Je ne comprends pas pourquoi on a toujours peur du victim-blaming quand une initiative comme ça est lancée!
Je reprends toujours l'exemple de Dubaï mais honnêtement, pour moi c'est un excellent exemple. A Dubaï (aux Emirats arabes unis), on peut monter dans un wagon réservé aux femmes dans le métro ou prendre des taxis roses conduits par des femmes et réservés aux femmes. Cela ne veut ABSOLUMENT PAS DIRE qu'on est OBLIGEE de monter dans ce wagon ou de prendre ces taxis.
Personnellement, j'ai toujours trouvé les hommes du métro et les chauffeurs de taxi hommes de Dubaï très courtois et respectueux. Pourtant, on parle d'un pays pas forcément 100% pro droit des femmes sur le papier mais ça n'empêche pas qu'une femme peut parfaitement se mêler aux hommes sans qu'on lui reproche quoi que ce soit! Je ne vois pas pourquoi soudain en France on se mettrait à obliger les femmes à prendre le métro pour femmes... Et puis du coup, c'est plutôt contre le victim-blaming des filles qui monte dans un taxi rose qu'il faudra lutter (à mon avis c'est plus facile que contre le sexisme dans son ensemble) que contre les taxis roses!
Dans un monde sexiste, certaines femmes ne se sentent pas à l'aise seule avec un homme, surtout en grande promiscuité ou la nuit, parce qu'elles ont eu de mauvaises expériences ou que des femmes autour d'elles ont eu de mauvaises expériences, et je crois qu'elles ont parfaitement le droit de privilégier leur tranquilité d'esprit en choisissant un mode de transport non-mixte.
Beaucoup de femmes ont peur de prendre le métro ou le taxi seules, à certains endroits ou à certaines heures, parce que si, quand même, on a un peu peur des hommes quand on sait qu'on risque d'entendre des commentaires ambigus, des regards sur nos fesses voire des attouchements furtifs, et elles s'empêchent bien souvent de se déplacer seule voire de se déplacer tout court parce qu'elles n'ont vraiment pas le courage de subir ça. Certaines femmes l'ont ou ça atteint moins certaines femmes, et il y a certaines femmes que ça entrave vraiment dans leur indépendance alors moi je trouve ça bien.
A une époque, je vivais dans un endroit où il y avait beaucoup de harcèlement de rue, il n'y avait pas d'agression ou quoi mais ça devenait si pesant de juste entendre des klaxons, des "hey! hey!", "pssst" ou de sentir des yeux dégueulasses sur mes jambes que parfois je renonçais à aller même au supermarché parce que j'avais juste pas envie de sentir les regards sur moi, et je changeais de trottoir quand il y avait des hommes seuls ou avec d'autres hommes qui arrivaient en face de moi parce que peut-être qu'ils allaient me mater ou essayer de me parler, ce n'était pas de la peur vu qu'ils n'allaient pas m'agresser mais juste une vraie fatigue mentale.
Et je crois qu'on peut aussi le ressentir avec les chauffeurs Uber (qui sont loin d'être tous très délicats) ou les chauffeurs de taxi (récemment un chauffeur de taxi m'a expliqué toute la course que ses clientes proposent souvent de payer en nature et du coup je lui disait "roh mais qu'est-ce qu'elles croient ces dames, il faut bien que vous payiez vos factures!" et je lui ai demandé de me raconter des anecdotes non-stop (du genre "ah oui, elles sont de tous les milieux sociaux?" "et il y a des hommes aussi qui proposent ça?") juste pour être sûre qu'il ne penserait pas que je prenais ça pour une proposition, j'avais pas peur et je trouve ça limite pittoresque mais pas sûre que tout le monde le vivrait pareil).
Au finale, cette crainte de la non-mixité qui revient toujours sous prétexte que ce serait une régression pour les femmes, ça me rappelle un peu le débat sur les femmes qui veulent pas voir des docteurs hommes (genre soi-disant c'est horrible et tout cette tendance de certaines femmes qui refusent les soignants hommes, si ça se trouve elles vont voir un médecin femme moins bien par crainte des hommes, ou renoncer aux soins à la campagne si ya que des hommes etc.).
Quand j'habitais dans ce même pays à harcèlement de rue, les cliniques me proposaient systématiquement la présence d'une infirmière quand j'avais rendez-vous avec un médecin homme, histoire que je sois pas une femme seule avec un homme seul dans une salle fermée dans une situation d'intimité, et parfois le médecin choisissait même de faire venir l'infirmière sans me demander. C'était pas pour prévenir les risques d'accusation à l'encontre du médecin mais bien pour que la patiente se sente rassurée.
Je n'ai aucun complexe avec les médecins hommes, mais je trouvais ça vraiment très bien. Même quand ils m'imposaient l'infirmière, j'appréciais parce que ça me donnait l'impression que le personnel médical se préoccupait de mon confort moral, voulait que je vive bien cette expérience médicale, et ça changeait du paternalisme médical à la française à base de "roh la la mais fais pas ta chochotte, le Monsieur regarde dans ta culotte sans te demander, il a le droit, c'est un Docteur".
Je trouve que le choix de la non-mixité pour les femmes ce n'est pas faire le jeu du sexisme mais justement écouter la parole des femmes qui disent "peut-être que #NotAllMen mais moi je ne me sens pas à l'aise" et leur donner du crédit