@DarkVador-au-sauna Le bon sens d'abord
Le fait de voir un nombre conséquent de films dans une grande variété et en faisant malgré tout des choix exigeants et personnels ça me semble la base évidente d'une cinéphilie au sens étroit du terme. Après j'ajouterais aussi le fait de s'approprier ce qu'on voit, de n'être pas passif, de pouvoir réfléchir et argumenter sur un film, à travers le prisme de sa propre sensibilité et en la nourrissant du coup aussi en même temps. C'est pour cela entre autres que je n'ai pas d'estime particulière pour la boulimie cinéphilique, ça ne garantit en rien d'avoir en face quelqu'un d'intéressant, car l'on peut voir plein de films en en retirant quasiment rien. C'est les traces que cela laisse qui importent. Ensuite chacun variera effectivement de critères plus ou moins discutables, comme le fait d'avoir vu tous les Kubrick et Leone ici par exemple, critère que je conteste personnellement (même si je vois où il veut en venir)
Pour ton exemple, ben s'il ne connaît vraiment que ça, je ne le considérerais pas cinéphile personnellement, ou alors j'inventerais une catégorie de "cinéphile de films d'action", et bof légitime à écrire des critiques sur des films d'un autre genre ensuite. Enfin pas légitime au sens du droit, mais je ne lui accorderais personnellement pas de crédit particulier sur le sujet. Ce qui ne veut pas dire qu'il écrirait forcément des trucs cons ! Mais comme tout un chacun, même novice, peut écrire des trucs intéressants. Parce que la cinéphilie implique une relative variété à mon avis ; et que contrairement à toi, même si je conçois qu'il puisse y avoir une division par genres dans tout art, et que cela est plus logique de comparer et d'établir des critères communs, je pense aussi que l'on peut concevoir une vision absolue du minimum de ce que doit être le cinéma, de ses buts, de ses intérêts, de certains critères généraux, et juger et hiérarchiser aussi au sein d'un art de façon globale.
Pour ta deuxième intervention : oui mais voilà du coup ça dépend de ta définition de l'art en général et de tel art en particulier. Pour moi ça peut pas se résumer juste en un moment sympa. Après ça ne veut pas dire qu'on oblitère même cette qualité là ou d'autres aux œuvres qu'on n'estime pas. On peut rester objectif quant à leurs agréments. Même les plus grands critiques, qui sont vus par le grand public comme des hyper snobs (qu'ils sont rarement s'ils sont bons) ne vont pas nier quand ils passent un bon moment devant un film médiocre. C'est juste qu'à force on développe une estime d'un art, donc une vision précise et des attentes vis-à-vis de lui, et des critères permettant de hiérarchiser, parce que c'est comme ça que fonctionne l'être humain à mon avis, que c'est sain, et que sinon on s'emmerderait pas mal
Quant au classisme, c'est un concept que je connais surtout par rapport à ce qu'on peut y lire aussi, mais auquel je n'adhère pas. Oui les jugements, les idées et les goûts quels qu'ils soient peuvent être liés à une appartenance sociale et donc véhiculer indirectement une violence symbolique. Mais alors quoi ? Si la solution est de censurer ses jugements, je trouve cela absurde et suis absolument contre. Une motivation sensée est de rendre accessible au maximum de gens l'éducation et la culture. Mais pas de s'astreindre à tout mettre au même niveau de légitimité pour n'offenser personne. (Mais bon je veux pas lancer un débat sur le classisme maintenant
)
Si ça vous intéresse comme type de réflexions, surtout sur la non relativité du jugement de goût, vous devriez lire des bouquins d'esthétique, de philosophie de l'art, je commence à peine mais j'y ai retrouvé beaucoup de convictions que j'avais depuis un certain temps.
PS : Je précise que mes smileys n'ont pas vocation à être passif-agressifs mais bien sympathiques