Je viens de finir
Les hiboux pleurent vraiment de Janet Frame et c'est le roman que j'ai lu d'elle qui m'a le moins plu. Disons qu'on se perd nettement plus dans son écriture et toutes ses images dans celui-là que dans les autres. C'était déjà un peu plus le cas dans
Visages noyés que dans
Le jardin aveugle et je trouve ça vraiment dommage.
Dans celui-ci, ce qui est bien sûr voulu par le sujet, tout est nettement plus délirant, on se perd un peu dans les illusions de chacun, rien n'est jamais très clair. C'est dommage parce que ça finit par être vraiment trop.
Par contre le dernier chapitre et surtout l'épilogue, peut-être ceux qui distancient le plus les sentiments des personnages, je les ai trouvés géniaux. Pas seulement ceux-là, mais c'est vrai qu'avec eux surtout je retrouve ce qui m'a plu dans
Le jardin aveugle que j'aime énormément. Et vraiment, c'est avec cette fin qu'on est le plus touché par la tristesse de ce qu'elle écrit, je trouve, quand les choses sont présentées avec un tel froid que ça glace vraiment.
Sinon, j'ai trouvé un paragraphe dans la préface qui résume bien la chose : "Quel sens de la détresse chez Janet Frame ! De la modestie de cette douleur et de son acuité. De sa perpétuité surtout, puisque chaque moment, et c'est, peut-être, la singularité de ce roman, y est donné comme l'écho déjà des souvenirs qui persisteront, comme participant de la mémoire qui le perpétuera, à jamais inséré dans la perte". (D'ailleurs c'est drôle, j'ai remarqué que Viviane Forrester, qui a écrit cette préface, a aussi écrit celle de
La traversée des apparences de Woolf. Ca veut rien dire, mais c'est encore un truc qui me laisse penser que ces deux écrivains se ressemblent beaucoup !)
Bref, j'ai hâte qu'on me file son recueil de nouvelles (
The lagoon and other stories).
Quoiqu'il en soit, ayez envie de
les lire.