Avant tout, je tiens à m'excuser si mon message reprend des éléments déjà dits, je n'ai pas eu le courage de parcourir les 14 pages de commentaires pour vérifier. (Mais une partie quand même.)
Je n'ai encore jamais posté sur le forum de Madmoizelle parce que je suis effrayée de la vitesse à laquelle les sujets se remplissent ^^ D'ailleurs, c'est pour cette raison que je n'avais pas répondu à celui sur le snobisme littéraire, qui m'avait tout autant interpellée que celui-ci. Je vous demanderai simplement de ne pas me lyncher sans avoir tout lu (désolée, c'est long), parce que mon message ne va pas que dans un sens.
Je vais essayer de faire quelque chose de structuré. Je ne reviendrai cependant pas sur l'argument du "commercial" qui a déjà été explicité : pour faire court, à mes yeux la musique commerciale n'est pas celle dont l'artiste parvient à vivre, ce qui est très bien, mais qui est calibrée pour rapporter de l'argent.
Tout d'abord, j'ai l'impression que mon désaccord partiel avec cet article vient en partie d'une différence fondamentale qui n'a pas été explicitée : celle entre les goûts, ceux qui relèvent des sens, et l'appréciation sinon objective, du moins construite et potentiellement argumentée.
Donnons un exemple concret : j'aime écouter Knockin on Heaven's door. Alors pourquoi ne l'avoué-je jamais ? Tout simplement parce que le plaisir que j'éprouve à l'écouter ne provient en rien de mon jugement personnel. Oui, les sons sont agréables et doux ; ce doit être pour cela qu'on retrouve les trois mêmes accords dans des centaines d'autres chansons. La composition a dû prendre cinq minutes en tout, l'orchestration deux. Je veux bien qu'on compte les paroles pour quelque chose, mais pour ma part, j'aimerais qu'il y ait plus de poètes que d'auteurs-compositeurs-interprètes, car il est bien rare que quelqu'un réunisse les trois talents.
Je suis convaincue que le plus important est d'avoir conscience de cette différence. On peut aimer le goût du McDo sans croire que c'est de la gastronomie.
Passons au snobisme en lui-même. Je tiens à le préciser : il n'est jamais justifiable d'être gratuitement désobligeant ou méprisant. Autant (je sens que je vais me faire lyncher) je suis pour le droit à juger les autres (personne ne peut s'en empêcher de toute façon), autant je suis contre deux choses : 1, considérer que ce jugement est souverain et 2, le faire savoir, voire subir, d'une manière non constructive. Si vous voulez vraiment un débat sur le droit à juger, ce n'est peut-être pas le topic pour ça, mais je serais ravie d'en discuter par MP ou sur un autre topic.
La musique est une forme de culture, qui a ses codes, sa théorie, ses références, etc. Il est normal que quelqu'un qui ait une culture plus étendue (connaissance des oeuvres mais aussi de l'histoire, du solfège ou de la technique instrumentale ou vocale) soit plus à même de juger différentes oeuvres. Pour reprendre la comparaison avec la gastronomie : comment voulez-vous savoir si le cuisinier a cuit correctement votre steak (désolée pour les végés) si vous n'en avez mangé qu'un dans votre vie ? Et si c'est à McDo, par exemple, il serait intéressant de savoir si vous aimez ce steak parce qu'il provient d'une viande de qualité ou si c'est parce qu'on vous l'a bourré de substances propres à titiller vos papilles et votre cerveau aux bons endroits pour que vous ayez envie d'y revenir.
Il m'arrive de considérer que ce qu'écoute un de mes amis est nul. Sans intérêt. Né du matraquage commercial ou tout simplement d'un manque de talent et d'imagination. Mais s'il peut m'expliquer pourquoi il écoute ça (même si c'est "je sais que c'est nul mais ça me fait danser/pleurer/rire), alors tout est possible ; il suffit simplement qu'il ne se laisse pas embarquer sans réfléchir. Notez que ça marche aussi avec la musique de qualité : ce n'est pas tout de l'aimer, encore faut-il savoir pourquoi.
Pour prouver ma bonne foi, et exprimer en revanche mon immense accord avec le paragraphe sur les forums de métalleux, je précise que l'argumentation est tout aussi (ni plus, ni moins) nécessaire pour celui qui juge ! Quoi de plus désagréable que de s'entendre dire "C'est nul" par quelqu'un qui n'a tout simplement pas accroché à la première écoute ?
Enfin, sur les "plaisirs coupables", je n'ai qu'une chose à dire : si vous vous sentez coupable d'écouter quelque chose, demandez-vous pourquoi vous l'écoutez, et une fois que vous aurez trouvé, arrêtez de culpabiliser ! C'est le signe que vos sens et votre raison ne sont pas d'accord, mais savoir ça est tout ce qui importe. D'ailleurs, ça ne marche pas qu'avec la musique non socialement acceptée : un ami à moi me disait qu'il aimait écouter du Satie, mais qu'il n'avait pourtant pas une grande estime pour lui en tant que compositeur. (Je ne suis pas d'accord, mais ce n'est pas le sujet. ^^)
Je plussoie la conclusion : "je n'aime pas", et je dirais même plus : "je n'aime pas, car..." reste la meilleure réponse. S'il y a, à mes yeux, de la mauvaise musique (que tous ceux qui refusent l'expression jurent qu'ils n'ont jamais parlé de mauvais film ou de mauvaise cuisine), il n'existe pas de bonne musique universelle, il n'y a que de la musique de qualité, qui peut parfaitement et légitimement déplaire
Voilà, j'espère n'avoir choqué ni endormi personne, ni fait trop de redites par rapport aux commentaires précédents. Sur ces douces (non ._.) paroles, bonne nuit
Je n'ai encore jamais posté sur le forum de Madmoizelle parce que je suis effrayée de la vitesse à laquelle les sujets se remplissent ^^ D'ailleurs, c'est pour cette raison que je n'avais pas répondu à celui sur le snobisme littéraire, qui m'avait tout autant interpellée que celui-ci. Je vous demanderai simplement de ne pas me lyncher sans avoir tout lu (désolée, c'est long), parce que mon message ne va pas que dans un sens.
Je vais essayer de faire quelque chose de structuré. Je ne reviendrai cependant pas sur l'argument du "commercial" qui a déjà été explicité : pour faire court, à mes yeux la musique commerciale n'est pas celle dont l'artiste parvient à vivre, ce qui est très bien, mais qui est calibrée pour rapporter de l'argent.
Tout d'abord, j'ai l'impression que mon désaccord partiel avec cet article vient en partie d'une différence fondamentale qui n'a pas été explicitée : celle entre les goûts, ceux qui relèvent des sens, et l'appréciation sinon objective, du moins construite et potentiellement argumentée.
Donnons un exemple concret : j'aime écouter Knockin on Heaven's door. Alors pourquoi ne l'avoué-je jamais ? Tout simplement parce que le plaisir que j'éprouve à l'écouter ne provient en rien de mon jugement personnel. Oui, les sons sont agréables et doux ; ce doit être pour cela qu'on retrouve les trois mêmes accords dans des centaines d'autres chansons. La composition a dû prendre cinq minutes en tout, l'orchestration deux. Je veux bien qu'on compte les paroles pour quelque chose, mais pour ma part, j'aimerais qu'il y ait plus de poètes que d'auteurs-compositeurs-interprètes, car il est bien rare que quelqu'un réunisse les trois talents.
Je suis convaincue que le plus important est d'avoir conscience de cette différence. On peut aimer le goût du McDo sans croire que c'est de la gastronomie.
Passons au snobisme en lui-même. Je tiens à le préciser : il n'est jamais justifiable d'être gratuitement désobligeant ou méprisant. Autant (je sens que je vais me faire lyncher) je suis pour le droit à juger les autres (personne ne peut s'en empêcher de toute façon), autant je suis contre deux choses : 1, considérer que ce jugement est souverain et 2, le faire savoir, voire subir, d'une manière non constructive. Si vous voulez vraiment un débat sur le droit à juger, ce n'est peut-être pas le topic pour ça, mais je serais ravie d'en discuter par MP ou sur un autre topic.
La musique est une forme de culture, qui a ses codes, sa théorie, ses références, etc. Il est normal que quelqu'un qui ait une culture plus étendue (connaissance des oeuvres mais aussi de l'histoire, du solfège ou de la technique instrumentale ou vocale) soit plus à même de juger différentes oeuvres. Pour reprendre la comparaison avec la gastronomie : comment voulez-vous savoir si le cuisinier a cuit correctement votre steak (désolée pour les végés) si vous n'en avez mangé qu'un dans votre vie ? Et si c'est à McDo, par exemple, il serait intéressant de savoir si vous aimez ce steak parce qu'il provient d'une viande de qualité ou si c'est parce qu'on vous l'a bourré de substances propres à titiller vos papilles et votre cerveau aux bons endroits pour que vous ayez envie d'y revenir.
Il m'arrive de considérer que ce qu'écoute un de mes amis est nul. Sans intérêt. Né du matraquage commercial ou tout simplement d'un manque de talent et d'imagination. Mais s'il peut m'expliquer pourquoi il écoute ça (même si c'est "je sais que c'est nul mais ça me fait danser/pleurer/rire), alors tout est possible ; il suffit simplement qu'il ne se laisse pas embarquer sans réfléchir. Notez que ça marche aussi avec la musique de qualité : ce n'est pas tout de l'aimer, encore faut-il savoir pourquoi.
Pour prouver ma bonne foi, et exprimer en revanche mon immense accord avec le paragraphe sur les forums de métalleux, je précise que l'argumentation est tout aussi (ni plus, ni moins) nécessaire pour celui qui juge ! Quoi de plus désagréable que de s'entendre dire "C'est nul" par quelqu'un qui n'a tout simplement pas accroché à la première écoute ?
Enfin, sur les "plaisirs coupables", je n'ai qu'une chose à dire : si vous vous sentez coupable d'écouter quelque chose, demandez-vous pourquoi vous l'écoutez, et une fois que vous aurez trouvé, arrêtez de culpabiliser ! C'est le signe que vos sens et votre raison ne sont pas d'accord, mais savoir ça est tout ce qui importe. D'ailleurs, ça ne marche pas qu'avec la musique non socialement acceptée : un ami à moi me disait qu'il aimait écouter du Satie, mais qu'il n'avait pourtant pas une grande estime pour lui en tant que compositeur. (Je ne suis pas d'accord, mais ce n'est pas le sujet. ^^)
Je plussoie la conclusion : "je n'aime pas", et je dirais même plus : "je n'aime pas, car..." reste la meilleure réponse. S'il y a, à mes yeux, de la mauvaise musique (que tous ceux qui refusent l'expression jurent qu'ils n'ont jamais parlé de mauvais film ou de mauvaise cuisine), il n'existe pas de bonne musique universelle, il n'y a que de la musique de qualité, qui peut parfaitement et légitimement déplaire
Voilà, j'espère n'avoir choqué ni endormi personne, ni fait trop de redites par rapport aux commentaires précédents. Sur ces douces (non ._.) paroles, bonne nuit