... tant cet article m'a fait du bien.
Allez comme chacuns y va de sa petite histoire, je me lance.
Premièrement, remettons tous dans le contexte. J'ai une soeur (de 12 ans mon aînée) qui a toujours été une élève moyenne, qui est entrée en fac de droit car elle voulait être juge pour enfants pour finalement arrêter avant le deug (je ne sais pas trop bien au juste si elle a repiqué, si elle a passé une année à rien faire, si quoi au juste), qui ensuite s'est lancée dans l'éthno-sociologie qui aboutira à un niveau maitrise. Puis, se rendant compte qu'elle ne voulait pas travailler dans un bureau à assister un prof de fac, elle a de nouveau changé de voix pour tenter le concours pour être institutrice (elle a toujours eu plus de patience avec les enfants qu'avec les adultes) pour finalement se rendre compte qu'on donne des points en plus à des mères qui ont fini d'élever leurs enfants parce qu'elles savent ce que c'est plutôt qu'à toi qui a étudié comment on fait la classe à 30 (et pas 2/3) élèves et comment on use de pédagogie. Et ça deux fois. Finalement elle a trouvé un job il y a 10 ans dans un commerce de quartier avec un jeune patron lunatique, elle y travaille presque 60h par semaine. (OUf depuis 1 mois, c'est décidé elle se tire et va faire autre chose de sa vie!!).
Moi: toujours été bonne élève (un peu moins au lycée) et inconsciemment me suis trouvée ma voix et n'en a pas démordu depuis mes 13 ans. Je voulais faire du théâtre et en Angleterre si possible. Donc Bac L, option théâtre. Et puis "Papa, Maman, j'aimerais monter à Paris pour faire les cours Florent". Mes parents sont cool, si tu sais ce que tu veux, ils te donnent les moyens d'y arriver. Donc me voilà à emménager avec ma soeur qui est déjà à Paris. Je suis jeune, je n'ai aucune marque et je passe une année à Florent ATROCE (elle n'a de bien que sa réputation cette école). Entre temps, je me trouve un job en complément à UGC et je fais du baby-sitting (je travaille depuis 6 ans dans la famille dont je garde les enfants et cela m'a beaucoup aidé. C'est mon cocon ici en Ile-de-France). Finalement, l'année d'après, j'arrête FLorent et je continue ces deux jobs. 1ans et demi. Peur panique. Alors, je décide de lâcher UGC pour reprendre mes études en fac d'anglais, dans l'idée de partir en Angleterre après la Licence pour faire une super école de théâtre (la RADA). Mes parents sont derrière moi comme toujours avec les "pas de problèmes, TOI, tu as toujours su ce que tu souhaitais faire, tu as pris des chemins détournés mais on a confiance en TOI, tu sais ce que tu fais". Je rentre donc à la fac: l'année des super grèves. Ca m'emmerde. Moi si j'ai fais fac d'anglais, c'est pour avoir un bagage culturel pour partir dans ce pays que j'adore depuis que je suis petite et que j'écoute Queen à fond avec ma mère. Alors, je repique et je décide de me réinscrire en L1 mais via les cours à distance (pour être sûr d'avoir tout mes cours). J'ai mon année et durant celle ci, je trouve un cours de théâtre billingue qui finalement déménage dans la banlieue profonde à l'autre bout du monde de chez moi. Encore une déception. Et puis la L2, je trouve un autre cours de théâtre dans le 20ème. Grâce à ma force de persuasion, je convins la prof et mes camarades de monter une pièce. Ça marche on monte sur scène à 3 reprises. Je suis hyper heureuse, j'ai rencontré des gens formidables. Mais je vous épargne toutes nos aventures mais on se rend compte que la prof est pas très nette niveau thunes alors nouvelle déception mais ce qu'il y a bien dans l'histoire c'est que j'ai rencontré une troupe formidable.
Voilà, au cours de cette même année, je rencontre l'homme de ma vie. Il est infographiste. Je rencontre des tas de gens dans la milieu du graphisme, de la direction artistique, etc... . Et puis, en répétant notre pièce de théâtre, je suis heureuse de remonter sur scène, j'aime ça mais je commence à comprendre que je ne suis pas sûr de vouloir en faire mon métier. Et puis, je retourne régulièrement en Angleterre et même si je ne cesserai jamais d'aimer ce pays, je me rend bien compte que j'aime Paris, que j'y ai ma vie et que j'ai envie de rester et que finalement, l'Angleterre est devenu un phénomène de mode et qu'on veut bien la voir comme un rêve, un fantasme mais que la réalité est différente et qu'y vivre ce n'est pas forcément dans mes moyens et dans mes forces.
Donc me voilà, dernière année de Licence. C'est dur, je me traine mais je la finirai et je me dis qu'avoir une licence d'anglais en plus dans son bagage ce n'est pas perdu.
Mais j'ai eu tellement peur lorsque je me suis dis que j'allais me réorienter dans le graphisme. J'ai eu peur que mes parents cette fois ne me suivent pas parce que j'avais toujours été celle qui est sérieuse, qui sait ce qu'elle veut, qui suis son bonhomme de chemin et n'en sors pas. J'ai eu peur qu'ils se sentent trahis, qu'ils soient déçus. Qu'ils se disent "tout ça pour rien".
Ma mère voulait faire deux choses lorsqu'elle était jeune: être comédienne ou prof d'anglais.
En choisissant désormais une autre voix que le théâtre ou l'anglais, j'avais d'autant plus peur de la trahir elle.
Oh et puis, il y a ma copine aussi. Ma super copine, celle avec qui je vais en Angleterre. Qui a toujours compté sur le fait que j'allais devenir une actrice là-bas parce qu'on fantasmait toutes les deux sur les vieux groupes et les vieux acteurs Britons.
Mon amoureux m'a soutenu et m'a rassuré et finalement mes parents me suivent encore. Bon, ok, j'ai avancé de super arguments (qui devaient servir à me convaincre moi-même aussi): la licence en poche ça fera la différence lorsque je démarcherai pour le job et je ne crois pas que je puisse vivre du théâtre, ce sera toujours ma passion, je continuerai à en faire avec cette troupe que j'ai mais je veux me former à un métier qui me plait et qui reste dans l'artistique.
Donc, à la rentrée, c'est prépa privée (bhé oui, parce que dans le domaine des arts-appliqués, tu n'as pas le droit d'avoir une révélation sur le tard donc tu payes pour te mettre à niveau parce que pour les prépa public, c'est pas au-delà de bac+1) et puis BTS comm visuelle normalement. J'aime l'idée qu'en bts, tu es régulièrement des stages en entreprise, je trouve ça bien pour l'insertion professionnelle. Mais je ne veux plus rester butée. En prépa, je vais faire de l'archi d'intérieur, de la scénographie, du graphisme, du design, de l'infographie, de l'art, de l'histoire de l'art, etc... . Et je me dis que peut-être, finalement, je vais me prendre de passion pour l'archi d'intérieur et faire ça l'année d'après. Je n'en sais rien et ça fait du bien. JE ME SENS LIBRE. finalement, il me semble que désormais, il y a plus de portes qui s'ouvrent à moi qu'avant et je suis HEUREUSE.
Bref, ce n'est pas normal que des jeunes de 20 ans se stressent autant, mettent autant de pression sur leurs épaules. On peut toujours changer d'avis et il faut se donner les moyens d'être heureux. Bien sûr, tout le monde n'a pas cette chance, tout le monde n'a pas le choix (pour des raisons financières par exemple) donc par respect, faisons ce que nous désirons vraiment. Il faut, je pense, apprendre à se connaître en réalité et dans mon cas, se délester des parcours familiaux. Être sois et non pas ce que l'on croit que les autres souhaitent que nous soyons. Ne pas chercher à reprendre des flambeaux. Refuser d'être étiquetés et mis en rayons.
On peut toujours changer.
Ahahah personne lira tout.
Je vous bisouille mes madz adorées.