Je trouve la polémique franchement idiote. On avait eu le même problème pour les keffiehs, les plaques militaires et même les vestes militaires allemandes. Les bijoux proposés par Mango sont d'une banalité absolue, on en commercialise de semblables depuis bien longtemps, et je ne crois pas que porter une gourmette constitue un affront à la souffrance des descendants des esclaves. Les employés de Mango ont fait preuve d'une stupidité remarquable en affublant de ces bijoux anodins de ce terme, mais ceux qui y voient un signe de la banalisation de l'esclavage sont tout aussi idiots. Moi je crois vraiment que c'est une bêtise d'inattention de la part de Mango, bêtise qui fait le foin de tous les défenseurs du politiquement correct.
On tend de plus en plus vers une banalisation des codes vestimentaires, ce qu'on porte a de moins en moins de signification et ne renvoie plus tellement à l'appartenance à un groupe social déterminé. Les rayures ont connoté le diable, puis les prisonniers et les déportés, Brigitte Bardot dans Le Mépris ou les vacances au bord de mer jusqu'à avoir été complètement assimilées au paysage vestimentaire quotidien. Il en va de même pour le string, quasiment réservé aux prostituées et aux strip-teaseuses jusqu'à sa démocratisation dans les années 90. Alors soit, l'origine des vêtements que l'on porte s'efface avec le temps, mais penser qu'on puisse outrager la mémoire de l'esclavage en achetant un bracelet doré, c'est faire très peu de cas du travail des historiens et de l'école, dont l'influence me paraît plus certaine que celle d'une marque de prêt-à-porter.