Il me manque. Je suis entre un mélange de colère et de tristesse.
Le fait de m'imaginer qu'il vit bien, que je ne lui manque pas, que lui n'est pas triste, qu'il continue sa vie tout à fait normalement, et que bon tout va bien, ça m'agace, ça m'attriste, ça m'énerve.
Je ne veux pas encore être la seule à souffrir, c'est tout l'temps pareil.
En même temps je suis fière de moi, j'ai réussi, j'ai réussi à quitter la personne que j'aime, parce qu'elle ne m'aimait pas, j'ai arrêté de me voiler la face, j'ai pris mon courage à demain, et je l'ai quitté. Certes je suis malheureuse, mais moins malheureuse que si ce petit jeu avait continué.
Je me pose plein de question sur le déménagement. Est ce qu'un jour seulement je reviendrai vivre avec mon père ? Je ne pense pas. Mais ça veut donc dire que je doit prendre toutes mes affaires, mes meubles tout, pour notre appartement avec ma mère? Ma chambre sera vide alors. Aucune trace.
Je vais laisser mon chien aussi. Un des trucs les plus durs à supporter. C'est triste à dire, mais les premiers temps il va plus me manquer que mon père. C'était mon compagnon, d'enfance, d'adolescence, et du début de l'âge adulte, et je dois me séparer de lui. Je sens qu'il ne va pas bien, je sens déjà que cette situation l'affecte autant que nous, il sent bien les tensions, et il se "mutile" presque, il a plein de blessures partout à force de s'arracher la peau. J'aimerai rester avec lui, mais je ne peux pas, je me sens mal maintenant ici, en danger.
Lorsque je le vois, lorsqu'il me touche, mes poils se hérissent, mon corps tout entier le rejette, et pourtant je dois faire semblant. Je dois accepter tout ça, en attendant de partir. Et tout ça pour quoi ? Par peur. Parce que si j'entamais cette conversation, on ne sait plus ce qui pourrait arriver. Jamais je n'aurais cru qu'il pouvait franchir un tel cap la dernière fois, et je n'ai nullement envie de me retrouver dans la section "fait divers" dans le journal. J'ai assez donné.
Tout ce que je veux, c'est dormir, pleurer, et oublier.