zizi-lanounouille;4594489 a dit :
J'ai trouvé l'intervention de l'homme expliquant a son nounou qu'il ne devait pas se laisser dominer par sa femme intelligemment fait, dans le sens où il est lourd, on voit bien qu'il ne peut pas avoir une influence sur l'autre qui l'envoie d'ailleurs ultra poliment chier.
@Acathe aussi a eu un doute devant cette scène et moi sur le coup je me suis demandé : c'est fait pour dénoncer les "bien-pensants" qui se permettent de donner des conseils avec un petit côté supérieur alors que de leur côté c'est pas mieux? Mais la vidéo est pas claire là-dessus et vu que tout est un peu "forcé" à mon goût, j'ai trouvé cette insistance lourdingue dans le ton du reste du court-métrage et j'ai pensé que le héros servait surtout à mettre en mot le fait que le nounou se fait maltraiter.
En fait, je pense que si l'idée était de dénoncer le voile comme arbre qui cache la forêt de la société entière, ce n'est pas assez clair.
Evoquer le voile au nom du féminisme, ça a quand même pas mal tendance à être récupéré par les islamophobes et donc quand un thème est aussi sensible, je pense qu'il vaut mieux s'exprimer de manière limpide et bien montrer qu'on approuve pas le ton moralisateur du héros par exemple.
Or là, je pense que beaucoup de gens risquent de le comprendre comme "il essaye d'ouvrir les yeux au nounou mais il est tellement soumis qu'il ne veut rien entendre" plutôt que "il croit que le nounou a besoin d'être sauvé par lui, alors le problème se situe à l'échelle de la société, pas d'une religion".
titien;4594690 a dit :
Pour la scène des racailles, c'est dommage oui qu'il réplique comme ça mais en même temps je pense que le court métrage s'adresse plus aux hommes qu'aux femmes et c'est aussi une façon de rappeler pourquoi non, c'est pas si simple que ça de dire "ta gueule".
lapetitecarabosse;4594644 a dit :
Enfin je pense (ça n'engage que moi, mais après discussion avec plusieurs hommes dans mon entourage sur ce court métrage c'est mon ressenti) que le fait que l'homme ait répondu aux agresseurs (contrairement donc à la majorité féminine silencieuse), ça les aide à se rapprocher du personnage.
J'explique (enfin j'essaie ^^): quand je parle de cette scène avec mes amis et qu'ils essaient de s'imaginer la même scène mais avec le caractère masculin qui prétendrait juste ne pas entendre et se depecher de partir, ben ils se détachent du personnage, ils perdent l'identification.
Parce qu'ils n'arrivent pas à imaginer qu'on puisse ne pas répondre et se défendre. ça n'en est pas moins notre quotidien, hein
Ok, c'est vrai, je n'avais pas pensé à cette éventualité.
C'est possible que la réaction du mec soit volontairement celle de quelqu'un qui n'a pas été usé par des années de harcèlement justement parce que la cible ce sont les gens qui ne comprennent pas le harcèlement.
Par contre, je pense que ça aurait quand même pu être plus "réaliste" tout en gardant cette idée à l'esprit.
Là, dans la vidéo, les racailles font chier le héros alors qu'il n'est pas en mesure de répondre puisqu'il est au téléphone. Le temps qu'il raccroche, elles l'ont déjà laissé tranquille et sont loin... même il les rappelle encore et encore alors qu'elles s'éloignent.
Je crois que pas mal de filles qui vivent dans des quartiers à harcèlement seront d'accord pour dire que la situation qu'il a vécu, on la perçoit plutôt comme une "chance" du style : "ok, ce sont de gros relous mais ils n'ont fait que m'interpeler de loin et ils sont partis sans rien attendre de moi". ATTENTION, je ne dis pas du tout que c'est normal mais simplement que le fait que les filles n'aient pas l'intention de s'attarder, ce serait probablement un soulagement comparé à des situations plus insistantes.
Donc je pense que pour montrer le gars qui se "défend" on aurait pu trouver une situation intermédiaire, où la réaction vive et obstinée du héros serait plus cohérente. Par exemple, qu'elles le touchent avant de partir ou qu'elles restent plantées devant lui un moment.
La scène des racailles qui "rigolent" et "rien de plus" arrive souvent, mais pour moi ça aurait pu plutôt remplacer le clochard par exemple.
Enfin, je ne suis pas hyper enthousiaste par le fait que les deux engueulades du héros se heurtent à des violences potentielles et que la fuite soit sa seule option pour "survivre". Parce que même si l'espace public est parfois violent physiquement, les statistiques montrent que la violence physique subie par les femmes n'est pas celle que l'on croit et a lieu dans l'espace privé avant l'espace public.
Je ne dis pas qu'on ne se fait jamais agresser dans la rue en tant que femme mais que l'exclusion des femmes de l'espace public et sa justification (elles ne doivent pas sortir car elles vont se faire agresser du fait de leur genre plus que les hommes) ne colle pas avec la réalité statistique. J'aurais aimé qu'on montre ll'atmosphère qui créé la peur plutôt qu'on nous fasse penser que le viol ou les coups est la seule issue pour une femme qui réagit aux agressions verbales.
Mais c'est vrai que la cible est peut-être différente.
tusaistousser;4593644 a dit :
morganegirly;4593595 a dit :
Quand elle marche dans la ruelle sombre, on est inquiet pour elle (et je trouve que les murmures ne servent pas le film du coup) parce qu'elle n'a pas la démarche qu'aurait un mec vénère qui va chercher sa voiture sans se préoccuper de son environnement.
Je suis plutôt d'accord avec toi sur l'ensemble de ton commentaire, mais juste sur ce passage, personnellement je ne l'ai pas compris comme ça.
En fait, j'ai vu cette fin comme le fait de replacer qu'en réalité on vit dans un monde où c'est la femme qui subit ces oppressions et ces violences là, les murmures et le fait qu'elle marche de façon inquiète la nuit symbolisant les phrases typiques du harcèlement de rue envers les femmes et le sentiment de peur que ressentent pas mal de femmes.
Je peux me planter, mais le fait que le mari lâche un "salope" un peu hors-contexte quand elle s'éloigne me fait plutôt pencher pour cette hypothèse là.
En fait, je n'ai pas été hyper convaincue par la fin parce que je n'ai pas eu le temps de me mettre dans l'ambiance qu'on me ramène déjà à "la vraie place des femmes".
Comme les acteurs ne m'avaient pas l'air de vraiment croire à cette inversion, j'ai trouvé que retrouver "l'ordre des choses" desservait le propos.
Surtout que l'actrice qui faisait l'épouse dès le départ gardait cette attitude un peu trop douce qui ne me parait pas coller avec quelqu'un qui a été élevé pour dominer. C'est pour ça qu'avant les murmures, je n'ai pas pu m'empêcher de penser "elle se promène seule!" avec inquiétude en ayant déjà oublié que dans ce monde-là, ce n'était pas un problème pour elle normalement.
Par contre, le "salope", je l'ai plutôt compris comme le fait que cette insulte n'a pas la même valeur dans une société non-patriarcale puisque l'épouse n'a pas l'air d'être blessée ou de le prendre très au sérieux.
Ce serait comme le "connard" qu'on lancerait à un mec et qui serait dénué du sens "femme pas respectable", "à la sexualité douteuse" du salope.
Donc pour moi, ça c'était pas mal comme idée.
dana-scully;4593974 a dit :
Je pense que ce que MG veut dire ce n'est pas que le sexisme n'est pas subtile, c'est la façon dont c'est montré qui ne l'est pas, le trait est forcé et on tombe un peu dans le pathos. Peut-être que ça aurait été bien plus cru si justement ils avaient pris le parti de présenter les choses sans fioriture.
(...)
Moi ce que j'ai aimé c'est le rapport au corps et à l'espace. Voir des femmes courir torse nu, et l'une d'entre elles pisser dans la rue.
Je trouve que le viol n'était pas forcément nécessaire par contre (justement si le sexisme est si dur à supporter ET à prouver, c'est que même sans viol, les femmes subissent D'AVANCE tous les comportements destinés à lui faire comprendre que ça peut lui arriver à tout moment et que si c'est le cas on ne la prendra pas au sérieux, c'est cette ambiance qui est étouffante).
Oui, le "trait est forcé" exprime bien ce que je voulais dire!
Sinon je suis d'accord que le rapport du corps dans l'espace est intéressant et j'ai trouvé très crédible et bien fait les scènes du jogging torse nu, des filles qui font pipi dans la rue ou même au départ des hommes qu'on voit voilés marcher dans la rue.
Pour le coup, c'était deux-trois trucs un peu "perturbants" qui m'ont interpellée et sur lesquels l'inversion de genre avaient un vrai effet à mon sens.
Pour le viol, comme je l'ai dit, je suis un peu d'accord. Nos stratégies d'évitement dans l'espace public sont souvent construites sur la peur du viol (induite par le discours social) plus que sur sa vraie possibilité. Et les "rappels à l'ordre" sont liés aussi à une sexualité qui n'est pas forcément si réelle.