À toutes les madmoiZelles :
J'ai cru inutile de répondre dans cet article à ce que j'avais déjà pu voir sur Twitter et ailleurs concernant sa manucure. J'avoue être déçue de réaliser que tant de personnes (sur notre page Facebook) en sont à relever ce détail (mais rassurée de voir qu'ici, d'autres tempèrent). Certes, c'est un détail malheureux : je concède bien que les ongles travaillés ne sont pas exactement l'apanage des sans-abris que je croise près de chez moi. Mais ce détail suffit-il à rendre illégitime le témoignage de Mallaury Nataf ? Faut-il être un idéal-type du pauvre pour être crédible ?
Alors évidemment, c'est deux poids deux mesures : a priori, Mallaury Nataf n'est pas « la moins bien lotie » des sans-abris, puisque 1. son succès passé lui vaut une couverture médiatique aujourd'hui, 2. elle ne fait pas partie des « grands exclus » que je mentionne aussi dans mon papier (ceux qui n'ont plus de tissu social), puisqu'elle a visiblement quelques amis pour l'héberger, 3. cet « appel au secours » (comme elle le qualifie elle-même) va très probablement lui amener une vague de solidarité de la part de ses anciens camarades de la télé.
Mais ce papier, on ne l'a pas voulu « gratuitement people » : on a refusé de vous livrer l'information brute telle une anecdote genre « tiens, le saviez-vous ? Lola est à la rue, ohh ! »
On en a parlé ce matin avec Fab et on est conscients que les SDF, c'est un peu un marronnier dans la presse quand l'hiver arrive. On sait aussi que l'affaire Mallaury est avant tout relayée parce que Mallaury a le privilège d'être une ancienne de la télé.
Et donc ? Sa situation n'est qu'un cas pointé du doigt dans l'océan de cette grande majorité silencieuse. C'est ce que l'article sous-entend et comme beaucoup, on s'émeut aussi de constater que Mallaury fait avant tout parler parce que son parcours est une information-produit, autrement dit un truc qui se vend bien parce qu'il relève du spectacle (« descente aux enfers » ou « le conte de Cendrillon, mais à l'envers »). Voilà pourquoi notre traitement de cette information ne se limite pas qu'à l'histoire de Mallaury, mais rappelle aussi qu'elle n'est que l'arbre qui cache la forêt.
Manucure ou pas, comme l'ont souligné d'autres filles ici et sur notre page Facebook : on ne sait pas ce qui a pu se passer. Peut-être qu'une amie lui a fait cette manucure, peut-être qu'elle a pris soin de ses ongles avec un ancien pot. Qu'importe les détails, ils sont tous superficiels : les SDF ne se limitent pas à ceux que l'on croise en bas de chez nous. Alors veillons à ne pas avoir une vision trop « TF1 » de la précarité...
J'ai cru inutile de répondre dans cet article à ce que j'avais déjà pu voir sur Twitter et ailleurs concernant sa manucure. J'avoue être déçue de réaliser que tant de personnes (sur notre page Facebook) en sont à relever ce détail (mais rassurée de voir qu'ici, d'autres tempèrent). Certes, c'est un détail malheureux : je concède bien que les ongles travaillés ne sont pas exactement l'apanage des sans-abris que je croise près de chez moi. Mais ce détail suffit-il à rendre illégitime le témoignage de Mallaury Nataf ? Faut-il être un idéal-type du pauvre pour être crédible ?
Alors évidemment, c'est deux poids deux mesures : a priori, Mallaury Nataf n'est pas « la moins bien lotie » des sans-abris, puisque 1. son succès passé lui vaut une couverture médiatique aujourd'hui, 2. elle ne fait pas partie des « grands exclus » que je mentionne aussi dans mon papier (ceux qui n'ont plus de tissu social), puisqu'elle a visiblement quelques amis pour l'héberger, 3. cet « appel au secours » (comme elle le qualifie elle-même) va très probablement lui amener une vague de solidarité de la part de ses anciens camarades de la télé.
Mais ce papier, on ne l'a pas voulu « gratuitement people » : on a refusé de vous livrer l'information brute telle une anecdote genre « tiens, le saviez-vous ? Lola est à la rue, ohh ! »
On en a parlé ce matin avec Fab et on est conscients que les SDF, c'est un peu un marronnier dans la presse quand l'hiver arrive. On sait aussi que l'affaire Mallaury est avant tout relayée parce que Mallaury a le privilège d'être une ancienne de la télé.
Et donc ? Sa situation n'est qu'un cas pointé du doigt dans l'océan de cette grande majorité silencieuse. C'est ce que l'article sous-entend et comme beaucoup, on s'émeut aussi de constater que Mallaury fait avant tout parler parce que son parcours est une information-produit, autrement dit un truc qui se vend bien parce qu'il relève du spectacle (« descente aux enfers » ou « le conte de Cendrillon, mais à l'envers »). Voilà pourquoi notre traitement de cette information ne se limite pas qu'à l'histoire de Mallaury, mais rappelle aussi qu'elle n'est que l'arbre qui cache la forêt.
Manucure ou pas, comme l'ont souligné d'autres filles ici et sur notre page Facebook : on ne sait pas ce qui a pu se passer. Peut-être qu'une amie lui a fait cette manucure, peut-être qu'elle a pris soin de ses ongles avec un ancien pot. Qu'importe les détails, ils sont tous superficiels : les SDF ne se limitent pas à ceux que l'on croise en bas de chez nous. Alors veillons à ne pas avoir une vision trop « TF1 » de la précarité...