Je veux bien croire qu'il y ait des cas isolés d'enseignants qui s'en sont pris à des élèves de milieux aisés par pure malveillance (je vous avoue qu'à titre personnel ça me paraît vraiment peu crédible mais bon soit
)
En revanche, mettre sur le même plan ce phénomène avec la discrimination exercée à l'encontre des élèves racisés et/ou de classe populaire, en ayant l'air de dire que l'impact et l'incidence dans la vie de tous les jours est la même, c'est vraiment montrer sa méconnaissance du milieu scolaire et des inégalités qui y règnent.
Les élèves d'origine aisée ont un avantage certain au sein de l'école, qui est faite pour eux et pour qu'ils y réussissent. Je parle en termes de statistiques, bien sûr qu'il y a des cas de fils ou filles de PDG qui ont été en situation d'échec scolaire. Mais à l'échelle sociétale, systémique, l'école est faite pour que ce soit les enfants avec un capital social et culturel déjà existant à la base qui y réussissent. Plus encore, l'école est faite de manière à ce que les parents de ces élèves s'y repèrent et en comprennent les codes. Et ça, c'est un avantage énorme. La réussite scolaire d'un élève dépend énormément de ce que les parents peuvent assurer derrière, comprendre les enjeux et communiquer avec les profs. Un exemple tout con : avec la nouvelle réforme de Blanquer, les mathématiques sortent du tronc commun à la fin de la seconde. Ba je peux vous garantir que c'est les parents CSP+ qui ont flairé l'embrouille et poussé leurs enfants à ne pas abandonner la matière, peu importe qu'elle leur plaise ou pas. Parce qu'en devenant facultatives, les maths sont du même coup devenues un outil de sélection +++ pour le post-bac. Un outil de sélection qui ne dit pas son nom. Il faut donc avoir le bagage culturel et social pour identifier les enjeux masqués derrière le fonctionnement du système scolaire.
C'est pour ça que le coup de l'élève de milieu aisé qui se fait maltraiter en cours
par le prof*, j'y crois pas de ouf. Dans le pire des cas, ses parents le mettront dans le privé. Pour avoir bossé dans des établissements favorisés, je peux vous dire qu'en général les parents qui ont des griefs à formuler contre un enseignant n'ont pas de mal à se manifester
Je précise que ce n'est pas de la haine gratuite envers les classes aisées (j'en fais partie), les CSP+ ou les parents qui ont de l'argent. Ce sont juste les faits. Les parents issus des milieux populaires n'ont pas la même capacité à suivre la scolarité de leurs enfants, se sentent moins légitimes à tenir tête aux enseignants ou à remettre en question le système scolaire, etc. Pas par manque d'intérêt, mais pour des tas de raisons : parce qu'ils ne maîtrisent pas forcément le français, parce qu'ils ont eux-mêmes eu une scolarité difficile, qu'ils ne peuvent pas prendre le temps par rapport à leur travail, etc. De fait, un élève issu d'un milieu favorisé et un élève issu d'un milieu populaire ne sont pas égaux dans le système scolaire, ne partent pas avec les mêmes avantages, n'ont pas les mêmes chances de réussir. Ca se vérifie dès qu'on pose le pied dans une salle de classe. Et là, je ne parle qu'au niveau de la classe sociale, je n'aborde même pas la question de la couleur de peau. Même si les deux sont souvent corrélées.
* : à aucun moment je n'essaie de dire que les élèves de milieux aisés ne peuvent pas souffrir à l'école ou être harcelés par leurs pairs. Juste qu'ils ont plus de chances de s'en tirer et de réussir leur scolarité.