Certaines madz (factrices, fille de facteurs, ou remplaçantes) ont parfaitement répondu donc je vais me retenir d'en rajouter mais sincèrement, c'est un sujet qui revient fréquemment dans les topics je ne comprends pas, je ne supporte pas et sincèrement, j'en ai ras-le-bol de cette récurrence.
Les facteurs sont des personnes comme tout le monde: il y a des gentils, des serviables, et il y a des connards, est-ce sincèrement une raison pour cracher à la gueule de TOUS les facteurs pour autant?
J'ai fait les remplacements courrier, et les remplacements colis. Ne connaissant pas la tournée, au lieu de finir à 13h, je quittais le bureau à 17h (en ayant pris à 6h). En général, je terminais ma tournée vers 16h environ, mais après ça fallait le temps de rentrer au bureau, et ensuite de trier tous les colis que j'avais encore sur les bras:
[ul]
[li]ceux dont je n'avais pas trouvé la boîte aux lettres[/li]
[li]ceux dont le bâtiment était fermé parce que je passais après midi [/li]
[li]ceux qui étaient à faire signer et dont le destinataire était absent [/li]
[li]ceux qui ne rentraient pas dans la boîte et où le destinataire était absent [/li]
[li]ceux qui ne mettaient pas le numéro d'appartement en l'absence d'interphone[/li]
[li]etc[/li]
[/ul]
Sincèrement, je pense que c'est cette partie là de ma journée que j'aimais le moins: tous ces colis à ramener, à ranger, ça me tapait vraiment sur le système. Je n'étais jamais plus heureuse que lorsque je parvenais à distribuer un colis sur ma tournée: je savais que ça me ferait ça en moins à ranger. Alors ça commence à vraiment me taper sur le système, ce côté: "mon facteur est un fainéant, j'ai un avis de passage".
Ensuite, pour ce qui est de monter les étages, je sais que même en l'absence d'ascenseur (et surtout), quand j'arrivais à avoir le client à l'interphone et qu'il me disait: "d'accord, je descends" je m'empressais de rétorquer "non non je monte, vous êtes à quel étage?" car quand j'avais encore 50 colis dans la voiture, je préférais les 10 secondes qu'il me fallait pour monter plutôt que les 30 du client en congé qui n'était pas pressé...
Par contre le truc agaçant voyez-vous, auquel vous pensez pas toujours, c'est quand on sonne à l'interphone, qu'on indique qu'on a un colis à votre nom, et que la personne rétorque: "je vous ouvre" avant de couper la communication. Et là j'ai des envies de meurtre: tout comme vous n'êtes pas devins pour savoir à quelle heure passera le facteur, nous ne sommes pas devins pour deviner votre étage.
Alors certains facteurs vous rendent peut-être pas la vie facile, mais sérieusement, même inconsciemment ou involontairement, les clients ne sont pas tous des anges.
Par moment, puisque inexpérentée, c'est arrivé au numéro 50 de la rue trucmuche que je découvrais, ô désarroi, un petit colis amazon adressé au 2 de la rue trucmuche. Sachant que j'allais finir à 17h, je me disais "merde, tant pis je le distribuerai demain", avant d'être regagnée par mes expériences de jeune adolescente: "et si c'était le dernier CD en date de Muse qui est sorti hier et que la personne avait séché les cours pour être sûre de pouvoir l'écouter le plus tôt possible? Et si cette personne ça avait été toi...?" et dépitée mais fière de mon action, je retournais au 2 de la rue trucmuche, et déposait le colis tout fin dans l'ouverture de la boîte aux lettres.
Une autre fois j'avais un gros colis dans un bâtiment sans boîte normalisée ni interphone. Je suis rentrée, me suis retrouvée devant les boîtes, ai trouvé le nom que je cherchais, et à côté j'ai pu lire un truc du genre: "Facteur, j'attends un colis: mon appart est au 2ième, puis couloir de gauche, ensuite tout droit, la porte avec le tapis qui a des coeurs! Merci de me le monter" et des coeurs dessinés.
J'ai trouvé ça trop chou, trop rigolo. J'ai suivi son itinéraire super compliqué, et j'ai fini par trouver le tapis. J'ai sonné, frappé,... en vain, personne. J'étais trop dèg, j'ai presque hésité à laisser mon numéro tellement je me suis dit: "si ça se trouve elle s'est absentée juste le temps d'aller au ptit casino".
Enfin bref, arrêtez de globaliser comme ça, pour certains facteurs vos propos sont peut-être véridiques, mais il y a des personnes qui vous lisent, qui sont à la fois cliente et factrice, et pour nous c'est terriblement vexants: il m'est arrivée de faire des erreurs, probablement même si je ne sais pas lesquelles (le colis coincé dans la boîte aux lettres j'ai failli par exemple, par chance je m'en suis rendue compte avant de quitter l'immeuble, mais bon, tant qu'on ne l'a pas fait une fois je ne suis pas sûre qu'on y pense) mais dans l'ensemble j'ai toujours essayé de faire mon travail le mieux possible & avec le sourire. Chaque colis distribué est un colis en moins à ramener et trier à la fin de la journée, et surtout le plaisir d'imaginer le client rentrer chez lui après une journée de boulot en disant "chouette, mon bouquin d'amazon est arrivé" ou "mes robes asos sont là" ou même de voir son sourire en signant mon bout de papier: "oh, super, il est déjà là, c'est un cadeau pour mon petit-fils". Enfin moi j'entends ça je suis contente, alors que quand je mets l'avis de passage ça me fait chier, pour commencer je me dis: "putain j'ai promené ça pour rien -_-" mais en même temps je vais pas me dire "je mets pas d'avis je repasserai demain" car si le client bosse le matin, ben je peux repasser je le verrai jamais!
Enfin voilà arrêtez, c'est relou, vexant, et par conséquent erroné: tant que vous n'avez pas bossé la poste, vous ne savez pas réellement ce que c'est. La première fois et combien même mes parents sont tous les 2 facteurs, je me suis dit: "oh, t'es pas con et t'es démerde, tu vas t'en sortir" mais en vérité j'en ai chié pendant 2 semaines, entre le tri qui me prenait 15 ans car je connaissais pas ma tournée par coeur, vérifier les changements d'adresse, demander au facteur lettres où étaient les boîtes aux lettres que je n'avais pas trouvées la veille ("ben quand t'arrives, derrière le deuxième renfoncement à gauche, tu vois? ben elles sont là" - "aaah, y'a des boîtes aux lettres là?!! putain fallait le savoir -_-"), revenir au numéro 2 de la rue quand j'avais loupé le petit colis amazon caché entre les 2 gros cartons... J'arrivais à 6h et repartais à 17h sans avoir mangé le midi, et certains soirs je n'avais même pas le courage d'attendre que le dîner soit prêt et j'allais me coucher en espérant être moins fatiguée le lendemain (et accessoirement je me suis vue perdre 3 crans de ceinture en 6 jours de boulot, donc autant de pantalons désormais difformes et trop grands).
Voilà voilà, c'est un pavé, mais j'espère que quelques unes auront pris le temps de me lire et y réfléchiront. De nombreux facteurs se donnent du mal, ont la volonté de bien faire malgré les tournées chronomotrées (6 secondes pour mettre le courrier dans la boîte aux lettres du 10 rue machin, 4 pour la batterie de 4 boîtes au 12... oh le client arrive, ben tiens je vais quand même mettre le courrier dans la boîte, le "bonjour" n'est pas compté dans mon temps de travail, l'attendre non plus... Ben ça on ne le fait pas je crois, mais si on voulait appliquer la théorie des cadres qui n'ont aucune connaissance du terrain, on devrait), et c'est vraiment triste de lire qu'au final, ceux qui comptent, ceux qui marquent, ce sont ceux qui déposent l'avis de passage sans sonner et non ceux qui perdent 5min de leur temps à suivre l'itinéraire compliqué à la recherche du tapis à coeur pour pouvoir distribuer le colis ardemment désiré...