Le harcèlement pour moi c'est non dans tous les cas - et pour répondre à
@Calamity Jane , non je ne fais pas une gradation des souffrances. Par contre je trouvais fallacieux ce que
@Bellinda tentait de faire passer, en comparant un élève de couleur/lgbtq/souffrant d'un handicap/venant d'un milieu défavorisé à un élève favorisé, de manière à mettre en balance ces différents statuts. Un élève venant d'un milieu favorisé peut être évidemment harcelé, pour statut social ou d'autre raison. Mais son statut social ne va pas l'exposer à un risque élevé de discriminations systémiques. Pour moi, tenter de mettre à égalité des positions différentes dans la société c'est vouloir gommer l'existence de ces discriminations systémiques. Mais ce n'est pas pour autant que je remets en question les expériences personnelles d'harcèlement partagées ici, quel qu'en soit la nature.
Et c'est aussi important de souligner que les idées de l'extrême gauche sont carrément inaudible dans le discours public alors que celles de l'extrême droite sont devenues plus mainstream. Tentez de proposer la mise en place de kolkhoze ou de goulags pour la classe ennemie ou encore, plus soft, de supprimer la propriété privée, ça ne sera pas du tout recevable, par contre c'est courant de pouvoir parler librement de limiter la migration - même celle liée à l'asile - ça s'est même démontré lors de la crise humanitaire qui a frappé la Syrie lors de la dernière décennie - quelques dizaines de milliers de refugiés ont été accepté sur le territoire français avec pour comparaison l'Allemagne qui a pris un million de refugié. Ou encore que les droits des travailleurs ont été rogné et qu'il est courant d'entendre des propos sur ces paresseux qui ne veulent pas bosser.
Il est possible cette année que pour la troisième fois en une vingtaine d'année qu'un candidat d'extrême droite soit face à un candidat de (centre)-droite. Ça montre l'importance de la mouvance d'extrême droite dans la population qui s'accompagne d'une banalisation de propos contre les étrangers, les personnes LGBT+, les personnes défavorisées, discriminant envers les femmes - pour rappel Zemmour a culpabilisé les mères célibataires - ces bougresses en se séparant de leur compagnons (parce que c'est bien connu les hommes ne quittent jamais leur partenaires) coûtent à l'Etat.
Faire partie d'une minorité ciblée constamment par la droite et l'extrême droite c'est comme un vécu différent que de venir d'un milieu favorisé. Je le répète, je trouve innacceptable le harcèlement d'un enseignant ou de ses camarades envers un élève, quel que soit leurs statuts respectifs. Mais l'argument de Bellinda c'est, à mon avis, une stratégie pour détourner la conversation qui portait sur l'armée et sa composition.
Pour en revenir à l'article en lui-même, l'autrice de la lettre fait part de ses préjugés, elle le dit bien elle-même. La réponse est un peu maladroite - d'ailleurs je ne suis pas sûre que l'humour se prête bien à une sorte de courrier du coeur.
Je pense malgré tout que l'article aurait malgré tout pu ouvrir un débat sur l'image qu'on se fait de l'armée, de nos préjugés - et au fond, que sait-on d'elle, de ses actions et pourquoi on peut ressentir un malaise d'avoir quelqu'un de très proche qui s'engage dans celle-ci? Une certaine méfiance de l'armée ne me paraît pas aberrant en vue des inactions commises par des troupes armées depuis toujours. Et paradoxalement on (en tant que société) bénéficie de la présence d'une armée (je sais que ce point peut se discuter) malgré le fait que ces dernières décennies les droits humains se sont de plus en plus imposé dans notre vision de construction de la société. Il y a un paradoxe entre nos valeurs démocratiques d'Occidentaux et ce que les armées font à l'étranger - et que souvent on ferme les yeux. C'est aussi des sociétés de plus en plus militarisées qui ont conduit aux désastres du 20e siècle, avec par excellence les fascistes, les dictactures militaires ou encore communistes. Je pense que c'est ce qui fait le plus peur par rapport aux extrêmes. Et dans un contexte où c'est plutôt une droite dure qui est en puissance, c'est normal que c'est l'extrême droite qui cristalise le plus de peurs pour une partie de la population, d'autant plus si elles se sentent visées en tant que minorité ou par son genre par celle-ci. Je verrais les choses différemment si l'extrême gauche avec une vision stalinienne deviendrait normalisée mais on est d'accord que c'est pas le cas. C'est dans cette perspective que le débat entre l'extrême droite et l'extrême gauche me paraît biaisé parce que les deux n'ont pas le même poids et la même influence de nos jours.
Alors oui effet, comme l'autrice de la lettre je serais surprise si mon compagnon m'annonce demain qu'il s'engage dans l'armée, et bien que je sache que tous les militaires ne votent pas pour l'extrême droite, c'est quand même une plus grande proportion que la population générale. Ça + le flou que je ressens par rapport aux missions de l'armée et une histoire pas forcément tendre envers le rôle de l'armée, ça me mettrait mal à l'aise.
Bien sur mon inconfort peut se relever injustifié, mais je pense que l'autrice de la lettre peut exprimer ses peurs sans que celà entraîne une critique envers tous les individus qui composent l'armée. C'est dommage que ce débat ait été dilué parce que je pense qu'il y a plein de choses intéressantes à dire.