Les attentats du 13 novembre, quand le quotidien vole en éclats

[Cynéfile]

Pour ma part, je suis arrivée à Paris vendredi midi pour passer trois jours de tourisme et me détendre après des semaines stressantes. On a appris la nouvelle quand la mère de mon ami a appelé en panique pour savoir si nous allions bien. Nous étions dans un restaurant, nous n'avions pas encore commandé. Quand mon ami m'a dit qu'il y avait des attaques multiples non loin de là j'ai cru à une blague. Quand j'ai compris que c'était sérieux, on est aussitôt parti du restaurant, appétit coupé. Dans la rue, nous marchons d'un pas rapide, il n'est pas question de s'attarder. A l'hôtel on nous a dit de ne pas ressortir, le réceptionniste de nuit ne nous cache pas qu'il a peur, il faut dire qu'il n'est pas particulièrement bien protégé par cette porte en verre, en le laissant nous lui demandons de faire attention à lui. On est resté comme beaucoup une partie de la nuit devant la tv, à suivre les bilans provisoires, l'assaut du Bataclan, etc. Et puis il y a eu l'inquiétude des proches qui appellent en masse, les amis qu'on contacte et pour qui on s'inquiète, ceux qui sont bloqués, ceux qui habitent dans les quartiers touchés... Le we s'annonçait radieux, il s'est avéré affreux pour tout le monde. Ce samedi, on se réveille, la nuit peuplée des images traumatisantes de la veille. Paris est immobilisé, il faut éviter de sortir... L'évidence s'impose : nous ne ferons pas de tourisme, nous n'avons pas la tête à faire la fête, l'esprit est ailleurs, choqué. Une seule envie : retrouver son chez soi, ses proches. Il faut donc changer ses billets de train, annuler une nuit d'hôtel non remboursable... La peur n'est pas loin : et s'il se passe qqch dans le métro? Et s'il se passe qqch dans le train? Et s'il se passe qqch à la gare? ... On doit quitter l'hôtel, libérer la chambre. Où aller? Pas le choix, il faut aller dans les cafés, les restos ou arpenter les rues en attendant. L’occasion de prendre le pouls d'une ville où règne une ambiance pesante, étrange. Peu de gens dans les rues, les terrasses, les lieux touristiques, les gares.. même le train est vide. Le contrôleur, conscient de la situation particulière, passe une annonce pleine d'empathie et de bienveillance dans le train et nous explique qu'il est quasi vide car beaucoup ont décidé de reporter leur voyage... Dans chaque gare traversée, des policiers armés.
Cette histoire n'est peut-être pas très intéressante mais comme beaucoup j'avais besoin de l'écrire pour extérioriser.
Prenez soin de vous, de vos proches. Tristesse infinie pour les victimes et leurs proches. Ce qui s'est passé est choquant, je réalise à peine. Serrons nous les coudes.

 

[Lindépendante]

J'habitte au Canada donc assez loin de la France mais je ne peux m'empêcher d'encourager toutes les personnes qui habite Là j'imagine que ce doit pas être facile du tout juste dormir ou sortir de chez soi peut devenir un vrai casse-tête mais je suis attristée parce qui arrive des personne innoncentes son mortes dans d'horrible circonstance et je vous encourage à rester fortes les filles

 

[AmeW]

La soirée était on ne peut plus banale, on regardait Norbert sur sister. Ma soeur voulait regarder un film d'horreur mais je n'avais pas le coeur à ça. Secret story devait être diffusé après. Je voulais que Jon gagne et qu'Emilie qui m'avait insupportée toutes ces semaines au point de décrocher ne gagne pas.

C'était une soirée banale chez ma mère, avec ma soeur.

Rien de particulier. Aucun signe précurceur, aucune intuition, aucun malaise. On faisait notre vie.
Puis une alerte tweet de ma soeur
"fusillade" lit-elle puis elle enchaine "bombe au stade de france. Fusillade à Charonne"

Je m'étonne. Elle me demande "c'est dans le même coin." Non. On zappe sur tf1 : le match est toujours en cours, les alertes ne s'arrêtent pas. "le Bataclan" Je passe sur bfm et là... l'horreur !

"C'est pas ton ancienne rue ?" me demande-t-elle.
"Si"
C'est mon quartier, là où j'aime vivre, là où j'aime sortir, là où j'ai mes amis. Je réalise pas tout de suite. Je reste figée sur l'écran. Mon portable vibre : des notifications facebook. Des gens qui s'inquiètent, qui me demandent où je suis. Je ne réponds pas. Je ne peux pas. Je reste bloquée sur la télé. Je me connecte à twitter. Une amie tweete qu'elle va bien. Des autres aussi. Et tellement de messages d'angoisse.
Je réalise pas. Je suis les infos, y'a quelque chose qui m'emprisonne à l'intérieur mais je réalise pas.

Puis on parle de prise d'otage en bataclan. Ma soeur me dit qu'une amie est dans un bar dans le 11ème. "y'a des corps partout" Une autre poste sur facebook qu'elle est bloquée ailleurs. Des autres sont dans le métro. Les témoignages tombent. Je commence à avoir envie de vomir. J'ai un déclic. Je réponds aux messages, j'en envoie d'autres. J'ai des réponses et d'autres pas. La fille de ma belle mère vit dans le coin, un peu plus loin mais dans le coin. Je pense à elle mais je sais pas comment la contacter : j'ai pas son numéro, on s'aime pas. Pourtant je pense à elle. A la télé, on zappe de bfm, à I-télé à tf1, on suit les directs de Libé et Twitter.
Le président parle, on dirait qu'il va s'effondrer et je vais pleurer. Je sens que je vais pleurer.

Toutes ces vies. Tous ces gens qui n'avaient rien demandé. Ils faisaient simplement leur vie. Ils n'étaient pas en guerre. Ils n'étaient pas sur un champs de bataille.
Puis je pense à hier, à Beyrouth, à l'avion et puis il y a quelques mois en Tunisie. Puis à ceux qui subissent ça au quotidien. Eux aussi faisaient juste leur vie. Eux aussi font juste leur vie. Alors je suis en colère. Et impuissante. Et effrayée. Et ce soir là je ne vais pas pleurer.
Miraculeusement, mes proches vont bien. Tout le monde vit. Mais personne ne se sent en sécurité. Certains attendent encore avec angoisse des nouvelles.

On restera toute la nuit à suivre les infos, à s'envoyer des messages. Je suis là où je suis mais je voudrais être partout à la fois, avec chacun de mes proches.

Le lendemain, je ne pense qu'aux victimes, qu'aux visages qui défilent sur mes fils d'actualité, ces avis de recherche, le nombre de morts qui augmentent, les témoignages. J'ai peur. Je suis triste. Je suis impuissante. J'ai une amie qui me dit "je suis au cinéma. je vais pas m'arrêter de vivre pour eux" Je l'envie. Je ne m'en sens pas la force.

Et puis à quoi ça sert tout ça ? Je comprends rien. Je comprendrai jamais. On a une Terre, au fond on est les mêmes, on est composé de la même chose, on veut pas tous la même chose ? Etre heureux. Vivre. Pourquoi telle personne s'en prend à une autre ? Qu'est ce qui va pas dans ce monde pour qu'on ne soit pas en paix ? Pour que telle personne préfère me tuer plutôt que de se dire "elle vit différemment c ok" ?

Je suis juste moi, si on veut me tuer, on me tuera. Je ne suis rien de plus qu'un autre. Toute seule, je me sens impuissante et faible, mais je ne suis pas seule. Je suis parisienne. Je suis française. Je suis européenne. Je suis terrienne. Je suis avec vous, je suis avec les blessés, avec les disparus, avec les survivants, je suis à Paris, je suis à Beyrouth, je suis à Ankara, je suis avec ceux qui ne comprennent pas, avec ceux qui le vivent au quotidien, je suis avec ceux qui fuient. Et je continue à vivre pour que demain soit meilleur. Je continue à organiser des concerts, des manifestations culturelles, des spectacles, des médiations, je continue pour qu'on apprenne, qu'on se détende, qu'on trouve un peu de paix, qu'on comprenne nos valeurs. Pour dire "ils vivent différemment, c ok"

 

[Biscottine]

Je suis tellement soulagée que mes proches sur Paris n'est pas eu envie de sortir, juste la soeur de mon copain et son amoureux qui se sont retrouvé barricader dans un restaurant sans rien comprendre...
Mais je vais tellement mal en pensant à toutes ces personnes qui étaient là-bas, entrain de passer un moment cool, entrain de rire, d'apprécier un concert, un repas, 128 personnes qui sont décédées parce qu'elles étaient libres, je n'arrête pas de penser à combien de proches ils laissent derrières eux, à leurs visages, leurs corps inanimés sur la chaussée... Je pense aussi aux blessé-e-s, à leur traumatisme, combien de temps avant de revivre ?
Même si je suis loin, je peux pas m'empêcher de me dire "et si" et si j'avais été là, et si ma soeur que j'aime plus que tout était sortie...
J'ai peur, je suis désolée de dire ça, mais maintenant j'ai peur quand je vois un homme barbu habillé en noir, je me trouve nulle d'avoir peur des hommes musulmans, car c'est surement ce qu'ils veulent, qu'on est peur des uns des autres. Tout à l'heure j'ai croisé une femme voilée, elle était mal, elle baissait les yeux avec une sorte de honte, elle n'arrivait plus à composer le code de sa CB correctement tellement elle était stressée des regards accusateurs de certain...

 

[NanaCoubo]

Mon grand frère va bien, je suis rassurée (étant donné qu'il habite sur Paris).

 

[La Boudeuse]

Je suis Marocaine . J'habite le Maroc . On a pas pu dormir de la nuit. On l'a passé a appeler tout les amis qui habite Paris a commencer par mon frère , mes amis de prépas qui bossent la bas , les amis des parents qui ont leurs enfants la bas aussi. Mon meilleur ami avec qui on parle tout les jours sur whatsap ne répondait pas. Téléphone éteins. Quand la nouvelle du Bataclan est tombé , panique général chez tout le monde. C'est ma mère qui suivait les infos qui est monté en courant me demander si j'avais des nouvelles. C'est un metalleux et il allait au concert ce soir la ! Personne n'avait de nouvelles . Ce n'est que le lendemain matin qu'il appel , il avait du retard au boulot et est rentré écrasé de fatigue 30 min avant les premiers assauts et s’était endormi !

Apres une nuit pareil je ne peux que compatir . Un marocain est mort dans un des restaurant . Il venait tout juste de se marier cet été . Sa femme qui était avec lui est dans le coma. C'est le fils unique de ces parents.

Maintenant je pense a la monté de violence qui va suivre . Aux étiquettes qui vont être collés. Je viens de lire un article sur une manif d’extrême droite dans une ville bretonne ou un passant d'origine maghrébine a été tabassé . J'ai peur pour mon frère mes amis et tout les autres . Et je ne comprend pas comment un pays comme la France , une ville comme Paris , peut être le théâtre de tels horreurs , comment le gouvernement n'a pas pu prévoir tout ça , comment surtout avec toute les cameras dans les rues on soit aussi ignorant de ce qui s'est passé !

 

[abou333]

Spoiler: De tout notre coeur

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N'étant pas française, je cherchais à exprimer ce que je ressentais et comment expliquer que j'avais le coeur brisé malgré la distance.

 

[Jane Choco]

Pas le cœur à travailler aujourd'hui.....

 

[Amanda0]

@abou333 , merci ces mecs ont un monde rempli d'amour en travers de leur route grâce à tous ceux qui comme toi pensent à nous/à eux à travers le monde

@Jane Choco Courage à toi !!

 

[MayuraTama]

Je vous aime

J'étais au Stade de France, je ne comprenais pas le premier SMS que j'ai reçu ("Vous allez bien?") d'une amie vers 22h15, SMS auquel j'ai répondu "Oui on gagne hihi". Je ne savais pas. Le choc à la fin du match, quand on a commencé à avoir du réseau...(Les explosions, on les a bien entendues. On a été surpris mais ce sont des bruits qui arrivent dans les stades... Jamais au Stade de France mais qui pouvait se douter de ce qui allait avoir lieu ?)

Je n'ai pas dormir vendredi, je suis toujours un peu KO.

Toutes mes pensées vont aux victimes et aux familles des victimes

Maintenant, il faut aller de l'avant. Montrer qu'ils n'ont pas gagné.

 

[Biscottine]

@MayuraTama Le match ne s'est pas arrêté , il y a une vidéo qui circule où on entend la détonation et les joueurs s'arrêtent, c'est un fake ?

 

[Tzig0ne]

@Biscottine Le match n'a pas été arrêté, malgré les détonations audibles depuis le stade (d'où les vidéos avec certains joueurs qui lèvent le nez) et l'évacuation du Président, pour éviter un mouvement de panique de 80 000 personnes.