Bon.
Je crois que c'est la première fois que je m'apprête à commenter négativement un article sur Madz.
Alors oui je sais, il s'agit d'un témoignage personnel d'une Madz qui raconte son parcours, ses impressions et qui nous livre ses conseils en fonction des leçons qu'elle a pu tirer de tout ça.
Soit, très bien! Sur ce point, cet article est bien construit et on voit bien que l'auteure a un peu creusé son sujet pour ce travail, là dessus je n'ai rien à dire.
Mais quand même, en tant que juriste (qui a presque fini ses études), cet article m'a hérissé le poil plus d'une fois.
1/ Déjà, comme l'on soulevé d'autres Madz (poke @DallozetPuf (joli pseudo d'ailleurs) @Fever_Li : les clichés, non merci.
Cliché n°1 : "Je suppose que pour d’autres domaines du droit, c’est également le cas (à part le droit des affaires, qui sert surtout à s’en mettre plein les poches !) : en droit du travail, les passionnés pensent pouvoir aider les travailleurs ou les entreprises, par exemple".
Là dessus, les Madz ont déjà réagi, et j'appuie leurs propos. Mais bon, dire "eh ouais, le monde des affaires, c'est un monde de requins", wouah quelle scoop. Bon, d'accord ce n'est pas faux... sauf qu'ici on parle bien de juristes. De Droit et de droits. La dimension commerciale ne nous concerne pas, ou du moins pas directement (car bien sur, en droit comme ailleurs, il faut toujours prendre en compte le contexte). Mais les juristes en droit des affaires sont là pour aider les entreprises, et cela au-delà de toutes considérations patronat vs syndicat.
Cliché 1 bis : les juristes en droit du travail qui aident les salariés et/ou les entreprises. Moui. Et non. Un peu de cynisme de ma part : un tel juriste peut très bien se retrouver à bosser en tant que DRH et devoir licencier des salariés. Ce n'est pas vraiment ce que j'appelle de l'aide...
DONC : Chaque métier ou spécialité peut avoir des "bons" et "mauvais" aspects.
Cliché n°2 : "Déjà que les publicistes et les privatistes dénigrent les internationalistes, si en plus vous êtes dans les droits de l’homme, vous êtes même dénigré par les internationalistes ! En gros, vous êtes les hippies du droit. Alors qu’en définitive les droits de l’homme sont partout, si vous choisissez de vous plonger dedans, vous devenez un-e paria du milieu." (j'aurai envie de dire 'seriously' mais je m'en abstiendrai).
Dès qu'on arrive en droit, il est fréquent que les profs évoquent la petite guéguerre que se livreraient (?) les publicistes et les privatistes. Soyons clairs : cette rivalité n'existe qu'entre les auteurs (ce qu'on appelle la doctrine), qui sont (souvent) des universitaires qui font un boulot... bah d'universitaires. Attention, je ne dénigre absolument pas ce métier, loin de là. Mais ce n'est pas nécessairement ce vers quoi vous vous dirigerez à la sortie de vos études. Et les autres boulots dans le droit sont autrement plus concrets : vous vous rendrez vite compte que cette frontière est très factice.
Deuxième facette du cliché : peut être que je me trompe, que je n'ai pas rencontré de telles personnes ou que je suis un Bisounours. Mais je n'ai jamais vu quelqu'un dénigrer un internationaliste ou un juriste dans les droits de l'Homme. Tout juriste digne de ce nom sait pertinemment que le droit international prend de plus en plus d'ampleur et qu'il faut faire avec. J'ajouterai même : si quelqu'un pouvait éventuellement se faire dénigrer, la raison en serait qu'il / elle n'a jamais fait de droit international. C'est un domaine très important (je n'ai pas dis indispensable hein, ne vous inquiétez pas si vous n'en faites pas). Mais indéniablement, c'est un plus.
Et pareil pour ce qui est du soit-disant dénigrement des juristes en DH. Les Droits de l'Homme sont les droits fondamentaux, la base de la base. Je vois difficilement comment on pourrait dénigrer ces juristes.
Et désolée d'avance si ce que je vais dire froisse l'auteure (ou d'autres personnes qui auraient tenu les mêmes propos), mais se placer en tant que paria ou hippie du droit... Honnêtement non quoi. J'ai eu l'impression (personnelle) que ces termes ont été choisi pour donner un côté "cool" à cette spécialisation, genre trop marginal quoi. Et ça m'a donné l'impression que toutes les autres spécialisations ne sont pas "cools" justement (me suis sentie vexée )
Ceci étant dit, je ne peux que confirmer (pour ma part) ce que dit l'auteur : les Droits de l'Homme sont vraiment une matière hyper intéressante que je ne peux que conseiller (au minimum à titre de culture générale).
2/ Ensuite, certes il s'agit d'un témoignage perso, mais je trouve quand même dommage qu'il ne soit question (quasiment) que du métier d'avocat en tant que débouché professionnelle (cliché n°3). Bon ok, il serait long de faire une liste exhaustive des boulots qu'on peut avoir à la sortie des études. Mais perso, ça m'horripile toujours au plus haut point lorsque quelqu'un, apprenant que je fais du droit, me dise "ah cool! tu veux être avocate dans quoi?"
Heu comment dire, le droit ne se limite pas qu'à ça! Alors oui, on ne peut pas tout décrire en détail, mais pour des gens qui ne connaissent pas la matière et qui viendront lire cet article, je pense que ça les conforterait dans l'idée que droit ==> avocat. Alors que non.
3/ Là ce n'est pas vraiment une critique mais une observation.
L'auteure décrit le fonctionnement de sa fac, mais il faut bien garder à l'esprit (et d'autres Madz l'ont dit) que toutes les facs de droit ne fonctionnent pas de la même façon. Pour ma part, la spécialisation en droit public / privé ne s'effectue qu'en 3ème année (L3). D'ailleurs, on peut aussi faire le choix de ne pas se spécialiser en choisissant la L3 droit général.
De plus, je voudrais insister sur le fait (non relevé dans l'article (du moins je ne l'ai pas vu)) qu'une spécialisation n'est jamais définitive. Certes elle peut conditionner le choix de vos études en Master (si vous continuez jusque là), mais elle ne vous empêche pas d'étudier les matières des autres filières! Elle ne vous ferme pas de portes!
Il faut bien comprendre qu'en licence, eh bien on est en licence. A ce niveau, personne n'est un "spécialiste" dans sa matière. Et au "pire", il est toujours possible de se réorienter dans une autre filière, ce n'est pas la mort! Au contraire, ça peut donner une ouverture d'esprit aux autres matières qui pourrait s'avérer bénéfique par la suite.
Donc pareil, cliché n°4 : "Vous allez devenir un publiciste (droit public) ou un privatiste (droit privé), pour la vie. J’exagère à peine…" : NON.
Et pour ce qui est des livres : dans la fac de l'auteur, les codes ne sont pas autorisés aux examens. Là encore, attention, ce n'est pas le cas partout. Dans ma fac, les codes sont autorisés (et lorsque c'est le cas, autant vous dire que vous devez les apporter). Evidemment, ceux de la BU ne sont pas assez nombreux.
Et au-delà des examens : dans les codes, sous les articles de loi se trouve la jurisprudence (c'est-à-dire les décisions de justice). Cette jurisprudence est indispensable pour tous les travaux que vous aurez à effectuer. Aussi, je ne peux que vous conseiller très fortement d'acheter les codes qui vous serviront le plus selon votre année (sachant qu'un code se renouvelle au minimum 1 fois tous les 2 ans).
3 bis/ Suite de mon raisonnement, il faut bien garder à l'esprit que la frontière droit public / droit privé est très factice. Les juristes le savent très bien d'ailleurs (au-delà de la petite guéguerre évoquée dans le 1/). Scinder les matières comme ça est un concept très franco-français qui n'est certainement pas le plus pertinent.
Aussi, pour ceux qui se destinent aux études de droit, un conseil. Peu importe votre spécialisation, ne dénigrez jamais une matière sous prétexte que vous est privatiste, publiciste, internationaliste ou autres. C'est toujours quand on s'y attend le moins que ladite matière va se rappeler à vous en disant "coucou! c'est moi! je sais que tu m'as complètement oublié mais là tout de suite, tu as besoin de moi! les boules hein?"
Voilà, je crois que j'ai fait le tour de mes impressions (du moins les premières qui me sont venues, j'en aurai peut être d'autres )
Désolée pour le pavé
Encore une fois, au-delà des critiques que j'ai pu émettre, je tiens à dire que la Madz a fourni un travail correct dans cet article (en dehors desdits clichés ). Je pense que ce témoignage donne quand même une bonne idée du déroulement de ces études et lève un peu le brouillard qui l'entoure.
Enfin, je voudrais ajouter que pour celles qui se destinent à ces études, il ne faut pas en être effrayé. Certes, ça demande du travail, mais tout autant que dans n'importe quelle autre étude supérieure. Pour moi, le droit a un avantage sur ce point : contrairement à ce qu'on pourrait croire (cliché n°5 , il n'y a pas besoin de faire du par-cœur avec ses cours. Ce qu'il faut, c'est de la logique, un raisonnement cohérent et surtout comprendre son cours. Lorsqu'on a compris, on a fait déjà 60-70% du travail.
Je crois que c'est la première fois que je m'apprête à commenter négativement un article sur Madz.
Alors oui je sais, il s'agit d'un témoignage personnel d'une Madz qui raconte son parcours, ses impressions et qui nous livre ses conseils en fonction des leçons qu'elle a pu tirer de tout ça.
Soit, très bien! Sur ce point, cet article est bien construit et on voit bien que l'auteure a un peu creusé son sujet pour ce travail, là dessus je n'ai rien à dire.
Mais quand même, en tant que juriste (qui a presque fini ses études), cet article m'a hérissé le poil plus d'une fois.
1/ Déjà, comme l'on soulevé d'autres Madz (poke @DallozetPuf (joli pseudo d'ailleurs) @Fever_Li : les clichés, non merci.
Cliché n°1 : "Je suppose que pour d’autres domaines du droit, c’est également le cas (à part le droit des affaires, qui sert surtout à s’en mettre plein les poches !) : en droit du travail, les passionnés pensent pouvoir aider les travailleurs ou les entreprises, par exemple".
Là dessus, les Madz ont déjà réagi, et j'appuie leurs propos. Mais bon, dire "eh ouais, le monde des affaires, c'est un monde de requins", wouah quelle scoop. Bon, d'accord ce n'est pas faux... sauf qu'ici on parle bien de juristes. De Droit et de droits. La dimension commerciale ne nous concerne pas, ou du moins pas directement (car bien sur, en droit comme ailleurs, il faut toujours prendre en compte le contexte). Mais les juristes en droit des affaires sont là pour aider les entreprises, et cela au-delà de toutes considérations patronat vs syndicat.
Cliché 1 bis : les juristes en droit du travail qui aident les salariés et/ou les entreprises. Moui. Et non. Un peu de cynisme de ma part : un tel juriste peut très bien se retrouver à bosser en tant que DRH et devoir licencier des salariés. Ce n'est pas vraiment ce que j'appelle de l'aide...
DONC : Chaque métier ou spécialité peut avoir des "bons" et "mauvais" aspects.
Cliché n°2 : "Déjà que les publicistes et les privatistes dénigrent les internationalistes, si en plus vous êtes dans les droits de l’homme, vous êtes même dénigré par les internationalistes ! En gros, vous êtes les hippies du droit. Alors qu’en définitive les droits de l’homme sont partout, si vous choisissez de vous plonger dedans, vous devenez un-e paria du milieu." (j'aurai envie de dire 'seriously' mais je m'en abstiendrai).
Dès qu'on arrive en droit, il est fréquent que les profs évoquent la petite guéguerre que se livreraient (?) les publicistes et les privatistes. Soyons clairs : cette rivalité n'existe qu'entre les auteurs (ce qu'on appelle la doctrine), qui sont (souvent) des universitaires qui font un boulot... bah d'universitaires. Attention, je ne dénigre absolument pas ce métier, loin de là. Mais ce n'est pas nécessairement ce vers quoi vous vous dirigerez à la sortie de vos études. Et les autres boulots dans le droit sont autrement plus concrets : vous vous rendrez vite compte que cette frontière est très factice.
Deuxième facette du cliché : peut être que je me trompe, que je n'ai pas rencontré de telles personnes ou que je suis un Bisounours. Mais je n'ai jamais vu quelqu'un dénigrer un internationaliste ou un juriste dans les droits de l'Homme. Tout juriste digne de ce nom sait pertinemment que le droit international prend de plus en plus d'ampleur et qu'il faut faire avec. J'ajouterai même : si quelqu'un pouvait éventuellement se faire dénigrer, la raison en serait qu'il / elle n'a jamais fait de droit international. C'est un domaine très important (je n'ai pas dis indispensable hein, ne vous inquiétez pas si vous n'en faites pas). Mais indéniablement, c'est un plus.
Et pareil pour ce qui est du soit-disant dénigrement des juristes en DH. Les Droits de l'Homme sont les droits fondamentaux, la base de la base. Je vois difficilement comment on pourrait dénigrer ces juristes.
Et désolée d'avance si ce que je vais dire froisse l'auteure (ou d'autres personnes qui auraient tenu les mêmes propos), mais se placer en tant que paria ou hippie du droit... Honnêtement non quoi. J'ai eu l'impression (personnelle) que ces termes ont été choisi pour donner un côté "cool" à cette spécialisation, genre trop marginal quoi. Et ça m'a donné l'impression que toutes les autres spécialisations ne sont pas "cools" justement (me suis sentie vexée )
Ceci étant dit, je ne peux que confirmer (pour ma part) ce que dit l'auteur : les Droits de l'Homme sont vraiment une matière hyper intéressante que je ne peux que conseiller (au minimum à titre de culture générale).
2/ Ensuite, certes il s'agit d'un témoignage perso, mais je trouve quand même dommage qu'il ne soit question (quasiment) que du métier d'avocat en tant que débouché professionnelle (cliché n°3). Bon ok, il serait long de faire une liste exhaustive des boulots qu'on peut avoir à la sortie des études. Mais perso, ça m'horripile toujours au plus haut point lorsque quelqu'un, apprenant que je fais du droit, me dise "ah cool! tu veux être avocate dans quoi?"
Heu comment dire, le droit ne se limite pas qu'à ça! Alors oui, on ne peut pas tout décrire en détail, mais pour des gens qui ne connaissent pas la matière et qui viendront lire cet article, je pense que ça les conforterait dans l'idée que droit ==> avocat. Alors que non.
3/ Là ce n'est pas vraiment une critique mais une observation.
L'auteure décrit le fonctionnement de sa fac, mais il faut bien garder à l'esprit (et d'autres Madz l'ont dit) que toutes les facs de droit ne fonctionnent pas de la même façon. Pour ma part, la spécialisation en droit public / privé ne s'effectue qu'en 3ème année (L3). D'ailleurs, on peut aussi faire le choix de ne pas se spécialiser en choisissant la L3 droit général.
De plus, je voudrais insister sur le fait (non relevé dans l'article (du moins je ne l'ai pas vu)) qu'une spécialisation n'est jamais définitive. Certes elle peut conditionner le choix de vos études en Master (si vous continuez jusque là), mais elle ne vous empêche pas d'étudier les matières des autres filières! Elle ne vous ferme pas de portes!
Il faut bien comprendre qu'en licence, eh bien on est en licence. A ce niveau, personne n'est un "spécialiste" dans sa matière. Et au "pire", il est toujours possible de se réorienter dans une autre filière, ce n'est pas la mort! Au contraire, ça peut donner une ouverture d'esprit aux autres matières qui pourrait s'avérer bénéfique par la suite.
Donc pareil, cliché n°4 : "Vous allez devenir un publiciste (droit public) ou un privatiste (droit privé), pour la vie. J’exagère à peine…" : NON.
Et pour ce qui est des livres : dans la fac de l'auteur, les codes ne sont pas autorisés aux examens. Là encore, attention, ce n'est pas le cas partout. Dans ma fac, les codes sont autorisés (et lorsque c'est le cas, autant vous dire que vous devez les apporter). Evidemment, ceux de la BU ne sont pas assez nombreux.
Et au-delà des examens : dans les codes, sous les articles de loi se trouve la jurisprudence (c'est-à-dire les décisions de justice). Cette jurisprudence est indispensable pour tous les travaux que vous aurez à effectuer. Aussi, je ne peux que vous conseiller très fortement d'acheter les codes qui vous serviront le plus selon votre année (sachant qu'un code se renouvelle au minimum 1 fois tous les 2 ans).
3 bis/ Suite de mon raisonnement, il faut bien garder à l'esprit que la frontière droit public / droit privé est très factice. Les juristes le savent très bien d'ailleurs (au-delà de la petite guéguerre évoquée dans le 1/). Scinder les matières comme ça est un concept très franco-français qui n'est certainement pas le plus pertinent.
Aussi, pour ceux qui se destinent aux études de droit, un conseil. Peu importe votre spécialisation, ne dénigrez jamais une matière sous prétexte que vous est privatiste, publiciste, internationaliste ou autres. C'est toujours quand on s'y attend le moins que ladite matière va se rappeler à vous en disant "coucou! c'est moi! je sais que tu m'as complètement oublié mais là tout de suite, tu as besoin de moi! les boules hein?"
Voilà, je crois que j'ai fait le tour de mes impressions (du moins les premières qui me sont venues, j'en aurai peut être d'autres )
Désolée pour le pavé
Encore une fois, au-delà des critiques que j'ai pu émettre, je tiens à dire que la Madz a fourni un travail correct dans cet article (en dehors desdits clichés ). Je pense que ce témoignage donne quand même une bonne idée du déroulement de ces études et lève un peu le brouillard qui l'entoure.
Enfin, je voudrais ajouter que pour celles qui se destinent à ces études, il ne faut pas en être effrayé. Certes, ça demande du travail, mais tout autant que dans n'importe quelle autre étude supérieure. Pour moi, le droit a un avantage sur ce point : contrairement à ce qu'on pourrait croire (cliché n°5 , il n'y a pas besoin de faire du par-cœur avec ses cours. Ce qu'il faut, c'est de la logique, un raisonnement cohérent et surtout comprendre son cours. Lorsqu'on a compris, on a fait déjà 60-70% du travail.
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