Retour sur Karl Lagerfeld, personnage iconique et mystérieux

[skippy01]

@JAK-STAT «On l'a tous fait» = PIRE EXCUSE DU MONDE ! À te lire, j'ai l'impression qu'on devrait excuser tous les propos oppressifs au nom du droit à l'imperfection. Est-ce que tu vas dire après que «MLP a le droit de ne pas être parfaite, et qu'après tout, on a tous un jour tenu des propos comme les siens, donc on devrait l'excuser» ?

 

[L0utrage]

Je pense que vu la ligne éditoriale qui insiste sans relâche sur l’importance de ce type de mots/phrases et sur les dégats qu’ils engendrent à grande échelle ( quand je pense société je pense monde en tout cas société Française je ne vais pas trop m’avancer sur la culture du viol dans les autres pays je ne m’y connais personnellement pas assez ) c’est aberrant de taire des propos qui sont extrêment violents ( puisque la partie sur les citations polémique ont été ajoutées après coup ). Je suis d’accord avec toi pour ce qui concerne Chanel mais là encore doit on défendre un homme qui exerce ce type de pression / comportement. Encore une fois le débat homme/oeuvre. Si tu penses que l´un est dissociable de l’autre c’est ton choix et je n’ai rien à y redire. Mais à titre personnel ça me heurte. Bad buzz ou pas la plupart des articles que j´ai vu passer glorifie l’homme ET son travail, les contestations sont minoritaires, il faudrait nuancer nos propos et qu’en ce qui concerne la mysogine racisme antisémite rappeler peut être que ce sont des délits punissables par la lois plutôt que de dire « Ce qu’il a fait c’est super » et taire les parties plus controversées.

 

[JAK-STAT]

@skippy01 c'est pas une question d'excuser mais de pas considérer les gens comme des monstres y a une petite différence on n'excuse pas les propos mais on tombe pas sur les gens comme s'ils étaient l'incarnation du mal

edit: préciser

Personne ne vous demande de l'aimer, de dire que c'était un type bien sous tous les rapports -> personne ne vous demande de l'excuser
mais le réduire à ses propos, c'est pas honnête -> ne pas tomber dessus

 

[RainyMood]

@JAK-STAT «On l'a tous fait» = PIRE EXCUSE DU MONDE ! À te lire, j'ai l'impression qu'on devrait excuser tous les propos oppressifs au nom du droit à l'imperfection. Est-ce que tu vas dire après que «MLP a le droit de ne pas être parfaite, et qu'après tout, on a tous un jour tenu des propos comme les siens, donc on devrait l'excuser» ?

Et encore on aurait pu excuser son comportement s'il l'avait changé, or ça n'a pas été le cas. Je parle juste de propos hein pas de meurtres, de viols, de violences physiques.

EDIT: Changement de temps, évitons de chercher les petites bêtes.

 

[Lullabulle]

C'est toujours une question qui me met sur le grill cette question de différencier ou pas l'homme de l'artiste...

La violence faite aux femmes m'écoeure,
L'antisémitisme m'écoeure.
La pédophilie aussi.
La misogynie me rend nauséeuse.
Et la liste est tristement longue; alors oui, je voudrais ne pas aimer l'oeuvre de certains artistes, parce qu'un artiste est avant tout un homme.

Oui, mais (je me prépare à être détesté), les compos et les textes de Noir Désir (J'écris "Noir Désir", pas Bertrand Cantat) sont -à mon sens- sublimes et ont apporté leur pierre à l'édifice du rock français.
"Voyage au bout de la Nuit" et "Féerie pour une autre fois" sont des romans bouleversants sans lesquels la littérature française ne serait pas ce qu'elle est.
André Gide a également sa place au pantheon de la littérature française. Et pourtant... Son journal est glaçant.
J'aime infiniment Jacques Brel,mais ses chansons sont d'une rare misogynie...
Voltaire n'avait rien contre l'esclavage des "nègres"...
Et j'en passe.
Alors oui en théorie, ne pas distinguer l'homme de l'artiste, mais en pratique... Moi je galère grave...

 

[JAK-STAT]

Et encore on pourrait excuser ses propos s'il changeait de comportement, or c'est pas le cas alors pourquoi on l'excuserait ?

C'est pas maintenant qu'il va changer, il est mort. L'emploi du subjonctif est hors de propos

 

[L0utrage]

Mais d'où tu parles de ça ? C'est pas du tout le sujet.

Ok alors attends on tourne en rond là mon avis est : propos déplacés violents—-> normalisation de ces propos et excuses vis à vis des comportements associés ——> non remise en question de comportements toxiques.

Je pense qu’on ne sera jamais d’accord en fait, donc on va pas s’épuiser. Je pense au vu de l’article que la question : doit on dissocier l’homme de son oeuvre est tout à fait adapté à l’article. Ceci ME pose problème, de voir cet article sur CE type de magazine qu’est Madmoizelle. Parce que SELON MOI taire les parties moins glorieuses dessert l’idée d’une avancée vers une société féminisme, humaniste. L’exemple des policiers était un exemple ( peut être mal compris ) mais qui POUR MOI fait sens.

Je pense que j’ai fais le tour de mon argumentation, encore une fois mes propos n’engage que moi, et puisqu’on a peu de chances de tomber d’accord ( et c’est pas grave ) il est unutile de persister à débattre.

Des bisous calins, et une bonne soirée ( jaifaim)

 

[RainyMood]

@JAK-STAT @Yeat J'ai modifié, me faites dire ce que je n'ai pas dit.

 

[JAK-STAT]

@TennanTen calmos, ce que j'ai dit c'est que le subjonctif était hors de propos, et ça l'était. Te faire remarquer que ta phrase est mal formulée c'est pas te faire dire un truc que tu as pas dit.

 

[Peace&Love&It;3]

Alors je suis justement tombé sur cet article en anglais:
https://wearyourvoicemag.com/culture/anti-condolences-karl-lagerfeld
Extraits:
"Chanel’s creative director, Karl Lagerfeld, died at 85 on Tuesday in Paris. Lagerfeld, known for being “the King of Fashion” and a prolific designer who left his mark on the industry, was also an islamophobic, racist, misogynistic, fatphobic rape apologist, whose beliefs and political stances were ignored by millions for the sake of his wealth accumulation and impact as a designer.

It isn’t surprising to witness publications and people wax poetic about Lagerfeld’s genius while they ignore his history of oppressive comments towards anyone who did not fit into his narrow esthetic of human existence. Lagerfeld took pride in being a gatekeeper of an industry which has for a long time continued to perpetuate white supremacy and other forms of oppression. He claimed that he didn’t feel constrained by Coco Chanel’s legacy as a designer, but he certainly continued a legacy of a far-right Europe and a diluted version of his predecessor’s role as Nazi spy and sympathizer.

Rather than separating the art from the artist, I think it is time that fashion come to terms with Lagerfeld’s abhorrent comments — the first thing to do would be to admit that they exist and that commentary continues to be harmful and that the designer’s beliefs only affirmed the feelings and ideologies of millions who hate people whose bodies fall outside of the white supremacist, misogynistic, ableist norm."

"Publications have described his comments as “catty”, “bitchy”, “acid-tongued and superficial” and “controversial” instead of sexist, misogynistic, racist, fatphobic, and islamophobic. The blatant separation of the artist from the art perpetuates cycles of abuse in which men like Lagerfeld can occupy prominent spaces in our industries and face no consequences for their words or actions, and be fondly remembered when they are dead. The fashion industry continued to let this terrible person hold a place of high-esteem and reduced his commentary to Lagerfeld simply being a bit eccentric. It’s time the fashion industry make honest remembrances of the man and that you grapple with his true legacy and the reality of oppression in fashion if you truly hope to make more space for marginalized people and bodies in fashion—I’m not going to hold my breath for this one, I don’t want to pass out."

 

[Membre supprimé 290887]

je rajoute ma petite pierre à l'édifice du "comment gérer sa vie avec un problematic fave", parce que oui, c'est vrai que des connards misogynes, racistes, fascistes, anti-sémites, islamophobes, grossophobes, etc... dans le milieu artistique sont pléthore et c'est compliqué de les éviter tous :
- je privilégie les gens "safe" dans ma nouvelle consommation de culture (par ex, je ne lis que des nouvelles autrices et auteur.ices issu.es de minorités en ce moment)
- je refuse de donner de l'argent à ces connards là (par ex, j'adore le travail de Polanski, mais je refuse de payer une place de cinéma pour voir un de ses films)
- je parle systématiquement de la connardise si je mentionne le-dit connard. (par ex, à nouveau Polanski, je ne vais pas m'empêcher de dire qu'il a réalisé certains de mes films préférés mais je vais commencer ou finir ma phrase en mentionnant que c'est un violeur pédophile qui devrait être en prison. Et quand il sera mort je pense que c'est immoral de faire un article sur son travail sans mentionner que c'est un violeur pédophile. Ou que Elia Kazan a fait des films bien racistes quand même. Et que RuPaul est transphobe, etc...)

Je ne dis pas que c'est comme ça qu'il faut faire, mais ça m'aide à concilier ma vie artistique/culturelle avec mes valeurs, et si vous avez d'autres façons d'appréhender ce problème j'aimerais bien les lire !

TL;DR: ok, peut être que Lagerfeld était important pour la mode mais je trouve complètement immoral de ne pas mentionner qu'il était aussi misogyne, grossophobe, anti-sémite, islamophobe dans un article sur sa personne.

Edit :

Rather than separating the art from the artist, I think it is time that fashion come to terms with Lagerfeld’s abhorrent comments — the first thing to do would be to admit that they exist and that commentary continues to be harmful and that the designer’s beliefs only affirmed the feelings and ideologies of millions who hate people whose bodies fall outside of the white supremacist, misogynistic, ableist norm."

OUI C'EST EXACTEMENT ÇA MERCI BEAUCOUP !!!!!

 

[Aziri]

La conversation est hyper intéressante. Faut-il dissocier l'homme de l'artiste.. En soi, je n'en voudrais jamais à celleux qui le font et celleux qui ne le font pas. L'art nous touche au plus profond de nous, indépendamment de son auteur. Si j'écoute une musique qui me touche passionnément, le fait de savoir après coup que son auteur a tué une femme évidemment ca me fera quelque chose, mais j'oublierais pas que cette musique en particulier m'a procuré quelque chose de particulier. Et je la réécouterai. Je condamne l'homme mais je ne condamne pas ce qu'il produit et qui peut être radicalement différent.

En fait je réfléchis et je crois que je fais une différence dans la chronologie : J'ai écouté du Noir Désir AVANT de savoir que B. Cantat avait tué sa femme. J'écoute toujours du Noir Désir. En revanche, j'ai su que Polansky avait très probablement violé une filette et la ca me gène beaucoup plus de regarder un de ses films. Je ne l'ai toujours pas fait à ce jour. Et puis la différence c'est que Cantat a purgé sa peine, il a payé sa dette envers la société et je ne suis pas juge. Polansky lui refuse d'admettre ses crimes. Ca fait quand même une sacré différence entre celui qui paie son crime et celui qui vit librement en en ayant rien à foutre.


Et personnellement je défend Mymy sur la génération qui n'est plus la même : n'oublions pas que Karl était allemand et est né dans les années 30. Allez savoir quels discours nauséabonds il a pu entendre quand il était petit et qui l'ont marqué à vie. Il a grandi dans la haine des juifs, en pleine guerre mondiale. Perso, quand mon grand-père disait à chaque fin de repas "encore un repas que les bosch n'auront pas" bah c'est super condamnable comme phrase, mais si on la remet dans son contexte, on peut quand même comprendre puisqu'il a lui aussi connu la guerre mais d'une autre façon. A sa façon.