Je suis assez d'accord avec l'idée qu'il faudrait pouvoir "évaluer" les professeurs peut-être un peu mieux que ce qui se fait actuellement, encore qu'il y a tout de même des inspecteurs, et que même si une inspection ne donne qu'un aperçu très partiel de ce qui se passe en classe, on peut espérer qu'en général les inspecteurs aient suffisamment d'expérience pour en retirer quelque chose d'intéressant.
Malheureusement, ces dernières années, il y a comme un fossé qui s'est approfondi entre le corps enseignant et sa hiérarchie, l'inspection, qui est devenue un peu la voix du ministère "contre" les enseignants, et non plus dans une perspective d'aide et d'évaluation "neutre" ; et ce, dès l'école maternelle, ma mère a fait récemment les frais d'un inspecteur qui lui a reproché des mauvais résultats aux évaluations de CP de ses élèves de l'année passée au lieu de s'intéresser à sa pédagogie et aux difficultés croissantes qu'elle pouvait rencontrer dans son école. Et cela a contribué à lui faire quitter un peu plus tôt que prévu ce métier qu'elle aimait pourtant beaucoup au départ, mais elle est dégoûtée par cette évolution qui nuit vraiment au dialogue et qui est sûrement un des facteurs de mauvaise communication entre le ministère de l'éducation nationale et ses enseignants, et par conséquent de la difficulté à renouveler les contenus pédagogiques.
BREF, je m'égare un peu, mais du coup l'histoire de faire appel aux élèves me paraît une maladresse de plus dans ce contexte, malgré la mise en place d'une méthode de questionnement, etc. C'est un peu "unilatéral" en plus, il vaudrait mieux encourager comme disait Fab des moments de dialogue en-dehors des cours habituels pour donner la parole aux élèves, et encore, je doute de l'efficacité de cela avant la fin du lycée. A l'université, cette procédure du questionnaire me paraît avoir davantage de sens.
Et surtout, ce qui me paraît très gênant là-dedans, c'est que l'actualité montre bien que les enseignants sont de plus en plus fragilisés dans la société, ils sont attaqués en justice pour tout et n'importe quoi, le parent prenant toujours le parti de l'enfant quelque soit le problème, comme disait un avocat à la radio l'autre jour, on les considère comme "des prestataires de service", et c'est tout de même bien préoccupant. On ne laisse plus à l'établissement la possibilité de s'autoréguler. Ce n'est pas comme si on était dans un monde pré-68 (pour caricaturer) où la hiérarchie scolaire était encore trop rigide et où aucun dialogue n'était possible. Là, on est à appliquer des méthodes proches des questionnaires de satisfaction utilisés par bien des entreprises privées, que ce soit pour les yahourts à la fraise ou un voyage organisé au Pérou, ce qui confirme un peu cette tendance dont je viens de parler, à la vision du prof comme prestataire de service.
Donc bon (paye ton pavé!), il y a sûrement là une bonne question à poser, sur l'évaluation des enseignants et les difficultés de communication prof/élèves, mais je me demande si le problème que cela soulève et que les filles ont déjà développé, à savoir l'idée que cela enfonce encore plus les profs, à commencer par les plus fragiles, et que le contexte actuel est déjà très largement défavorable aux "profs" en général.