Je ne voulais pas poster tout de suite, pour ne pas sortir des formules convenues.
La chose qui m'est venue à l'esprit (pendant que je jouais au mahjong mais on s'en fout), (si la madmoizelle qui a vécu ce drame me lit), c'est :
surtout, ne t'identifie pas à ta peine. Oui tu as de la peine, sûrement une immense tristesse, à celà greffées un tas d'autres émotions. Quand je dis de ne pas t'identifier à ta peine, c'est que tu n'ES pas cette peine. Toi, la madmoizelle qui a écrit ce texte, tu n'es pas chagrin. Tu es bien plus vaste que cela. Alors oui, actuellement cette émotion te mange le cerveau (en fait c'est pas l'émotion, mais je vais pas m'étendre). Mais tu n'es pas cette émotion. Tu es plein d'autres choses. Tu es la joie aussi, la colère, etc... Tu as des passions, des centres d'intérêts, un métier, un physique, des rêves, etc etc... Pour l'instant, le chagrin va prendre toute la place, et c'est NORMAL (je sais que dans ce genre de situation le mot "normal" fait en général sortir les griffes de tout le monde, j'en ai conscience). Mais ne sombre pas en te disant que tu n'es plus que "chagrin", désormais incapable d'éprouver autre chose, et que cette immense tristesse finira par te bouffer. NON.
Tu as du chagrin, et dans ce genre de situation on recherche avant tout du sens, un fautif, quelque chose qui justifie cette chose horrible. Alors on se culpabilise, comme ça, même si on souffre, on est sûr d'avoir un coupable sous la main. Dans ce genre de moment on a en général horreur d'entendre des conseils pour aller mieux, parce qu'on a pas envie d'aller mieux : il faut un coupable, et quoi de mieux que soi-même ? Ce coupable est facilement accessible, et tellement crédule !
On se serine de rengaines destructrices : tu es trop ceci, tu pleures trop, tu ne penses qu'à toi, etc etc... Même si on ressors de ça complètement meutri et jamais indemne, ça nous permet au moins de ne pas voir quelque chose de trop difficile à admettre : du sens, il n'y en a peut-être aucun au final.
Accepte ta peine comme étant quelque chose de sain, d'humain. Si on a été faits avec des émotions, hé bien merde vivons les, même si parfois elles nous entraînent tout au fond, nous faisant croire qu'il n'existe plus rien d'autre.
Il y a quelques mois, j'ai laissé ressurgir une colère que j'avais enfouie pendant 6 années. Quand ce bloc de colère est ressorti, je m'interdisais de le vivre, parce que j'avais l'impression que Moi, Brifon, je n'étais plus que cette colère, qu'elle m'avait remplie toute entière et que tout ce que je portais d'autre en moi avait disparu.
Accepte ta peine, elle est là et il faut la vivre. Ma sophrologue me disait tout le temps "Quand quelque chose nous arrive, c'est qu'on est prêts à le vivre".
A le VIVRE. Pas à le combattre. Ne te bats pas contre toi-même. Autorise toi la tristesse, autorise toi le mauvais caractère, autorise toi le besoin de solitude, ou au contraire de compagnie, autorise toi une baisse de rentabilité au boulot ou de concentration dans les études.
Tu sais, l'émotion, c'est comme une boule d'énergie. Quand elle arrive, on a deux choix : soit on la vit, on la verbalise, on l'extériorise, soit on la nie, on l'enfouit tout au fond. Si on choisit cette deuxième option, cette boule d'énergie se transforme en colonie de cafard : à la moindre faille, elle ressortira. Parfois on arrivera à la gérer, mais souvent ce n'est pas le cas. Et en attendant cette sortie, cette colonie va te ronger. La culpabilité est l'émotion, le sentiment le plus destructeur. Ne t'inflige pas ça. Je ne suis personne pour te sortir des phrases du genre que ton amie ne voudrait sûrement pas ça pour toi, ou je ne sais quoi d'autre. Ce que je sais, c'est que tu n'as pas à te flageller de la mort de ton amie. Oui, elle est morte. Mais tu as fais de ton mieux, tu l'as aidée, écoutée, tu as été là pour elle. On ne peut pas sauver le monde. Par contre on peut s'aider soi, être aimant envers soi-même en espérant que tu irradieras les autres.
Accepte ta vulnérabilité. Accepte ton imperfection, ton côté faillible (quand tu dis que tu étais loin à faire la fête).
N'hésite pas à écrire. Si tu es droitière, écris de la main gauche et vice-versa. Si des pleurs viennent, laisse-les sortir, c'est important.
Autre chose : on appelle ça l'exercice de l'renfant intérieur.
Si tu veux que je t'en parle plus longuement, n'hésite pas à m'écrire.
Courage ma belle, pardonne-la et surtout pardonne toi.
J'espère avoir trouvé les mots justes.
Des bisous