêtements ou des accessoires/costumes que certains trouvent ridicules) et aux éventuelles remarques que je pourrai recevoir. Je laisse couler et je n'ai pas peur de me fait plaisir (sauf au boulot, ou je reste tout de même dans le cadre des conventions pour ne pas avoir de problèmes... tout en me lâchant sur les sous-vêtements ).
Quelques exemple ? Je me suis déjà promenée dans un parc avec des oreilles de Tigrou sur la tête ; je n'ai aucun problème à rentrer de soirée en costume de pirate, en cosplay étudiante japonaise, ou en tenue de Serdaigle...

 

[Membre supprimé 146616]

Parce que moi j'ai, avec le recul, le sentiment de l'avoir mérité parfois.

Perso, je crois qu'aucun-e enfant ne nait désagréable. Je pense qu'il y a des enfants qui développent une carapace à la suite d'un événement ou d'une suite d'événements (harcèlement scolaire, fratrie toxique, climat incestuel...) et que les carapaces, c'est pas attirant. Moi-même, j'ai déjà tenu des propos déplorables et fait du slut-shaming. Avec le recul, je le regrette sincèrement mais si je pouvais voyager dans le temps et parler avec la moi du collège, je crois que j'essaierais de la guider et de lui expliquer ce qui ne va pas plutôt que de lui reprocher d'avoir attiré le harcèlement.

 

[Erinda]

La lecture de l'article et des commentaires m'a donné envie de pleurer...
J'aimerais bien réussir à passer à autre chose, mais c'est plus fort que moi, j'ai une grosse boule dans la gorge dès que ça parle de harcèlement scolaire. Pourtant ça fait 10 ans...
J'ai jamais retrouvé la moindre confiance en moi (qui n'était déjà pas bien haute à cause d'un contexte familial particulier, j'ai une peur de l'abandon horrible), j'entends encore raisonner les horribles surnoms qu'on me donnait quand je me vois dans le miroir.

Spoiler

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

Le "pire", c'est que je suis devenue amie avec certains de mes harceleurs/euses. On en a jamais reparlé, et je me demande parfois s'ils s'en souviennent et s'ils imaginent l'impact que ça a sur moi aujourd'hui encore.
Mais comme j'ai pas envie de leur faire de peine, j'en parle pas.

Je lis beaucoup de témoignages (pas forcément ici) d'anciens harcelés qui se réjouissent de l'échec scolaire/universitaire de leurs anciens bourreaux... J'aimerais bien avoir ça, mais non, ils s'en sortent tous bien, et c'est moi celle qui ne sait pas ce qu'elle va faire de sa vie :|

Par contre la plupart des adultes ont bien géré. Sauf les pions, ça les gênait pas trop de me voir être caillassée, bousculée sous leurs yeux, courir après ma trousse/mes chaussures/mon sac, ou pleurer après une énième remarque.
Mais les enseignants et mes parents (quand ils ont su) ont géré. J'avais une prof horrible, pas bonne enseignante, qui me terrifiait, bah c'est elle qui a tout réglé quand elle a su ^^ (comme quoi !)
elle a pris mes harceleurs à part un par un, après des cours pour pas que le reste de la classe y soit mêlé, et leur a calmement demandé pourquoi ils faisaient ça, et s'ils réalisaient ce que ça pouvait me faire, jusqu'où ça pouvait aller (je le sais parce que j'ai accidentellement entendu un de ces entretien, elle faisait attention de parler à voix basse mais je me suis retrouvée derrière la porte ... Et une fois que j'ai compris de quoi elle parlait, je suis partie.) . On parlait pas encore des gamins suicidés après un harcèlement scolaire à l'époque, mais je crois qu'ils ont eu peur que j'en arrive là. Et ils ont arrêté du jour au lendemain.

Une fois ou deux ils ont réessayé mais le groupe suivait pas, et j'allais mieux de manière générale...

Par la suite, au lycée, j'ai fermé les yeux sur d'autres harcèlements par contre, parce que j'avais peur. J'ai pas participé, mais j'ai pas empêché mes copines de le faire. Je regrette très sincèrement... J'avais trop peur d'être de nouveau le bouc émissaire.

Aujourd'hui mon petit frère est au collège, mais il est beaucoup plus sûr de lui et bien dans ses baskets que moi à l'époque, je me fais pas trop de soucis pour lui ^^ et si ça lui arrivait...
Je lui dirais d'en parler à un prof de confiance...
Mais pour le coup, j'aurais plus peur que ça soit le harceleur en fait :| je devrais lui en parler...

 

[Sev1978]

C'est une impression ou c'est la tradition le harcèlement scolaire ???
j'ai morflé pendant des années "paske ouai t'es pas normale".... bah oui 1m90 c'est pas facile à porter pour une nana qui préférerai se coller dans un trou de souris !
Quand enfin tu passes à autre chose et tu t'assumes dans ton intégralité...PAAAAAF t'as une "mini" toi qui traverse les mêmes épreuves.
J'ai tenté de la laisser se débrouiller comme une grande qu'elle est, mais elle est tellement tellement teeeeellement plus douce que moi que ça l'a rongé au point que l'équipe des enseignants s'en est rendu compte, a voulu intervenir et bien sur à foutu le bordel !!! Ça a viré aux violences physiques...
Ni une ni deux maman poule toute furax a attendu les responsables à la sortie ! Je sais je sais.... faut pas faire c'est pas bien et tout et tout... Mais quand personne n'est foutu de faire régner l'ordre bah des fois faut intervenir. J'ai pas crié... pas fait de sandale aux parents.... rien juste regardé les gnomes de toute ma hauteur avec le regard noir " je vous préviens, je ne reviendrai pas une deuxième fois...". Et bah bizarrement tout c'est arrête le jour même !
Ok c'est sans doute pas la chose à faire mais touche à ma fille et tu vas avoir à faire à moi !!!

 

[Alouwan]

La lecture de l'article et des commentaires m'a donné envie de pleurer...
J'aimerais bien réussir à passer à autre chose, mais c'est plus fort que moi, j'ai une grosse boule dans la gorge dès que ça parle de harcèlement scolaire. Pourtant ça fait 10 ans...
J'ai jamais retrouvé la moindre confiance en moi (qui n'était déjà pas bien haute à cause d'un contexte familial particulier, j'ai une peur de l'abandon horrible), j'entends encore raisonner les horribles surnoms qu'on me donnait quand je me vois dans le miroir.

Le "pire", c'est que je suis devenue amie avec certains de mes harceleurs/euses. On en a jamais reparlé, et je me demande parfois s'ils s'en souviennent et s'ils imaginent l'impact que ça a sur moi aujourd'hui encore.
Mais comme j'ai pas envie de leur faire de peine, j'en parle pas.

Je lis beaucoup de témoignages (pas forcément ici) d'anciens harcelés qui se réjouissent de l'échec scolaire/universitaire de leurs anciens bourreaux... J'aimerais bien avoir ça, mais non, ils s'en sortent tous bien, et c'est moi celle qui ne sait pas ce qu'elle va faire de sa vie :|

J'ai pas grand chose à dire, mais ton témoignage m'a touché. Déjà le courage pour être amie avec ses anciens harceleurs ! Peut-être que leur en parer un jour, ça pourrait t'aider ? Des fois, moins de non-dits...
Personnellement, même si je dois dire que je suis plutôt contente de voir qu'ils ne s'en sortent pas super bien, je ne souhaiterais jamais à quelqu'un l'échec scolaire/universitaire. Ce qui ne fait pas de celui qui se cherche plus longtemps un idiot ou un rebut !
Si je puis donner un vague conseil, chercher ce qu'il y a de positif dans sa vie, ce dont on est fier/heureux, ça peut aider. Et s'entourer de gens qui te font sentir que tu vaux quelque chose, que tu comptes à leurs yeux ou du moins, avec qui tu te sens vraiment bien
Je ne te connais pas, c'est sans doute idiot ce que je raconte, mais l'intention est là. Coeur sur toi

 

[Mary McFly]

@Sev1978 j'aurais apprécié que quelqu'un fasse ça pour moi au collège et en primaire. Ma tare ? Avoir un an de moins que tout le monde. Les surnoms ont foisonné pendant quasiment dix ans et les étiquettes restaient bien imprimées. C'est vrai que ça crée un mal-être monumental (dans mon cas, j'ai fini par agir à l'opposé et par devenir insupportable avec les profs juste pour qu'on me laisse tranquille), et parfois renier ce qui te différencie ça t'empêche d'évoluer (une fois arrivée au lycée je me taisais par peur d'avoir donné un argument inutile, ou par peur qu'on se moque de moi, vu que j'en souffrais depuis un bail).

Ce qui me sidère dans le harcèlement, et j'en parle pour l'avoir subi, c'est que l'élève qui subit doit presque affronter ça tout seul (avant d'en parler ou de laisser agir un adulte, ou lorsque les adultes ne font rien) ! Alors certes, les remarques d'enfants sont PARFOIS mineures et vaines, mais certaines laissent des traces à vie, des marques dont on a honte et qu'il est difficile d'aimer/d'assumer.
J'ai été la "bizu" à cause de trois critères indépendants de ma volonté, d'où mon incompréhension encore aujourd'hui au sujet de mes profs immobiles et inactifs face à ce que d'autres comme moi ont pu subir. Les origines, le faciès et l'âge sont trois aspects de ma personne que j'ai toujours du mal à assumer. Même adulte, avec de nouveaux amis, j'en ris, mais j'en ris jaune, car ce qu'ils appellent "2nd degré" (et pour eux ça ne va pas plus loin, ce n'est pas volontairement méchant), pour moi ce n'est qu'un souvenir d'une période beaucoup trop longue que j'aurais préféré oublier.

 

[_Lou_]

@Mary McFly Je pense aussi que tu devrais leur dire, pas forcément en leur expliquant précisément pourquoi mais au moins en disant quelque chose du style "ça me rappelle de très mauvais souvenirs, c'est assez douloureux et c'est quelque chose dont je n'arrive pas encore à rire, alors ça me soulagerait si vous pouviez éviter de me viser, même si je sais que ça n'est pas fait méchamment". Si ça te fait toujours du mal, c'est mieux pour toi si tu n'as pas à être confrontée à ça
Ou s'il y a un•e ami•e dont tu es plus proche dans ce groupe, tu pourrais en parler juste à ellui si tu veux pas le faire avec tout le groupe ? Lui dire (dans les grandes lignes ou en détail) pourquoi ça te blesse, ça pourrait t'apporter un soutien pour mieux le supporter ou pour convaincre les autres de te laisser respirer sur ce point

Spoiler: vécu perso

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

 

[Mary McFly]

Merci les filles, ça fait du bien de lire ce genre de messages, des gros coeurs sur vous

 

[Erinda]

@Alouwan Merci pour ton gentil message
Un jour peut être j'en parlerais, surtout à l'un d'entre eux.
Mais j'ai peur de lui faire du mal. En lui disant cash "écoute j'ai jamais oublié ce que tu m'as fait subir, j'en souffre encore aujourd'hui, et c'est en partie de ta faute". Et je ne sais pas ce que ça pourrait m'apporter.
Des excuses que je n'ai jamais eu peut être ? ... peut être que ça m'aiderait à avancer ...

Spoiler: perso

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

Heureusement j'ai aussi mon amoureux, qui me fait me sentir bien. Quelque soit mon poids, quelque soit mes fringues, ma tête au réveil le matin, en rentrant des cours le soir, mes résultats universitaires, mes finances, mes passions ...
C'est pas toujours facile, parce que même si on m'aime, et on me le montre, je n'arrive toujours pas à m'aimer moi, à être ma meilleure amie. J'essaye de trouver du positif chez moi, des choses dont je suis fière, c'est un combat de tous les instants (surtout si ça se passe mal à la fac, ou si je me dispute avec mon copain).

Après je pense que ça dépasse le cadre du harcèlement que j'ai subi. Déjà de base, je pense franchement avoir été harcelée parce que je me suis montrée "fragile" par rapport aux autres, qui eux même n'étaient pas au top de la confiance en elleux à l'époque (du coup on se défoule sur Erinda qui dit rien et pleure facilement). Et cette fragilité de base est toujours là. Ok le harcèlement a brisé le peu de confiance en moi que j'avais, mais si je me sens toujours aussi mal malgré l'amour que je reçoit au quotidien par mes proches, malgré les années.. C'est pas que à cause de cette période. Même si ça me fait très mal au coeur d'y repenser, et que ça a conditionné une grande partie de mes complexes d'adultes.

En fait avant j'avais peur qu'on ne m'aime pas et qu'on m'abandonne tout court, depuis le harcèlement j'ai peur qu'on ne m'aime pas et qu'on m'abandonne parce qu'on me trouve grosse et bête

 

[El Condor]

Bon, je met un spoiler car mon anecdote est vraiment longue.
Aujourd'hui, je suis de l'autre côté (je travaille avec des enfants dans des écoles primaires), et j'ai été présente alors qu'un enfant se faisait harceler (et je savais que ce n'était pas la première fois).
Donc voilà ma réaction (et si vous avez des conseils je suis preneuse)

Spoiler

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

 

[_Lou_]

@El Condor Je trouve que c'est une bonne réaction !
Merci d'avoir agi

 

[Patriarcaca]

Ce strip est sublime et tellement vrai. C'est exactement ce que nous rapportent nos patients (je suis psychopraticienne spécialisée dans la gestion du harcèlement scolaire). Que l'intervention des adultes règlent très rarement les choses (dans le cas de nos patients jamais, sinon ils seraient pas là), parce que les problèmes entre enfants se règlent entre enfant et que les adultes pleins de bonnes intentions ne savent pas faire, parce qu'on oublie les règles de la cour de récré en vieillissant. Dire aux enfants de se défendre, c'est la meilleure chose à faire, mais il faut leur apprendre à le faire, parce qu'ils sont trop pétrifiés pour commencer à bouger d'eux mêmes. Il faut les aider à construire LA réponse qui fera taire les cons, et qui leur fera même se dire "lui je vais pas l'attaquer parce qu'en fait c'est risqué". Il faut l'entraîner, encore et encore, jusqu'à ce qu'il sache sortir sa flèche d'un coup sans bafouiller, et le préparer aux réponses possibles de ses agresseurs. Mais pour pouvoir faire ça, il faut que l'enfant accepte l'aide de l'adulte, et pour ça, il faut être bon, parce que les enfants au collège, ils font pas confiance à l'adulte, parce qu'ils savent que leur intervention ne marche jamais. Si vous êtes profs et que vous voyez un gamin harcelé et que vous voulez qu'il vous en parle, il faut lui jurer que quoi qu'il vous dise, vous ne ferez rien s'il n'est pas d'accord. Et s'y tenir, sinon il vous fera plus jamais confiance. C'est le seul moyen qu'on a trouvé pour des gamins acceptent de s'ouvrir à leurs profs.

Bref. C'est un métier à part entière, il y a pas de formule magique, mais comme on forme pas les professionnels de l'enfance de toute façon, c'est pas demain la veille qu'il y aura des vraies solutions dans les écoles.