Merci pour cette lettre qui permet de se sentir moins seule.
Mon papa est alcoolique depuis plusieurs années mais ça n'a pas toujours été le cas.
J'ai plein de souvenir d'une enfance heureuse avec un papa aimant et présent malgré les heures de travail extensives.
Mais progressivement il a sombré dans une dépression mêlée d'alcoolisme.
Il a est difficile pour l'adolescente, puis la jeune adulte que je suis d'assister à cette auto destruction d'un être très cher sans jamais parvenir a l'aider à remonter la pente.
L'amour que je porte à mon père est inconditionnel, incontrôlable, viscéral en fait.
J'ai essayé un certain nombre de fois de le "secouer", de provoquer des électrochocs pour lui faire prendre conscience qu'il vaut mieux que ce qu'il vit en ce moment et qu'il pourrait taper du pied au fond de la piscine pour remonter à la surface. Je sais, moi, que le super-papa de mon enfance est encore là quelque part.
Mais je n'ai pas trouvé les bon mots, je n'ais pas réussi à le faire réagir et faces à ses réactions qui nient l'ampleur du problème, qui ne reconnaissent pas la pleine qu'il cause à son entourage.
Ce qui a résulté de mes tentatives est finalement assez triste, nous ne nous voyons plus et nous parlons très peu (2 ou 3 fois par an environ). C'est comme si en plus de ne plus avoir d'espoir pour lui même il ne supportait pas de voir en moi de l'espoir pour lui.
C'est beaucoup plus facile pour moi d'avoir mis à distance cette relation douloureuse, je ne suis pas obligée de penser chaque jour à tout ça et de ressentir cette déception et cette culpabilité continuellement. ça me permet de me construire pour moi et de faire mes projets sans être minée.
Mais quand j'y pense, je m'en veux beaucoup de ne pas être capable de l'aider, de ne pas être capable d'entretenir une relation plus intime avec lui. Chaque jour qui passe mon papa est un peu plus loin de moi et j'ai très peur qu'il ne reprenne jamais sa vie en main.
Je suis un peu hors sujet mais ça m'a fait du bien de partager ces sentiments qui sont soigneusement rangés dans un coin de ma personne.