L’émission « Quotidien » rend-elle la haine digeste pour les gens cool ?

17 Septembre 2018
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@Pelleas C'est justement parce que je ne crois pas (du tout) à la neutralité journalistique que je juge nécessaire de définir un mode de fonctionnement qui exclut au maximum toute possibilité pour le journaliste ou l'animateur d'altérer l'interview par ses propres biais et ses propres opinions. Comme je l'explique précédemment, il faut réduire sa marge de manœuvre et que son attitude au cours de l'interview soit presque entièrement prédéfinie Je donne deux exemples:

  1. Le journaliste ou l'animateur ne s'autorise pas à déterminer quelle opinion de son interlocuteur est légale ou non ni si elle est légitime à être exprimée ou non. Si l'animateur ou le journaliste essaye de faire respecter cette limite, le résultat sera simplement de disqualifier toute opinion trop éloignée de la sienne. La limite à faire respecter doit être le cadre du débat pour éviter le hors-sujet.
  2. Le journaliste ou l'animateur doit adopter, par défaut, l'opinion opposée de l'intervenant. Si l'intervenant est de droite, le journaliste ou l'animateur doit défendre une opinion de gauche, et inversement. En définissant la position du journaliste comme étant la position opposée à celle de l'intervenant, on ne lui laisse aucune liberté de contredire ou non l'intervenant quand il le souhaite (c'est à dire quand l'intervenant développe une opinion à laquelle il n'adhère pas).

Edit: Les différentes facettes du métier de journaliste (histoire que l'on soit raccord sur la définition du bousin)

C'est totalement normal que tu ne crois pas en la neutralité journalistique ... vu que c'est un concept qui n'a pas de réel fondement. Au mieux il y a un code de déontologie journalistique signé par différents syndicats, mais ce n'est pas un engagement stricte. Il n'hexite d'ailleurs aucune sanction si on y déroge. La neutralité journalistique est juste un concept, contrairement à par exemple le secret médical ou le serment d'Hippocrate. Et le champ du journalisme est tellement vaste qu'il est impossible de définir un mode de fonctionnement. On n'attendra clairement pas la même chose d'une dépêche de l'AFP et d'un billet humoristique actu. Et pourtant les deux seront réalisés par des journalistes disposant d'un carte de presse. Mais il serait stérile de vouloir les régir par les même règles.

Et vouloir imposer la neutralité au journalisme vient en opposition avec un autre concept bien plus important : la liberté d'expression. Les chaines )surtout privées) étant libre de leur antenne, c'est elles qui choisissent qui inviter, quoi diffuser, et quoi couper au montage. Quotidiens n'est clairement une émission sérieuse. C'est une émission de divertissement basée sur l'actualité. Du coup je ne comprend pas comprend cette volonté de vouloir imposer une neutralité journalistique à une émission de divertissement. D'ailleurs plus que nous vivons à une époque ou si l'avis d'un invité nous intéresse réellement, nous n'avons pas à attendre une émission de télé car nous pouvons directement aller l'entendre sur les réseau sociaux, voir directement lui poser des questions. Ou alors il faut se tourner vers des formats type "carte blanche".

Apres bien évidement dans le le cadre des interviews lors des campagnes électoral il a un devoir de neutralité, du temps de parole chronométré, etc. Mais en dehors de cela les journalistes ont le droit à la même liberté d'expression que tout le monde. C'est à dire être libre de leur propos tant qu'ils ne transigent pas aux lois en vigueurs. Donc interdiction d'incitation à la haine, harcèlement, discrimination, etc.

Bref. Personnellement je pense que le fond du problème vient du fait que le public a un niveau d'éducation aux médias proche d'une pantoufle, et mélange du coup beaucoup de choses. La presse (au sens large) doit rester libre, c'est un des pilier de la démocratie. Mais les citoyens ont aussi une liberté. Celles de s'informer la ou ils veulent. Et honnêtement de France inter, à Français de souche, en passant par le JT de TF1 ou l'Huma, ce n'est clairement pas la variété qui manque.

Mais le principe même du journalisme est de ne pas prendre partie.

Ca c'est juste une grosse croyance populaire. Principalement du au fait que la majorité des gens ont une image complètement erroné de ce qu'est un journaliste. Comme je le disais plus haut la neutralité et la liberté de la presse ne peuvent que très difficilement exister de concert.
 
Dernière édition :
10 Février 2011
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Paris
@Toffee Sauf que Yann Barthès n'est pas juge. Il n'a pas à donner une qualification juridique à des propos et à affirmer que des propos sont illégaux ou non. Encore une fois, quelle est sa légitimité pour décider qu'une opinion s'inscrit dans un cadre légal ou non?

@Taraom Mais le problème justement est de savoir ce qu'est une parole qui "déborde". Qui détermine la limite et, surtout, qui peut objectivement et avec certitude déterminer quand cette limite est franchie ou non? Dans le cadre de la Justice, on a "accepté" l'idée que:
  • la liberté d'expression est délimitée par un cadre légal (diffamation, incitation à la haine raciale (Loi Pleven), négationnisme (Loi Gayssot), injure publique par exemple); et
  • le juge a toute légitimité pour appliquer la loi, l'interpréter quand c'est nécessaire, et déterminer si l'opinion d'une personne sort ou non du cadre légal.
Mais dans le cas présent, Elisabeth Roudinesco n'est pas devant un tribunal et Yann Barthès n'est pas juge. Par conséquent, on peut avoir des doutes sur sa capacité à déterminer où est la limite et à déterminer quand cette limite est franchie ou non. S'il décide de le faire malgré tout, il y a de grandes chances en réalité que la limite soit sa limite et qu'il décide de considérer que toute opinion qui n'est pas la sienne est illégale et tombe sous le coup de la loi. Dans le doute, je préfère que le journaliste ou l'animateur ne prenne aucun risque et donc se contente d'empêcher l'intervenant de sortir du sujet de l'échange. Si limite il doit y avoir, alors la seule solution viable est que cette limite soit le hors-sujet.

En revanche, je suis totalement d'accord sur l'utilité du contradictoire. Je trouve ça très bien que l'animateur ou le journaliste (lorsqu'il est le seul interlocuteur de l'intervenant) adopte par défaut, et quelle que soit son opinion, la position du contradicteur pour obliger l'intervenant à affiner sa pensée et à la préciser. On augmente alors la probabilité que la qualité de l'interview ne soit pas trop polluée par la subjectivité de l'animateur ou du journaliste puisque la position qu'il défend est forcément contraire à la position adoptée par l'intervenant. Là-dessus, je partage l'opinion de @Hedeltrude. La position du contradicteur permet d'éviter que l'intervenant puisse dérouler sa pensée sans obstacle sans l'empêcher pour autant d'exprimer son opinion.

@Pelleas C'est justement parce que je ne crois pas (du tout) à la neutralité journalistique que je juge nécessaire de définir un mode de fonctionnement qui exclut au maximum toute possibilité pour le journaliste ou l'animateur d'altérer l'interview par ses propres biais et ses propres opinions. Comme je l'explique précédemment, il faut réduire sa marge de manœuvre et que son attitude au cours de l'interview soit presque entièrement prédéfinie Je donne deux exemples:

  1. Le journaliste ou l'animateur ne s'autorise pas à déterminer quelle opinion de son interlocuteur est légale ou non ni si elle est légitime à être exprimée ou non. Si l'animateur ou le journaliste essaye de faire respecter cette limite, le résultat sera simplement de disqualifier toute opinion trop éloignée de la sienne. La limite à faire respecter doit être le cadre du débat pour éviter le hors-sujet.
  2. Le journaliste ou l'animateur doit adopter, par défaut, l'opinion opposée de l'intervenant. Si l'intervenant est de droite, le journaliste ou l'animateur doit défendre une opinion de gauche, et inversement. En définissant la position du journaliste comme étant la position opposée à celle de l'intervenant, on ne lui laisse aucune liberté de contredire ou non l'intervenant quand il le souhaite (c'est à dire quand l'intervenant développe une opinion à laquelle il n'adhère pas).

En revanche les propos transphobes sont punis par la loi.
Le CSA a aussi pour vocation de sanctionner ce genre de propos si je ne m'abuse.

Et au final, plus que de neutralité journalistique, nous avons besoin de bons journalistes et d'intervenants pertinents, ce qui n'est malheureusement pas le cas ici.
 
16 Octobre 2017
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J'ai vu cette séquence hier soir puisque nous regardions Quotidien, et je ne suis pas tout à fait d'accord avec le "silence complaisant" dont parle l'article.
Les propos de cette dame auraient, sans aucun doute, mérités des réactions plus virulentes des journalistes présents sur le plateau.
Cependant, quand elle affirme au début qu'il y a "trop de personnes trans", on voit les visages outrés des journalistes comme Julien Bellver ou Lillia Hassaine. Yann Barthes lui répond qu'il n'y en a sans doute pas plus mais qu'ils ont moins peur d'en parler.
Plus tard, quand elle évoque les enfants et qu'ils ne faudrait pas les laisser faire, Barthes évoque la petite Lilie qui était venu sur le plateau et s'interroge sur le fait de ne pas laisser faire alors que ces enfants sont malheureux.
J'étais bien plus mal à l'aise pendant l'interview de PPDA par contre, si on veut parler de silence complaisant.
 
1 Août 2015
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On touche pour moi à la limite des compétences de Yann Bartes, qui fait du bon divertissement mais qui est un très mauvais "interviewer". Et il l'a déja montré devant PPDA. Ça se voyait qu'il n'était pas d'accord, mais il n'a pas réussi à apporter la contradiction. Une interview, ça se prépare, on lis la thèse de l'intervenant avant, et on le confronte avec des faits préparés à l'avance ! Ou alors, on n'invite pas de personnages aux propos "polémiques".

Il ne s'agit pas vraiment de donner son opinion en tant que journaliste, mais d'aller jusqu'au bout des choses. Je pense qu'un "vrai" journaliste, style jean-jacques bourdin (que je ne porte pas vraiment dans mon coeur...) aurait répliqué un truc du genre :

" Une épidémie ? Vous pensez que c'est le mot approprié ? Vous considérez les trans comme des malades mentaux ?"
ou
"Qu'est ce qui vous gène avec le fait qu'il y ait beaucoup de trans ? Pensez-vous que ces personnes posent problème ? ".
ou
"Que répondez vous aux personnes qui souffrent de disphorie de genre ? Ne pensez vous pas que votre pensée discrimine ces personnes ? "

Ici, le journaliste ne donne pas "son opinion". Il force à l'interlocutrice de clarifier sa position et de la mettre face aux conséquences de ses propos. Je suis sûre que même un journaliste transphobe serait capable de mieux faire l'exercice que Y.Bartes.
 
12 Juin 2018
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Si des gens ont vu l'émission en entier, pour qu'elle raison cette dame était elle invitée ? Elle venait pour parler de transidentité à la base ?

Parce que j'ai lu quelques passages de son bouquin qui est... Vraiment rempli d'inepties, peut être que la base du boulot de journaliste a ce moment là c'est d'inviter des gens qui connaissent leur sujet, c'est prouvable assez facilement qu'elle n'a aucune compétence à s'exprimer sur le sujet.

@FraiseDeGrouchy Je ne comprend pas où tu veux en venir. Si un journaliste n'a pas la compétence pour cadrer légalement un débat, ça veut dire que potentiellement tout peut être dit et qu'un jugement a posteriori pourrait seul trancher de l'acceptabilité ou non d'un propos ? C'est quand même super bizarre, par que des règlements au jugé des personnes chargées de les faire appliquer y'en à partout. Ce serait très compliqué, le vivre ensemble, si il fallait s'en remettre à un juge pour contrôler les prises de parole publique.

A un moment, parler d'un groupe de personne comme si on leur deniait leur humanité (''il y en a trop'' ??? On parle d'humain ou d'une plante invasive?), y'a pas à tortiller des fesses pour savoir si c'est vraiment discriminatoire ou pas.
 
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M

Membre supprimé 350151

Guest
Beaucoup ici parlent de journalisme mais je ne suis pas d'accord. J'ai regardé les extraits et ce que je vois, c'est un animateur sur un plateau tv.

Alors déjà que, je ne crois pas beaucoup à la neutralité journalistique parce que je pense que souvent, voulu ou non, il y aura toujours un angle qui se dégagera du boulot d'un journaliste.

Mais là, comme je vois Yann Barthès comme un animateur sur son plateau, et bien j'estime que oui, c'est à lui de recadrer ses invités et que s'il ne le fait pas, il consent donc à ce que ces propos soient tenus sur son plateau. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
 
13 Juin 2014
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Eh bien ses propos ne m'étonnent vraiment pas. Il y a cette vision et cette représentation des personnes trans comme des personnes qui savent forcément depuis l'enfance qu'ils le sont, qui en souffrent obligatoirement énormément. Et bien sûr que c'est parfois le cas mais... pas toujours. Parfois être trans c'est aussi s'en rendre compte en tant que jeune adulte, c'est aller du "moins bien" au "bien".
Donc bien que je salue la représentation d'enfants trans avec de plus en plus d'empathie comme dans Petite fille je trouve ce choix du réalisateur pas très révolutionnaire non plus et finalement toujours dans ces codes.

Mais le véritable problème de cette seule image des personnes trans c'est qu'elle se retrouve dans l'institution médicale qui doit nous prendre en charge. Celle officielle, anciennement connue comme la SOFECT (Société française d'études et de prise en charge de la transidentité) est connue pour pouvoir refuser une transition si on ne rentre pas suffisament dans des clichés rigides. Et il est difficile de l'éviter, j'ai dû finir par aller voir un de leurs médecins après que plein d'endocrinologues m'aient répondu qu'ils ne s'occupaient pas de personne trans. Je me suis retrouvé à me poser la question suivante: dois-je mentir à ce médecin pour accéder à une transition ? Et cette question je sais que je suis loin d'être lae seule à me l'être posé malheureusement.
C'est véritablement dramatique que nous soyons aussi en retard dans notre représentation des personnes trans et plutôt que d'y voir un caprice de jeunes il faudrait au contraire que les professionels de santé et les médias comprennent qu'il n'y a plus qu'une seule façon d'être trans comme avant.
 
14 Octobre 2013
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Echirolles
Au delà du cadre juridique que je ne maitrise pas, il me semble voir beaucoup trop de plateau télé avec des invité conviés seulement pour donner leur unique avis sans personne pour donner un contrepoint... faire du buzz quoi. Le spectateur est invité à être d'accord ou pas d'accord, point. On ne saura jamais pourquoi cette psychanalyste en est venu à comparer la transidentité à une maladie.
L'émission perd tout son intérêt si, il n'y a pas au moins différents avis qui sont donnés. Surtout que là, l'invitée se pose en psychanalyste, donc détentrice d'un savoir et d'une légitimité (même si clairement elle ne maitrise pas le sujet dont elle parle).
Pourquoi ne pas avoir invité une personne transgenre? Un porte parole d'une association de soutien aux personnes transgenres? Cela aurai mis en lumière bien plus efficacement la teneur transphobe et dangereuse des propos tenus par cette femme.
 
8 Août 2014
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elogenouvelle.blogspot.fr
Je suis d'accord avec je ne sais plus qui et qui pardon mémoire des pseudos horribles mais pour moi malheureusement le présentateur va se coltiner des invités qu' il excecre ou avec qui il n'est pas d'accord ça fait parti de son boulot de neutralité ( Bon Pascal mes couilles je paaasse ) sinon à quand les lois antiracistes sur la communautés trans ? Enfin pour le terme psychanalyste on rappelle que n'importe qui ayant effectué elle ou lui même une analyse peut se prétendre psychanalyste ( différent de psychologue ou psychiatre ) ce qui est pour moi et depuis longtemps une honte. Bref tout ça pour dire que la valeur de ses propos c'est du vent...
 

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