En vous lisant, j'ai l'impression d'être partagée entre les différents points de vue
Personnellement, j'ai réalisé que j'étais probablement bisexuelle quand je me suis retrouvée à la fac dans une association avec beaucoup de filles bisexuelles et lesbiennes alors que jusque là, il devait y avoir seulement une ou deux personnes ouvertement homosexuelles dans mon entourage éloigné, ce qui fait que je n'y avais jamais vraiment trop réfléchi avant, ou alors sous la forme d'idées reçues. J'ai réalisé que j'étais probablement plutôt attirée vers les hommes mais que ça ne m'empêchait pas de pouvoir également ressentir de l'attirance pour les femmes, que j'avais probablement ignoré certains signes de ma bisexualité parce que mon attirance pour les hommes me "suffisait", que j'avais appris à évaluer mon attirance pour n'importe quel homme qui rentrait dans un bar mais pas du tout pour une femme, et surtout que c'était juste plus simple à mes yeux d'être hétéro, donc pourquoi chercher plus loin.
Et je pense qu'on est quand même un gros paquet dans ce cas à ignorer volontairement ou sans le savoir notre potentielle bisexualité parce que socialement, on n'est pas du tout encouragés à le faire, quand on le fait on voit bien que c'est probablement pas le plus simple, et on en souffre pas parce qu'on a toujours été satisfaits de nos histoires avec les gens de l'autre genre, donc il n'y a pas un "besoin" d'explorer notre sexualité.
Après avoir compris ça, il y a eu une période où je disais très facilement que j'étais bisexuelle, surtout parce que j'avais l'impression que ça "pouvait faire réfléchir" les gens en face. Je ne m'estimais pas illégitime pour le dire même si je n'avais jamais fréquenté de femmes parce que j'avais bien passé des années à me décrire comme hétéro sans fréquenter d'hommes.
Mais j'ai réalisé que cette étiquette que je mettais en avant, ben ça me donnait effectivement une image un peu spéciale : la fille plutôt cool, libérée, ouverte d'esprit, qui assume... et que dire de la réaction des mecs hétéros qui trouvaient ça carrément séduisant. C'était pas vraiment mon but à la base, donc à force de constater cette réaction, ben j'ai arrêté de dire que j'étais bisexuelle parce que je ne trouvais pas ça normal de "gagner" à me présenter comme ça, sans pour autant me trouver dans une position où je pouvais aussi subir les "mauvais côtés" vu que je ne cherchais pas du tout à fréquenter des femmes par ailleurs. En gros, socialement, j'apparaissais comme la transgressive-cool-qui-transgresse-pas-vraiment-le-système-donc-ça-va.
Donc oui, d'un côté je trouverais ça malvenu de la part d'un tiers de douter de ce que j'affirme sur ma potentielle bisexualité, même si je peux pas en être complètement sûre vu que je me contente d'une vie sentimentale/sexuelle d'hétéro. Et en même temps, je comprends tout à fait l'hostilité qu'il peut y avoir face aux déclarations comme la mienne, parce que c'est facile de le crier à la ronde dans un milieu plutôt privilégié à ce niveau-là mais de ne pas aller plus loin que l'étiquette, de ne pas prendre "les risques" qui vont avec.
Et donc c'est vrai qu'il manquait quelque chose à l'article pour que tout soit plus clair sur la position de la MadZ qui témoigne, son cheminement personnel, comment elle a pris conscience du fait qu'elle n'était vraiment pas lesbienne et qu'elle faisait ça pour attirer l'attention (parce qu'elle cite vaguement sa rencontre avec une fille homosexuelle, mais je sais pas si c'est vraiment ça qui l'a fait réaliser qu'elle se plantait, et puis on peut parfaitement rencontrer 30 filles lesbiennes/bi, et pas les trouver attirantes, ça veut pas dire qu'on n'est pas attirée du tout par les filles et qu'on pourra pas avoir de l'attirance pour la 31e).
En fait, sans faire la chasse aux faux LGBT, je pense que le problème que posait l'attitude de cette MadZ c'est qu'elle revendiquait une identité pour se donner un genre, sans pour autant embrasser les désavantages de cette identité (visiblement, sa famille s'en foutait, ses amis étaient complètement indifférents), ni même vraiment comprendre cette identité puisqu'elle semble être se cantonner à "je suis lesbienne/bi" par posture, sans réellement chercher à réfléchir à son orientation sexuelle, et elle a par conséquent pu véhiculer un certain nombre de clichés nocifs.
Donc le message de l'article je pense que c'est surtout qu'elle s'est servi de l'identité LGBT et c'est ça qui pose problème. Elle n'était pas dans une démarche sincère de questionnements sur sa sexualité comme elle le dit elle-même, mais elle pourrait très bien être bisexuelle au fond et ne pas le réaliser, ce n'est pas tellement le problème je pense. Au final, elle dit elle-même que quand elle affirmait "je suis bisexuelle", ce n'était pas de sa sexualité qu'elle parlait réellement, mais de l'image qu'elle voulait se donner, du groupe auquel elle voulait se rattacher sans être prête à assumer les conséquences. Et c'est là où il y a un souci mais je trouve dommage que ça soit un peu trop simplifié dans le texte.