« Nous aurions pu être des violeurs » - de l'importance de l'éducation sexuelle

[lourobert]

Merci énormément pour cet article qui remet beaucoup de choses en question. Un petit peu pour moi, beaucoup par rapport à ma petite soeur qui approche de ses 12 ans et rentre en secondaire en septembre.

J'aimerais aborder la notion de consentement avec elle mais j'ai peur de mal m'y prendre. Je compte bien dans qqs années lui dire que protection, MST tout ça, je veux bien aller lui chercher des préservatifs si elle est trop gênée, mais pour le consentement, je pense que la discussion doit intervenir plus tôt. Parce que justement consentement = aussi pour les bisous.

Vous avez des pistes pour m'éclairer pour une bonne discussion les MadZ ?

Ma sœur aussi a 12 ans, et c'est clair que la question n'est vraiment pas facile à aborder ! Je pense que tu tiens déjà une piste en parlant de bisous : si elle est comme la mienne, elle sera peut-être moins gênée de parler de bisous que de sexe, et en même temps si tu lui inculques le principe respect/consentement pour les bisous, il y a de bonnes chances qu'elle l'applique au sexe plus tard.

Perso, j'essaie de partir de son vécu. Je suis un peu à l'affût des anecdotes qu'elle raconte, du genre "Machine veut pas sortir avec truc parce qu'il veut juste lui rouler une pelle mais elle veut pas", et j'en profite pour lancer la discussion. Ça peut aussi partir d'une série qu'elle regarde à la télé.

Après, j'aime bien lui demander d'abord ce qu'elle en pense, et essayer de la guider pour qu'elle trouve la réponse elle-même. "Et au fait, pourquoi tu penses que Truc veut faire ça ?", ou bien "Et qu'est-ce que tu ferais à la place de Machin ?".

Il ne fat pas non plus que ça devienne lourd. Si elle est gênée ou visiblement ennuyée, j'en reste là. D'ailleurs, souvent, c'est juste signe qu'elle a besoin de temps pour réfléchir, parce qu'elle relance elle-même la discussion plus tard. À mon avis, il ne faut pas chercher à avoir UNE grande conversation, mais plutôt maintenir le dialogue ouvert et en parler un petit peu dès que l'occasion se présente.


J'espère que ça t'aidera. Si vous avez d'autres conseils, je suis preneuse aussi

 

[Janis Harvey]

Ma sœur aussi a 12 ans, et c'est clair que la question n'est vraiment pas facile à aborder ! Je pense que tu tiens déjà une piste en parlant de bisous : si elle est comme la mienne, elle sera peut-être moins gênée de parler de bisous que de sexe, et en même temps si tu lui inculques le principe respect/consentement pour les bisous, il y a de bonnes chances qu'elle l'applique au sexe plus tard.

Perso, j'essaie de partir de son vécu. Je suis un peu à l'affût des anecdotes qu'elle raconte, du genre "Machine veut pas sortir avec truc parce qu'il veut juste lui rouler une pelle mais elle veut pas", et j'en profite pour lancer la discussion. Ça peut aussi partir d'une série qu'elle regarde à la télé.

Après, j'aime bien lui demander d'abord ce qu'elle en pense, et essayer de la guider pour qu'elle trouve la réponse elle-même. "Et au fait, pourquoi tu penses que Truc veut faire ça ?", ou bien "Et qu'est-ce que tu ferais à la place de Machin ?".

Il ne fat pas non plus que ça devienne lourd. Si elle est gênée ou visiblement ennuyée, j'en reste là. D'ailleurs, souvent, c'est juste signe qu'elle a besoin de temps pour réfléchir, parce qu'elle relance elle-même la discussion plus tard. À mon avis, il ne faut pas chercher à avoir UNE grande conversation, mais plutôt maintenir le dialogue ouvert et en parler un petit peu dès que l'occasion se présente.


J'espère que ça t'aidera. Si vous avez d'autres conseils, je suis preneuse aussi

C'est une bonne stratégie de rebondir sur ce qu'elle te dit déjà
@Lydraneha et @lourobert : Je n'ai pas de petite sœur mais j'ai déjà travaillé avec des pré-ados et ados et un truc que j'ai remarqué relativement à des questions qui touchaient aux sexualités (c'était en période mariage pour tou.te.s et des élèves m'ont interpellé là dessus) c'est que (et ce n'est pas une vérité générale, ni une certitude ou quoi, je parle uniquement de mon propre vécu) c'était compliqué pour elles et eux de comprendre quelque chose d'abstrait, c'est à dire qui ne faisait pas forcément partie de leur vie ou de la vie de leur entourage à ce moment là (et donc qu'ils et elles avaient du mal à se représenter) et du coup je suis passée par autre chose, quelque chose de leur vie quotidienne pour faire le parallèle et que ce soit plus concret pour elleux. Du coup, sur la question du consentement, si elle n'a pas encore eu à vivre de situation où la question se posait du point de vue du sexe elle l'a peut-être déjà vécu dans d'autres situations plus "banales" comme le fait de participer à un jeu auquel elle ne voulait pas participer, manger quelque chose qu'elle ne voulait pas manger etc etc. mais qu'on lui a forcer à faire Mon idée ce serait de passer par quelque chose qu'elle connaît déjà pour faire le parallèle ensuite histoire qu'elle puisse se faire une représentation de ce que ça veut dire vraiment le consentement et qu'on peut l'appliquer à tout... Et également parler de soi-même pour qu'elle ait une représentation (un.e référent.e) de quelqu'un.e qui (je ne trouve pas de formulation juste) "applique" cette notion de consentement dans sa vie...

 

[Bouledenerfs]

Merci pour cet article qui etait bien ecrit et vraiment super interessant. Moi par exemple j'ai souvent mal et je ne disais rien, c'est mon copain un jour qui m'a dit si ca fait mal on arrete point. Je trouve super bien dans l'article et les commentaires de replacer le fait que non tous les mecs ne sont pas toujours prets, n'ont pas toujours envie et que c'est normal. Et moi chaque fois que j'ai discute de leur premiere fois avec mes potes c'etait mignon, romantique. Il y en a un qui a pas reussi a manger pendant une journee tellement il en revenait pas de l'avoir fait. Et puis j'ai des potes qui dorment avec des filles sans rien tentes et meme avoir envie de tenter et qui sont capables de pas avoir de relations sexuelles pendant six mois, un an et plus.

LightBlue C'est marrant on en discutait aussi avec des copains et l'un d'eux avait une fois commencer a carresser son ex alors qu'elle dormait, elle s'etait reveillee et l'avait incendie et le mec c'etait rendu compte que son geste etait deplace et n'a jamais recommence. Par contre dans le cas d'un couple si les deux personnes sont ok, par exemple si le mec ca le fait vraiment kiffe de se faire reveiller avec une fellation, je pense que du coup le geste est acceptable. L'important c'est juste que les deux se soient mis d'accord sur ce jeu.

Concernant ta remarque sur les parents j'ai eu le meme genre de papa et pareil je ne sais tjs pas a presque 30 ans ce qu'il voulait me dire. J'etais trop mal a l'aise

Astoria.G Je pense que c'est aussi un probleme de temps allouer a ce sujet. Nous on avait eu une femme qui nous avait explique que c'etait de connaitre son corps, de se regarder en detail dans un miroir et de se toucher si on en avait envie, que le plaisir c'etait important. Tout le monde avait rougi et ricaner betement mais en y reflechissant elle avait raison et a surement decomplexe quelques filles. Par contre jamais entendu parler de consentement, du fait que le viol ca peut aussi etre quand on se force parce que l'autre a vachement envie, etc. J'avais entendu parler du viol conjugal mais j'avais toujours vu cela comme quelque chose de violent.

Manhole Alors moi cette visite au planning familial m'a traumatise. La grande majorite des meufs etaient vierges et/ou n'avaient jamais mis les pieds chez un gyneco. Et cette meuf a passer trente minutes a nous montrer comment se passer les examens puis 20 min sur l'avortement et la pilule. Le reste consentement etc que dalle.

 

[Bouledenerfs]

@Bouledenerfs Si c'est vraiment TRES TRES CLAIR, là ok. Mais en l'occurrence, la fille dont je parle, ce n'était pas le cas. Et puis, pour être honnête, ça me dérange quand même un petit peu parce que ce n'est pas parce que tu aimes une pratique que tu en as envie tout le temps et si tu es en train de dormir, tu ne peux pas dire "non, pas aujourd'hui".

Oui je suis d'accord avec toi. Je disais juste que certains couples sont consentent pour jouer avec les limites.

Sinon y a un truc qui me derange dans pas mal de coms sur ce genre de sujet et je viens juste de m'en rendre compte. J'ai l'impression qu'on est bcp a avoir ete sensibilise au feminisme assez tot, a avoir evolue dans des milieux ouverts. Et pourtant... on est bcp a avoir appris que des choses n'etaient pas normales par nos mecs. Non tu ne dois pas avoir mal, non je n'ai pas tjs envie, non si tu ne kiffes je ne kiffe pas. A quel moment y a eu cet echec ou on etait pas capable de s'en rendre compte seules. Je pense vraiment que plus les garcons et les filles arriveront a communiquer plus les filles arriveront a gagner de l'egalite.

 

[abou333]

Mince, je suis passée à côté de cet article! Qu'importe.

Ça m'a fait penser à ma première fois, arrivée sur le tard - mais là n'est pas la question, à cet âge je n'avais pas encore eu ma révélation féministe. Consentement etc, je n'en avais jamais entendu parler dans les cours d'éducation à la sexualité.

Le premier soir que je me suis retrouvée à faire des câlins avec mon (futur) copain dans son lit, nous nous étions dit que ça n'irait pas plus loin ce soir-là. Les câlins se font très sensuels, et je n'ai rien contre, mais quand il se place entre mes jambes (nous sommes alors en sous-vêtements) la panique s'installe dans ma tête « Merde, on avait dit pas maintenant... je ne suis pas prête... mais... » Mais on ne m'avait pas parlé de consentement concernant les relations sexuelles, je ne savais pas que je pouvais dire non, à cette étape du moins, mais on m'avais parlé des préservatifs. Oh qu'on en parle des préservatifs et c'est très bien, mais j'ai l'impression qu'on ne parle que de ça : le plus important c'est la capote. Tant qu'il y a une capote, on se fiche du reste. Alors j'ai dit le truc que j'avais appris « Si tu veux aller plus loin, il faudrait une capote. », même si moi, je n'avais pas envie d'aller plus loin. Parce que je n'ai pas dit « Si nous allons plus loin...» Mais il m'a répondu qu'on s'était dit qu'on attendait et il préférait ça comme ça. J'ai été soulagée et on a pu continuer nos câlins intimes, je savais qu'on pouvait juste faire ça, sans se diriger vers une relation sexuelle. Mais quand même, je me suis seulement occupée de ce que lui voulait, s'il avait dit « Ok, je vais chercher la capote. », j'aurais fait quoi? J'aurais sans doute laissé les choses faire et me serait dégoûtée après.

Maintenant nous sommes en couple depuis un moment et avons partagé notre premier moment intime dans le consentement mutuel et le désir il y a un moment aussi. En se remémorant nos débuts, mon copain m'avait déjà dit que j'avais été pressée à cause de ce que j'avais dit (aller plus loin, la capote et tout), et j'avais du mal à lui expliquer que c'était parce que je croyais que c'était ce qu'il fallait faire, que je ne pouvais pas dire non... Il ne s'en était jamais rendu compte, et je me trouvais ridicule dans mon explication, parce que pour lui, c'est clair qu'on peut toujours dire non, mais quand on est une fille, on vit avec ces croyances que l'avis de la fille sur la question du sexe est secondaire, et ça fini par être intégré en nous et interfère dans nos actes et paroles.