Je me sens proche de ce témoignage en ce sens que la question "qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?" m'a toujours turbo-angoissée. Il y avait les barrières que mon éducation me mettait (si je disais "écrivain" à ma mère elle me sortait le méga-couplet sur le beaucoup d'appelés versus peu d'élus), les barrières que la société me mettait (si tu es bon en maths, fais des maths) et la méconnaissance des métiers (honnêtement, à 14 ans, à part médecin, prof et actrice, qu'est-ce qu'on connaît comme métier ?).
En revanche, je rejoins certaines des Madz sur le problème du financement. Je ne considère pas que mes études me soient "dues" par mes parents, ni par la société. La société et la famille payent pour un certain temps d'études au-delà duquel il faut qu'on ait un boulot pour être utile à la société et rembourser ce qu'elle nous a payé. Une manière de contourner ce problème peut être de travailler pendant ses études, histoire d'être indépendant et libre d'errer comme on le souhaite, une autre peut être de faire des phases études et des phases boulot qui en s'alternant permettent aussi de mettre de l'argent de côté et d'être indépendant. J'imagine qu'on peut trouver d'autres idées aussi.
J'ai un boulot ok mais pas ouf, j'en change bientôt avec l'espoir d'aimer mieux le suivant. Pendant mon premier boulot, j'ai souvent eu des discussions avec des étudiants à vie qui me disaient "non mais tu vois je ne veux pas faire un boulot que je n'aime pas, moi il n'y a que dans l'art que je m'épanouis, c'est pas de ma faute si ça paye pas...". Sans être aigrie, j'avais souvent envie de soupirer et de dire "écoute loulou, tout le monde est comme toi dans le fond. Mais pour que la société fonctionne il faut aussi que l'on effectue les tâches nécessaires qui ne sont pas sexy ni passionnantes. Alors arrête de mépriser ceux qui te permettent de vivre."
Bref, toute cette tartine pour dire que se poser dans la vie (ce que tous les parents souhaitent pour leur enfant en fin de compte) ce n'est pas nécessairement choisir un job qu'on fera jusqu'à la retraite. C'est juste s'assumer, et à partir de là si c'est en changeant de projet tous les cinq ans c'est tout aussi ok qu'en faisant la même chose toute sa carrière. On ne meurt pas non plus de se faire chier au boulot quelques années, si c'est pour faire des économies et construire le projet suivant, ça vaut le coup, non ? Mais je pense que c'est trop demander que de demander à d'autres personnes, même ses parents, de se faire chier au boulot pour qu'on puisse juste kiffer.