Je vais pas me prononcer sur cette série puisque je ne l'ai pas vue.
Par contre je rejoins les intervenantes précédentes sur le fait que plus généralement, j'avoue que même en étant féministe, sensibilisée au racisme, à l'homophobie, etc., ça ne m'intéresse pas de me prendre des cours de déconstruction quand je me cale devant ma télé Si l'œuvre ne fait que servir un propos politique hyper explicite, il y a des chances que ça altère la complexité des personnages, que les dialogues et les situations sonnent faux, que la narration soit prévisible et surtout qu'à vouloir cocher trop de cases, les créateurs de la série s'aventurent sur des terrains qu'ils ne maîtrisent pas et commettent de grosses maladresses.
De façon générale c'est difficile de s'identifier à des personnages quand ils sont réduits à des archétypes servant un discours, au lieu d'être pensés comme de vraies personnes complexes avec des fragilités et des contradictions, donc je ne crois pas qu'un discours politique hyper explicite génère une audience très large au-delà des cercles de gens déjà convaincus. Au fond, j'ai l'impression que les œuvres qui ont le plus fort impact sur les représentations du public, sont précisément celles où le discours politique reste périphérique, tout en mettant en avant des protagonistes aux trajectoires atypiques, ou peu visibles à la télé et au cinéma.
Par exemple je pense à la représentation du handicap dans Game of Thrones, qui est extrêmement présente et diverse, sans jamais que les personnages ne soient définis exclusivement à travers ça et sans que cette question ne soit placée au cœur de l'intrigue. J'ai pris conscience de cette dimension en entendant un spectateur lui-même handicapé relever le nombre de personnages porteurs d'un handicap inné ou acquis dans la série (dans les livres comme à la télé), dont bien sûr, le plus emblématique : Tyrion Lannister. Bien évidemment sa trajectoire est en grande partie liée à sa taille, mais il ne se limite pas à ça, il n'est pas écrit comme étant le représentant des personnes de petite taille, il ne tient pas de discours politique sur le sujet, dans les livres les descriptions de son physique et de ses difficultés ne sont pas édulcorées et finalement il n'y a pas besoin de tout ça pour sensibiliser une énorme part des spectateurs à ces problématiques, parce que c'est un personnage complexe, multi-dimensionnel, auquel tout le monde peut et veut s'identifier et qui inspire de l'empathie. Je pense vraiment que c'est comme ça qu'on peut pousser le public et notamment les dominants à se décentrer de leur expérience et à changer de regard sur les catégories de population discriminées, moquées et marginalisées. Je ne sais pas si c'était intentionnel de la part de Georges R.R. Martin, mais à cet égard, le personnage de Tyrion a sûrement fait plus pour les personnes de petite taille, que n'importe quel personnage de militant anti-validisme.
Par contre je rejoins les intervenantes précédentes sur le fait que plus généralement, j'avoue que même en étant féministe, sensibilisée au racisme, à l'homophobie, etc., ça ne m'intéresse pas de me prendre des cours de déconstruction quand je me cale devant ma télé Si l'œuvre ne fait que servir un propos politique hyper explicite, il y a des chances que ça altère la complexité des personnages, que les dialogues et les situations sonnent faux, que la narration soit prévisible et surtout qu'à vouloir cocher trop de cases, les créateurs de la série s'aventurent sur des terrains qu'ils ne maîtrisent pas et commettent de grosses maladresses.
De façon générale c'est difficile de s'identifier à des personnages quand ils sont réduits à des archétypes servant un discours, au lieu d'être pensés comme de vraies personnes complexes avec des fragilités et des contradictions, donc je ne crois pas qu'un discours politique hyper explicite génère une audience très large au-delà des cercles de gens déjà convaincus. Au fond, j'ai l'impression que les œuvres qui ont le plus fort impact sur les représentations du public, sont précisément celles où le discours politique reste périphérique, tout en mettant en avant des protagonistes aux trajectoires atypiques, ou peu visibles à la télé et au cinéma.
Par exemple je pense à la représentation du handicap dans Game of Thrones, qui est extrêmement présente et diverse, sans jamais que les personnages ne soient définis exclusivement à travers ça et sans que cette question ne soit placée au cœur de l'intrigue. J'ai pris conscience de cette dimension en entendant un spectateur lui-même handicapé relever le nombre de personnages porteurs d'un handicap inné ou acquis dans la série (dans les livres comme à la télé), dont bien sûr, le plus emblématique : Tyrion Lannister. Bien évidemment sa trajectoire est en grande partie liée à sa taille, mais il ne se limite pas à ça, il n'est pas écrit comme étant le représentant des personnes de petite taille, il ne tient pas de discours politique sur le sujet, dans les livres les descriptions de son physique et de ses difficultés ne sont pas édulcorées et finalement il n'y a pas besoin de tout ça pour sensibiliser une énorme part des spectateurs à ces problématiques, parce que c'est un personnage complexe, multi-dimensionnel, auquel tout le monde peut et veut s'identifier et qui inspire de l'empathie. Je pense vraiment que c'est comme ça qu'on peut pousser le public et notamment les dominants à se décentrer de leur expérience et à changer de regard sur les catégories de population discriminées, moquées et marginalisées. Je ne sais pas si c'était intentionnel de la part de Georges R.R. Martin, mais à cet égard, le personnage de Tyrion a sûrement fait plus pour les personnes de petite taille, que n'importe quel personnage de militant anti-validisme.
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