Mon mec veut s’engager dans l’armée, et ça me dérange

[LadyOscar]

J'adore comment un glissement est opéré par certaines personnes de l'extrême-droite vers la droite. La critique sur l'armée qui a été faite initialement est que les militaires votent majoritairement à l'extrême-droite, pas juste à droite. Pour préciser les choses, majorité relative pour les militaires (et j'ajouterais majorité absolue pour les policiers) d'après les sondages. Au passage, j'invite la personne qui confondait les termes "majorité" et "tous" à vérifier la différence entre majorité absolue et majorité relative.

 

[Budgies]

Pour revenir au sujet de l'article : je dirais aussi à la Madz que tout dépend du type de sociabilité qu'affectionne son copain habituellement et de ses attentes. Est-ce qu'il est du genre bande de mecs/on est sexiste mais c'est pour rire/et on gueule dans la rue alors qu'il est 23h10 à la base ? Est-ce qu'il est/veut être pote avec ses collègues ? S'il est potes avec ses collègues, est-ce que ça veut dire qu'elle aussi doit les voir régulièrement ? est-ce qu'ils vont venir chez eux, sortir ensemble régulièrement ? est-ce qu'il s'attend à ce qu'elle fasse à manger pour tout un régiment deux fois par mois ?
Dépendant de ses réponses, et de comment seront effectivement lesdits futurs collègues, y'a moyen que ça se passe tranquillement.

 

[haricotbleu]

Je sens que je vais le regretter, mais je me lance.
Attention, je vais défendre l'armée ! et même la droite. Si certaines préfèrent ne pas lire je comprends, je met en spoiler.


Personnellement, je ne nie pas que l'armée et la police sont majoritairement de droite ou d'extrême droite.
Pour ceux qui s'engagent avec l'idéal de protéger les autres, de défendre son pays et sa tradition, qui sont dans le délire (certes archaïque mais séduisant) de la noblesse d'épée, ça paraît assez logique de voter pour des partis qui mettent en avant la mise en valeur de l'identité traditionnelle française et la sécurité (je parle idéologie générale, pas de concret ni de jugement bien ou mal).
Par ailleurs je fais vraiment le distingo entre l'individu et l'opinion politique.

Ma grand mère vote à droite, et penche un peu vers l'extrême droite, et c'est la personne la plus gentille et dévouée aux autres que je connaisse. Elle garde ses opinions pour elle, sauf quand je demande à ce que nous en discutions, elle fait l'effort de comprendre et de respecter mon point de vue. Par ailleurs elle n'est ni raciste, ni sexiste, ni homophobe. Mais elle se perds complètement dans les débats d'identité de genre et est fermement contre la GPA, soit les points les plus clivants diabolisés par l'extrême droite.
En revanche elle est xénophobe. La France d'aujourd'hui ne ressemble plus à celle de son enfance et ça lui fait peur, elle ne trouve pas que l'évolution est positive sur certains plans (notamment certaines différences d'éducation qui peuvent s'exprimer dans les lieux publics et qui dans sa culture à elle constituent de l'impolitesse, du non respect des autres, ou le fait qu'il n'y a plus un seul boucher qui ne fait pas du halal à son marché. Des détails pour certains, des faits qu'elle grossit à la loupe dans son cas). Ce qui est bien avec elle c'est qu'elle est très ouverte à la discussion et très empathique, elle réfléchit sincèrement à ce que je lui dis et essaye de voir les choses sous un autre angle, avec plus ou moins de succès. Face à elle, je ne peux pas faire moins et cracher sur ses ressentis, même si je ne partage pas ses croyances.
Bref, j'ai plusieurs personnes dans mon entourage que j'estime et apprécie malgré des avis divergents politiquement (et non humainement). Bon, j'admets qu'en dehors du 3e âge, je ne connais personne qui vote extrême droite (parmi les gens dont je suis assez proche pour savoir qui ils votent, ce qui est loin d'être le cas de tous les gens que je fréquente et apprécie). Mais droite oui, et même sans voter extrême droite, ils peuvent ne pas avoir la répulsion que j'éprouve pour ce parti. De la même manière que je vote à gauche, mais que parfois ponctuellement certaines mesures d'extrêmes gauche ou au contraire plus centristes me parlent.

Pour prendre l'exemple de mes amis policiers, je conçois que ce soit difficile de ne pas développer de biais xénophobes quand tu es confronté toute la journée à des incivilités et infractions/délits plus ou moins violents de personnes dont on ne peut pas manquer de remarquer à la longue que ce sont souvent des français d'origine étrangère ou des étrangers. Alors les plus intelligents rationalisent, c'est une déformation professionnelle, c'est le secteur géographique et le métier qui veut ça, il y a des facteurs socio économiques en jeu qui expliquent le phénomène, le système d'intégration est défaillant, la ghetoisation orchestré par les gouvernements est aussi en cause, le manque de moyen, de prise en charge, etc. Mais c'est toujours plus compliqué de rationaliser un ressenti. Et pour autant, ces policiers que je connais personnellement, biais ou pas biais, c'est le genre bon samaritain qui vont toujours chercher à aider les autres, quel que soit leur origine, en uniforme ou en civil. Néanmoins on peut comprendre parfois l'enthousiasme modéré et la lassitude d'avoir affaire a des gens agressifs envers toi en tant qu'individu à cause de ce que ta fonction représente (en face les victimes de racisme ressentent la même chose, c'est un cercle vicieux). Je dirais aussi que quand tu es quotidiennement confronté à de la violence et du rejet, tu t'endurcis, tu t'habitues.
Je ne nie pas qu'il y a beaucoup de policiers qui sont des enfoirés, des clichés sur pattes, qui n'ont aucun sang froid, aucun professionnalisme, et qui sont allés dans la police non par vocation mais par défaut (car il suffit d'un bac pro/général et de réussir un concours dont le niveau est sans cesse tiré vers le bas) et/ou pour jouir de l'autorité et de la violence légale. Le policier voyou en somme. D'ailleurs les policiers qui sont entrés dans la boîte par vocation sont souvent en souffrance. Ils se sentent impuissants, en perte de sens, et quand ils peuvent agir, la hiérarchie ou le système judiciaire ne suit pas toujours derrière. Comme toute la fonction publique, les conditions de travail et de formation dans la police se sont nettement dégradées. Je pense que ça ne doit pas être plus reluisant dans l'armée.

Pour finir je dirais que mon compagnon aime beaucoup l'armée. Quand il était petit, il allait chez les scouts en camp d'été et pour lui qui se faisait harceler à l'école et qui avait une situation familiale pas terrible, ça l'a beaucoup aidé. Il y a trouvé de son côté des valeurs d'entraide, d'inclusion, valeur du travail, un côté retour à la nature, à la simplicité et l'apprentissage de l'autonomie. Il y a rencontré la personne qu'il considère depuis comme son frère. Il a été dans la marine, puis réserviste. C'est une communauté finalement, comparable à d'autres.
Et il est devenu policier dans une volonté de servir et d'aider les citoyens dans le domaine de la justice et sur le terrain.
Il pense que la violence est inéluctable dans le monde tel qu'il est, que c'est utopique de penser le contraire, qu'un changement peut s'opérer mais que ce sera sur du long terme, et qu'en attendant il faut avoir les moyens de se protéger, de dissuader l'attaque. Je comprends. Je pense même parfois qu'il pourrait avoir raison. Cela n'empêche pas que l'armée et la police ont des dérives souvent graves, dont il est conscient. Il préfère lutter de l'intérieur par conviction personnelle. Mais nous avons régulièrement des débats sur la gravité des polémiques très médiatisées. Même quand on est pas d'accord, je trouve toujours son point de vue intéressant, différent.

J'ajoute que le cliché du militaire strict et coupé au carré ne corresponds pas à mon copain (bordélique, mal coiffé, mal rasé, mal fagoté ).

Bref, tout ça est super brouillon et uniquement basée sur mon expérience personnelle et sûrement pleins de contradictions et superficiel, la réflexion n'est pas poussée très loin. C'était pour apporter un peu de nuance, un ressenti différent. Je pense que la madz peut essayer d'encourager son homme à réfléchir à ce que signifie l'armée pour lui. Si elle l'aime, qu'elle pense que c'est une bonne personne, qu'elle arrive à comprendre et compatir avec les raisons et valeurs qui le portent vers l'armée, je ne vois pas pourquoi ce serait rédhibitoire sur le principe. L'armée est loin d'être parfaite et clean, mais nous avons tous nos contradictions (après tout, je ne suis pas vegane malgré mes beaux principes).
Par contre, côté pratique c'est un engagement qui peut être très impactant comme cela a déjà été dit, selon le poste occupé, donc il faut bien peser cet aspect. Pourquoi pas se renseigner, faire un test, et peut être que cette expérience mènera à autre chose ensuite qui sera totalement différent.

J'espère n'avoir blessé personne.
Je suis probablement influencée par mon goût immodéré de l'heroic fantasy et des films de guerre épiques ^^'

Je ne sais pas si je répondrais aux éventuelles réponses car je ne me sens pas la force de me lancer dans un débat polémique mais je lirais.

 

[Nytaas]

@haricotbleu
J'aimerais bien savoir quelle différence tu fais entre racisme et xénophobie sachant que

1/ tu mets dans la même phrase

des français d'origine étrangère ou des étrangers

2/ je ne connais pas grand monde qui se promène dans la rue avec sa carte d'identité sur le front. Il y a donc clairement un biais raciste au moment de décider qui est français ou non, ou plutôt qui a l'air suffisamment caucasien pour être respectable. Je ne crois pas qu'on s'inquiète du grand remplacement par les Anglais en Dordogne (détrompez moi si c'est faux)

Tu n'es pas la première que je vois faire la différence et je ne comprends sincèrement pas

Edit : je me permets de citer malgré le spoiler car tu précises que c'est pour la sensibilité des lectrices. Je peux mettre en spoiler ou déciter si tu le souhaites

 

[haricotbleu]

Spoiler: perso

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[Arrrum]

Je lis ce topic en sous-marin depuis le début et je suis aussi frappée par le glissement qui s'est (volontairement ou involontairement) opéré entre droite et extrême droite . Ce n'est quand même pas exactement la même chose (à la base, ou théoriquement hein mais dans le climat politique actuel c'est vrai que ça se discute...)...

Mais surtout j''ai une question, qui me taraude depuis des années, et qui à la lecture de certains commentaires ici revient de plus belle dans ma tête. Il me semble avoir lu à plusieurs reprises l'idée selon laquelle "ce n'est pas parce qu'on votre extrême droite qu'on est raciste".
Bien, admettons que cela soit vrai (à titre personnel je trouve ça très discutable) et que des personnes qui ne sont pas (ou ne se pensent pas) racistes votent pour des partis ou personnalités d'extrême droite, dans ce cas qu'est ce que ça veut dire ? Est-ce que ces personnes font abstraction de toute l'idéologie raciste et intolérante inhérente à un candidat ou un parti ? Elles les mettent de côté comme si ça n'existait pas et que ça n'avait pas de conséquences pour de vraies personnes ? Elles se disent "tant pis" pour les personnes racisées ou autre personnes qui sont/seront victimes de cette idéologie là ?
Vraiment ça m'interroge, peut-être que certaines d'entre vous se sont déjà posées la question ou bien qu'elles ont dans leur entourage des personnes team "Je votre extrême droite mais je suis surtout pas raciste".

Parce que du coup si ce genre de personne n'est pas vraiment raciste mais vote quand même RN ou Z par exemple, ça revient quand même à cautionner, à dire "OK" pour toutes les idées et propositions racistes et intolérantes de ces gens et dans ce cas je me demande si c'est vraiment "mieux" (dans le sens moins grave) que des personnes ouvertement racistes...

 

[lazaretto]

@haricotbleu je pense que la distinction à laquelle tu fais référence n'est pas racisme/xénophobie mais racisme biologique/racisme culturel. Le racisme culturel est le vernis "sympa" du racisme biologique, c'est-à-dire qu'on n'est pas dérangé par la présence de quelques Noirs ou quelques Arabes, du moment :
- qu'ils chantent la Marseillaise
- qu'ils ne soient pas trop nombreux non plus
- qu'ils se souviennent bien de ce qu'ils doivent à la France
- qu'ils oublient bien le passé colonial

Je te conseille les travaux de Mathieu Rigouste ou Didier Fassin (plus soft) sur la police.

 

[Rocksteady]

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[Marre des]

@Rocksteady ta réflexion va quand même bien loin je trouve le mec n'a pas nécessairement un cliché de l'armée qui l'attire.
On peut tous extrapolé sur ce que le mec connaît ou non de ce corps de métier. Il a peut-être lu un article (sur madz ils en ont écrit mais c'était des femmes militaires), il y a des articles de presse, des reportages,...

Le vrai problème selon moi, c'est vraiment de vouloir "contrôler" la vie du copain, c'est à dire, ne pas le laisser faire ses choix, vouloir qu'il aille voir un psy, un coach...(au niveau des conseils donnés mais elle peut très bien les appliquer) Parce que la copine a peur (ça peut se comprendre, et encore), chacun sa vie, son choix la seule chose qu'elle peut faire, c'est discuter de ses peurs, de savoir pourquoi l'armée, dans quel corps, et accepter (en restant avec ou en le quittant si c'est trop difficile pour elle si effectivement il s'engage)

Si mon mec voulait m'empêcher de faire tel ou tel métier, tel ou tel loisirs, parce qu'il a des idées fausses remplis de clichés, je ne reste pas avec lui. Là c'est pareil.

 

[Rocksteady]

@Marre des

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[Marre des]

@Rocksteady ce que je comprends dans ce que tu dis, c'est que tu crois que le copain veut s'engager dans l'armée par rapport aux clichés de l'armée. Je n'ai pas cette lecture quand je lis l'article et c'est pour cela que je trouve que c'est aller loin dans ta réflexion. Les clichés ont la vie dure et c'est peut être justement pour lutter contre ces clichés, prouver que c'est faux, que le copain veut s'engager, ou tout autre raison, pas nécessairement parce qu'il est d'accord avec les clichés (c'est peut être le cas mais dans cet article c'est la copine qui a des peurs, des clichés en tête, sans en avoir parlé avec son copain)
On peut entendre voir comprendre la peur de la copine, par contre si elle ne discute pas avec son copain, si elle suit les conseils donnés par madz, qui enfonce également les clichés, ça n'ira qu'à l'échec.
La seule chose à faire c'est la discussion et accepter le choix de son copain. Et la il y a 2 choix : rester avec (même s'il s'engage) ou le quitter car trop insupportable pour elle d'avoir un copain dans l'armée (s'il s'engage vraiment).
Elle ne peut pas décider pour lui, qu'elle l'aime ou non.

 

[Rocksteady]

@Marre des

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