« Les filles ne peuvent pas... », et toutes ces fausses limites qu'on nous a imposées

[soph63]

Très chouette article, je valide tout ce qui est dit dedans.
"À en entendre certains, j’ai l’impression que les départementales de France, c’est pire que les campagnes de Westeros." Cette phrase m'a fait rire de prime abord, mais c'est exactement ça. J'ai déjà eu droit à ce type de remarques paternalistes moi aussi. Mais allez vous faire voir les gens, je voyage seule si je veux, et à ce compte-là, ce n'est safe pour personne - hommes et femmes.
Et je compte plus le nombre de fois où on m'a dit que je devais "sourire". Pourquoi je devrais sourire si j'en ai pas envie ? Vaut mieux faire un sourire forcé que de faire la gueule en toute sincérité ? C'est fou comme le principe "Sois belle et tais-toi" imprègne notre société, mine de rien.
"Tu peux pas porter de maillot de rugby, c'est un sport de mec" = entendu quand j'étais à l'école primaire, et je rétorquais que c'était un cliché pourri.
"Tu veux faire du débardage et du labour avec des chevaux lourds ? Houlà mais c'est physique ça" = tout aussi absurde car les gens qui me connaissent savent que sans être une grande sportive ni quelqu'un de très musclé, je suis très loin d'être faiblarde.
"Arrête de dire des gros mots ou de roter [oui, je le confesse, je suis assez "libérée" là-dessus], c'est pas joli pour une fille" = écoutez les gars, de deux choses l'une, soit on arrête tous de jurer, soit on jure tous en chœur. Mais nous ne sommes pas des petites choses délicates, m'voyez.

Et aussi, j'ai eu un mal fou à persuader un pote d'arrêter de m'appeler "princesse". Fut un temps, ça me plaisait, mais maintenant, ça m'horripile. Puis visiblement, il avait pas l'air de vouloir comprendre que c'était MON avis qui comptait et que j'avais le droit de refuser certains surnoms.

 

[Dalaigh]

Aie aie aie les transports!
J'ai commencé le covoiturage avec blablacar il y a un an, dans ma famille tout le monde est persuadé que je met ma vie et ma vertu en danger à chaque trajet

ma mère et moi avons toutes les deux de grosses insécurités vis à vis de notre corps, mais en plus elle me fait souvent des réflexions sur mes décolletés qu'elle juge "très provocants". C'est quand même pas ma faute si j'ai hérité de sa poitrine généreuse et que à part les col-roulés tous les T-shirts ont cet effet sur moi. Et puis zut, c'est bien la seule à s'en formaliser, alors j'ai décidé de dire oui en souriant mais de les porter quand même, na!

"tu peux pas siffler, c'est pour les garçons, quand une fille le fait c'est vulgaire" le fait que je sifflote des airs de Mozart, Bach ou Beethoven ne change rien à l'affaire apparemment.

"pourquoi tu choisis systématiquement ces grosses chaussures de marche? Il y a des modèles plus légers et féminins!" voui mais je choisis pas des chaussures de marche pour faire joli, je les choisis pour MARCHER et c'est le modèle qui me convient le mieux!

Réflexions sur ma tenue avant une journée de trajet en train avec changement à Paris pour regagner mon lieu d'étude, au choix: (oui parce qu'il n'y a jamais de juste milieu):
"tu as vu comme tu es habillée? on dirait une clocharde!" VS " non mais ton T-shirt là avec les épaules découvertes t'étonne pas si tu te fait tripoter dans le métro"
(respectivement un ami de la famille pas très diplomatique et un oncle bien intentionné mais qui aurait bien besoin de lire certaines rubriques de Madmoizelle )

mon préféré, que j'ai entendu un nombre incalculable de fois pendant mon adolescence et mes études (par plusieurs membres de ma famille et amis):

X: "Non mais tu vas devoir faire attention dans ton orientation professionnelle, tu pourras pas faire n'importe quoi comme métier avec des gosses, il faudra que tu puisse t'en occuper et ça va te prendre du temps, tu vas devoir choisir sinon ils ne verrons jamais leur mère, tu aurais aimé toi si ta mère avait fait passé sa carrière avant toi?" (bravo la culpabilisation en passant)

Moi: "et mon frère alors, il aura le même problème de toute manière, il veut faire ingénieur aéronautique, ça va lui prendre beaucoup de temps!"

"Oui mais non lui c'est un mec, alors c'est moins un problème"

 

[lalisette]

@Zutail Ho oui moi aussi..
Exactement, notons tout de même que eux, ils en faisais des concours de leurs prouts.. (Oui bon.. l'adolescence quoi ^^)
(PS: Ton blog est très beau)

 

[Zutail]

@lalisette MERCI
@Dalaigh ben oui tu es une femme donc il faut FORCÉMENT que tu fasses une place aux enfants dans ta carrière... Voyons !

 

[Leann Soillearch]

Pas forcément de la part d'un homme : je viens de repenser à ma mère, le "tu ne peux pas mettre de bustier parce que tes épaules ne sont pas droites"... Allez je vais trouver une robe bustier pas chère pour les soldes !

 

[Muimosa]

Il y a quelques temps, quand j'organisais mon mariage (et, alors que j'avais bien fait comprendre que je n'avais pas l'intention de porter une volumineuse et encombrante robe de mariée...), le beau-père de mon mari essayait de me convaincre de venir m'habiller chez eux (qui habitent à 5 mn de la mairie, plutôt qu'à l'hôtel où on dormait, à 1h de là) sous prétexte que: "parce que 1h de voiture habillée, coiffée, et maquillée, tu vas arriver pleine de transpiration, ça va pas être beau à voir!".
Ce qu'il n'ont absolument pas dit à mon mari. Bah oui, c'est moi la fille, alors il faut que je me maquille, que je porte une tenue inconfortable, que je sois bien coiffée, et surtout que je ne transpire pas (trop la honte!). Je ne peux pas juste m'habiller tranquille, me coiffer si je veux, y aller sans maquillage, et transpirer un bon coup (avec même du poil aux aisselles!!)

Malheureusement, c'est loin d'être la seule situation sexiste que j'ai vécue à l'occasion de mon mariage (rapport que ça paraît évident que je change de nom et pas mon mari... etc etc... ) mais après, c'est hors-sujet.

 

[Leann Soillearch]

@Zutail Ha bah oui le coup des gros mots je l'es déjà entendue aussi, de la part de parfais inconnus en plus.
Je me souvient également, (attention moment pipi caca) quand j'étais au lycée pendant un intercours, une de mes copine lâche malencontreusement un ptit prout..
Regards écœurés des garçons dont un qui s'écrit "beuh c'est dégeulasse ça.. ça se fait pas pour une fille ç'est choquant ! "
Les autres on acquiescé.
C'est des détails mais c'est saoulant.

"Je pense que ce sont, au contraire, les petits détails qui ont leur importance" Gandalf le Gris (dans le 1er film Le Hobbit, mais pas sûre de l'exactitude de la citation).

 

[lalisette]

@Dalaigh Aie.. Je trouve ça vraiment violent le dernier point que tu as abordée..
Surtout venants de familles et amis.
C'est le genre de truc qui me ferais chialer.
La vie professionnelle est (pour moi) très importante, et ne pas pouvoir faire tranquillement quelque chose qu'on aime parce qu'on est une fille, et qu'une fille bah dis donc ça doit faire des bébés et ça s'en occupes, c'est moche.
(Et ne pas avoir le soutien de ses proches, c'est moche aussi.)

 

[sheepia]

Je me suis rendue compte très tard que dans ma petite ville (on était à peu près 40 voire moins de mon année en primaire) c'était nos parents qui nous disaient quoi faire en tant que mec et meuf. Du coup les mecs étaient des stéréotypes et nous les meufs aussi. Et quand je vois qu'on est tous rentrés dans les cases sans nous poser de question je me dis que nos insist' doivent être un peu déçus de l'éducation qu'on nous a donné parce que jusqu'en CM2, ils mélangeait les filles et les garçons sans distinction. C'était au volontariat pour toutes les activités et pendant les constitutions des équipes, on était assez intelligents pour choisir en premier (tous, même les plus "machos") les plus sportives filles comme garçons. Même dans les vestiaires pour le sport, on était mélangé (bon en fait on était presque déjà en tenu et ceux qui voulaient pas être mélangés aller aux toilettes) parce que notre sport n'était pas du tout sexualisé en fonction de notre sexe. Les filles comme les mecs pouvaient porter des shorts et personne n'avait le droit dans la cour d'être torse nu même quand il faisait chaud. C'est compliqué comme ça mais en fait on nous a jamais fait remarquer au sein de l'école que les filles étaient différentes des garçons, et qu'il y avait des choses qu'on ne pouvait pas faire.
Il y en avait même un (big up monsieur le directeur) qui nous avait balancé avant de faire une randonnée à vélo où les filles on avait super peur parce que nos parents nous avaient qu'on avait pas le niveau physique (non mais lol on faisait toutes au moins deux heures de sport dans la semaine alors l'effort on connaissait, certaines étaient même meilleures que les garçons) :"On s'en fout que vous soyez une fille ou un garçon, vous en êtes tous capables. C'est pas une question de sexe mais d'endurance. Au pire chacun votre rythme merde !" (en vrai c'était pas exactement ça mais l'esprit est là)

 

[Leann Soillearch]

@sheepia : tu avais un super directeur^^

 

[PKPdotcom]

Je valide complètement l'entièreté de ce qui a été dit dans l'article.
J'ai eu la chance d'avoir des parents pour qui le concept "d'être une fille" ne rentre pas en ligne de compte et qui m'ont élevé pour être indépendante en toute circonstance.

[...] donc clairement pour eux une femme est faible, fragile, incapable de bosser de nuit et surtout surtout obligatoirement affublée d'enfants.

En fait, d'expérience j'ai pu me rendre compte qu'une partie du problème réside dans le fait que les hommes ont peur des femmes fortes et indépendantes. On intimide les paternalistes, les bien-pensant de la place des femmes dans la société.
Nous, les madz du 21e siècle, qui n'avons pas besoin d'un homme pour monter un meuble ikea, qui voyageons seule, sortons fièrement dans la rue avec nos talons aiguille et notre nouvelle robe (dont on avait tellement envie et qu'on a fini par acheter en se disant et puis flute je porte ce que je veux). [...]

Olalalalala. Si je pouvais bip uper ton message 1 milliard de fois je le ferai. La même pour mes parents dans l'ensemble (j'ai quand même eu le droit à un "être cuisinière c'est très difficile pour une femme" quand j'avais moins de 10 ans -> je fais pas du tout ça mais ça me convient quand même) et la même pour "les madz du 21e siècle"

La phrase que tu as mise en gras m'a fait penser à une vidéo de Lady Di qui m'est passée sous le nez récemment, et qui disait (visage tristouille et ton grave à l'appui) qu'elle ne se voyait pas Reine parce que "l'ordre social" ne la portait pas dans son cœur. Et la raison qu'elle donnait c'était que les femmes "de pouvoir" (= fortes et indépendantes) ça fait peur : "d'où puise-t-elle cette force ? Comment ? Pourquoi ? Comment va-t-elle l'utiliser ?" etc.

Je sais pas si je peux partager le lien, je le fais quand même :

https://www.facebook.com/video.php?v=1231691783509780

J'aimerais bien aussi qu'il y ait un/des article/s sur ces filles/femmes qui acceptent ça, pourquoi elles l'acceptent et leurs points du vue à ce propos. Je connais des filles à qui ça convient très bien cette position de "fragilité", que ça arrange de se cacher derrière l'autorité (de manière générale) d'un père / d'un mari. Je pense que ce serait intéressant d'en discuter. Maybe un sujet "feel good" pour @Anouk Perry (ou c'est pas vraiment le sujet ? JE SAIS PAS ET CE MESSAGE EST DÉJÀ TROP LONG HELP)

 

[Pralu]

Je me rend compte que je suis plutôt "chanceuse" par rapport à toutes vos histoires. Mes parents ne m'ont jamais considérée comme une fille ( donc forcément sensible, faible et incapable). J'ai pu faire les sports que je voulais, même si le sport c'était pas trop mon trucs jusqu'à il y a 2 ans. J'ai pu voyager comme je le voulais, sauf depuis le début de mes études et malgré les inquiétudes de ma pauvre maman je ne suis jamais revenue dépecée de mes pérégrinations. J'ai pu jouer avec ce que je voulais, mon papa m'a offert des voitures et ma maman m'offrais des poupées, du coup j'ai pu découvrir à la fois les belles tenues élégantes et les capots rutilants des voitures de collection. Aujourd'hui je pourrais faire n'importe quoi de féminin ou masculin sans me sentir jugée pour autant en tout cas par mon entourage proche. D'ailleurs c'est mon papa qui m'a le plus soutenue pendant mes études d'architecture intérieure et lui qui m'a fait connaître la maîtrise d'ouvrage et le suivi de chantier, et c'est vers cette voie que je souhaite m'orienter sans pour autant qu'on me dise mais c'est un métier d'homme. Mon papa dis d'ailleurs lui même que sur les chantiers dirigés par des filles ça file droit car on a une main de fer dans un gant de velour. À méditer, et toutes les personnes qui souhaiteront me limiter car je suis une fille iront gentiment se faire voir, homme ou femmes nous sommes égaux et avons tous les mêmes capacités!