La meilleure façon que j’ai trouvé de m’intégrer a été d’être... honnête.
Il y a des soirées où ça passe très bien, où le contact se faire assez facilement avec les gens, et parfois, ça se passe mal au point que je parte en crise d’angoisse.
Il y a quelques semaines j’ai rendu visite à un ami d’enfance. Au départ on était chez lui, il y avait sa copine et deux potes que je ne connaissais pas, mais étant un tout petit groupe très ouvert à la conversation, ils m’ont mis à l’aise. Puis les deux potes sont partis et on est allés en terrasse boire un verre avec de nouvelles personnes inconnues. J’étais plus silencieuse mais à l’aise, et on a encore bougé, à un endroit où il y avait plus de monde, de la musique, genre scène ouverte. Tout le monde dansait, l’endroit était très cool, mais mon ami et sa copine connaissaient beaucoup de gens et j’avais beau tenter un peu le forcing pour entrer dans les conversations/dances en cercle, j’avais un peu de mal. Les gens étant éméchés, ils me repoussaient souvent en arrière sans s’en rendre compte, pour parler à la personne de l’autre côté de moi. Mon ami revenait souvent me voir pour savoir si ça allait, pour danser un peu avec moi, mais il était alpagué et j’avais l’imp De ne pas avoir assez de temps pour m’exprimer et j'étais de plus en plus frustrée car l’endroit et l’ambiance étaient vraiment cool. Quand ça s’est fini, il m’a proposé d’aller à un after chez l’un de ses potes et qu’il y aurait moins de monde. Je me suis dit « espace fermé, canapés, j’aurai forcément une personne assise pendant un bon moment à côté de moi, ça sera plus facile ».
On a marché 40minutes pour s’y rendre et je misais de plus en plus sur le canapé qui m’aiderait, parce que d’une je commençais à fatiguer de cette frustration et de deux, l’ambiance n'était plus du tout la même. On s’est retrouvé à 20 dans un petit salon, j’ai trouvé place près de la fenêtre, mon ami d’un côté et un inconnu de l’autre. Par chance, l’inconnu était dans la même situation que moi : d’une autre ville et ne connaissant qu’une seule personne. Par malchance, on avait aucun centre d’intérêt en commun, à part mon ami : mon ami est tatoueur, et le gars avait vu son compte Instagram et voulait se faire tatouer par lui. Ce qui s’est passé, c’est qu’il m’a prise pour une plaquette de pub. Il m’a demandé un tas de truc sur son travail, puis sur mon ami en général (qui intéresse souvent les gens et qui je ne sais pour qu’elle raison, les impressionne. Quand on apprend que je suis amie avec lui, on se comporte très souvent comme s’il était un chanteur connu, et j’ai droit à des « il est comment? Il est sympa en vrai? » et toutes autres questions gênantes auxquelles j’ai envie de répondre que c’est un mec lambda et il est derrière toi si tu veux avoir la réponse.). A partir de là j’ai trouvé que le mec était intrusif et j’ai changé de place. Mais les autres gens n’étaient pas tres ouverts.
J’étais à 900km de chez moi, je ne connaissais pas la ville et la nuit je ne sors jamais seule depuis une agression il y a quelques années. J’étais bloquée sur place. J’ai fait des pauses toilettes de 5/10minutes toutes les demies heures. Mais je devais enjamber tout le monde pour pouvoir m’y rendre et alors que je ne buvais pas, je me faisais remarquer. Mon pote continuait à être sollicité de partout, et je sentais son regard sur moi. J’ai fini par sortir la tête par la fenêtre et y rester. J’ai fait mine de regarder ce qui se passait dehors alors qu’on était au bord du périphérique et qu’il n’y avait même pas le paysage pour le sauver la mise. Les deux personnes qui étaient chez mon potes avaient rejoint la soirée et un d’eux a fini par m’aborder. Il m’a demandé si je m'ennuyais, et je lui ai dit « je n’arrive pas à m'intégrer. Les gens sont entre eux. Je sais pas ce que je fais là et je peux pas partir. »
Il a tiré deux chaises près de la fenêtre et m’a fait parler de ma ville, de mon quotidien là bas. C'était très gentil de sa part, et surtout, il s'intéressait. Il est arrivé à un moment où la crise d’angoisse pointait son nez. Et quand il a quitté la soirée, il est passé par mon ami pour lui dire de s’installer près de moi. Il continuait de se faire alpaguer par tout le monde, mais au moins on était côte à côte et je me sentais sécurisée.
J'étais bien contente quand il m’a proposé de rentrer. Il s’est excusé de n’avoir pas pu profiter comme il l’aurait voulu de ma présence (je crois que sa soirée n'était pas géniale non plus finalement, bien qu’il ait été très entouré).
Mais ce qui m’a sauvé de la crise d’angoisse, ça n’a pas été de faire du forcing, ni d’essayer de m'intégrer. Ça a été de dire à quelqu’un que je n’y arrivais pas et que j’étais coincée.
Je crois que beaucoup de gens sont bienveillants et comprennent cette situation bien que ça ne se remarque pas au premier abord. Mais ce n’est pas parce qu’eux sont dans un contexte sécurisant pour eux que ça veut dire qu’ils le sont partout, tout le temps. Je sais que la prochaine fois que ça m’arrive, je n’attendrai pas des heures pour abandonner les tentatives et me mettre à l’écart, parce qu’il y aura forcément une personne qui viendra me chercher pour me secourir et me mettre à l’aise. Et c’est quand même vachement plus agréable de se sentir accueilli que forceur.