Merci pour cet article!
Je me souviens de mon désarroi quand j'ai dû choisir mon orientation à l’issue de ma terminale L, il y a un peu plus de 9 ans (ouch)
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. J'avais l'impression que le champ des possibles était limité… et que mes choix à cet instant précis allaient déterminer ma vie toute entière. Je me sentais au pied du mur.
Maintenant je sais à quel point toutes ces idées de « ligne toute tracée » sont fausses.
Je souhaitais moi-même partager mon parcours, parce que je pense que j’aurais aimé pouvoir entendre ce genre de témoignage quand j’avais 18 ans.
Voilà tout ce que j'ai fait depuis l’obtention de mon bac L:
- J'ai d'abord fait 2 ans de prépa littéraire (j’étais franchement pas emballée avant d'y entrer, mais ça a été une expérience fabuleuse que je referais sans aucune hésitation)
- Je suis ensuite passée en 3ème année de Licence de Philo. J’adorais! Et je dois dire que j’étais plutôt bonne. Mais au cours de ma première année de maîtrise, j'ai commencé à avoir des doutes sur ma "vocation" à devenir enseignante.
- Alors j’ai décidé de faire un échange universitaire d’un an en Chine pour ma 2e année de master, histoire de voir du pays. Sur place, j’ai laissé tomber mon mémoire pour me consacrer entièrement à l’étude de la langue chinoise (ma 3e langue au lycée), et j’ai pas mal progressé.
- En rentrant en France je n'avais qu'une seule envie: repartir! Alors je me suis inscrite direct en 3e année de licence de Français Langue Etrangère (enfin, cette licence en elle-même n'existe pas, c'était une licence de Sciences du Langage mention FLE). J’ai adoré étudier les Sciences du Langage, ça me passionnait (le FLE en lui-même, beaucoup moins), mais je me disais que l’enseignement du français aux étrangers n'était peut-être pas une voie très safe si je voulais revenir travailler en France plus tard.
- Alors j'ai postulé pour un tas de Masters professionnels en Commerce International ou équivalent. J'ai misé sur les Masters qui accueillaient des profils un peu "batards" comme le mien, sans trop savoir à quoi m'attendre. La moitié des Masters auxquels j'ai postulé m'ont accordé un entretien, que j’ai tous réussis! Au final j'ai même pu choisir mon master et rentrer direct en 2e année. J’avais peur d’être complètement à la traîne mais je me suis très bien adaptée.
- Après ces 7 merveilleuses année d'étude (ouais, je sais, ça fait un peu beaucoup en fait), j'ai travaillé dans différents secteur de l'e-commerce. Et en ce moment je suis en Chine, où je fais du marketing pour une boite de jeux vidéos chinoise (pour les commercialiser en France)
Je suis vraiment épanouie dans ce que je fais, et surtout mon parcours m’a permis de réaliser que j’ai le choix : je peux tracer ma vie, décider de ma carrière, et changer si j'en ai envie (et bien entendu si je m'en donne les moyens).
Est-ce que j'aurais dû faire un bac ES dès le départ, et une école de commerce pour en arriver au même point?
Honnêtement si c'était à refaire je ne changerais pas grand chose à mon parcours. Si j'avais fait du commerce à 20 ans, sans savoir pourquoi, je pense que j’aurais sans cesse remis en question mes choix.
Mes études littéraires, que j'ai choisies par goût et par passion, m'ont apporté un tas de qualités qui me sont utiles au quotidien et dans mon travail: analyse, synthèse, argumentation, logique, culture générale, créativité, expression écrite, expression orale, capacité à prendre du recul et à penser sur le long terme, etc. Au-delà de ça, j’ai l’impression qu’elles ont forgé la personne que je suis aujourd’hui.
Par rapport à mes collègues au profil plus commercial, je ne me suis jamais sentie en position de désavantage. Il y a des choses qu'ils maîtrisent mieux que moi, c'est sûr, mais de mon côté j'ai aussi mes atouts propres.
J’ai beau faire du commerce, je me sens profondément littéraire, et j’adore sortir au détour d’une conversation que j’ai lu toute l’œuvre de Zola ou que j’ai rédigé un mémoire de 200 pages sur la philosophie politique de Nietzsche quand j’étais en première année de master (oui, je peux être une sacrée pédante prétentieuse quand je m’y mets
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).
Bref, en quelques mots: le système universaire et le monde du travail sont tous deux bien plus flexibles que ce qu'on a essayé de me faire croire...
Est-ce un complot pour empêcher les littéraires de dominer le monde??
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