Je reviens seulement maintenant parce que je ressasse toujours cette conversation mais je voulais éviter de répondre sans prendre le temps de réfléchir et sous le coup de l'émotion.
Pour le coup, ça me paraît un peu paradoxal d’être pour l’avortement à tout stade de la grossesse mais décider que certains critères d’avortement sont inacceptables et seront donc tenus secrets
Si une femme ne souhaite pas mener une grossesse à terme et qu’on estime que c’est son corps son choix… comment on peut interférer en disant “oui mais par contre, si tel critère est déterminant pour toi dans le fait de mener la grossesse, on va te le cacher et tu devras mener la grossesse à terme même si ça ne te conviendrait pas si tu savais!”
Soit on laisse aux femmes le choix complet de quand et pourquoi elles souhaitent interrompre une grossesse rn considérant que cette décision et les raisons de la prendre n’appartiennent qu’à elles, soit on fixe certaines limites mais j’ai du mal à comprendre
comment on peut rester éthique en empêchant certaines femmes d’accéder à une information parce qu’on a peur que cette info les pousse à avorter… au nom de l’éthique et du droit à l’avortement
Je trouve ce message excessivement juste et ça parait bien paradoxal et bien choquant de vouloir cacher des informations à une personne souhaitant avorter. Mais ici on ne parle pas d'une malformation grave ou d'un problème de développement. On pourrait également questionner le validisme de l'IMG mais c'est une autre histoire, oui l'IMG est souvent validiste, l'une des principales raisons d'avorter c'est que l'on ne se sent pas prêt·e à devenir parent selon certaines conditions, actuellement dans notre société validiste il est beaucoup + compliqué d'élever un enfant handicapé, c'est validiste mais c'est le cas, à côté y a aussi beaucoup d'IVG du fait de grossesses multiples est-ce qu'on reprocherait aux parents d'être gémellairophobes ? C'est déjà compliqué 1 bébé donc 2, c'est juste une évidence.
Sauf que. Les malformations, les problèmes de développements ou les grossesses multiples restent relativement rares. Alors que fille ou garçon t'as littéralement une chance sur deux que ça arrive. C'est comme si tu décidais d'enfanter avec un·e Weasley mais que tu voulais avorter si le bébé était roux....
Et pour filer cette analogie je suis certaine que beaucoup de personnes seraient très curieuses de connaitre la couleur des cheveux de leur futur bébé, on parlait des informations, de créer du lien ça a complètement du sens ici sauf que 1 ce n'est pas une information disponible à l'heure actuelle et vous faite très bien sans, 2 il existe des oppressions basées sur ce critère physique. Ce serait hyper bizarre que des personnes avortent de peur d'avoir un bébé roux et dans le même temps si cette info était disponible vous auriez sûrement des proches voire de parfait·es inconnu·es pour venir vous demander la couleur de cheveux et faire des remarques inappropriées "Oh non, le bébé est roux ? Pas de chance." "Ah oui les blonds c'est bien mais c'est pas les + intelligents." "Une petite brune ? C'est comme les bières c'est que je préfère !" et des personnes pour t'offrir des milliards d'items renardeaux pour ton bébé à naitre roux ou au contraire te dire qu'il faut pas de pyjama orange sinon ça fait trop.
Pour moi c'est la même chose pour le sexe. On va pas revenir sur "Tous les parents ne veulent pas connaitre le sexe pour se vautrer allègrement dans les stéréotypes de genres". Je sais. Sauf que "Pas tous les parents" ça implique que certains parents si. Et en fait suffisamment pour que ce soit un problème. (Ça vous rappelle quelque chose ?)
Vous insistez pour dire que ça peut-être important dans certains cas de connaitre le sexe du futur bébé (puisque techniquement il suffit juste de tourner le monito, rien de bien sorcier là-dedans - et dans mon cas je pense que je serais + attachée à voir le profil de mon bébé ou tenter de compter ses orteils que chercher la présence ou l'absence d'un pénis) mais ok tournons le truc à l'envers. Si il fallait l'avis favorable de 2 soignant·es (comme dans le cas d'une IMG pour détresse foetale) pour connaitre cette information est-ce que vous iriez la chercher ?
En ce qui concerne le nihilisme du genre, pour moi demander que les échographistes arrêtent d'indiquer le sexe du foetus aux futurs parents n'est qu'une étape qu'il faudrait combiner à 2 autres éléments beaucoup + importants : la suppression du sexe sur les papiers administratifs (qui est une mention au mieux inutile, au pire discriminatoire) et l'arrêt pur et simple de l'assignation d'un genre à la naissance. L'objectif ne serait pas un oubli total du genre mais de favoriser l'autodétermination. Si on ne te martèle pas dés le berceau que tu es une fille ou un garçon et si ce n'est pas noté ad vitam eternam sur ton acte de naissance il sera bien + aisé d'explorer son identité de genre et faire un choix (ou non-choix) éclairé. Après ça sera pas automatique, va falloir plusieurs années pour que ça devienne la norme et l'interdiction des rayons genrés dans les magasins (de
jouets ou de vêtements) aiderait également beaucoup.
-
Pour le débat qui a suivi sur les IVG tardives, je vais pas chercher à contredire les personnes qui trouvent excessivement choquant d'avorter à ce stade. Oui c'est évident que ça n'a rien à voir d'avorter à 3 mois de grossesse et à 8 mois de grossesse. Et la plupart des gens s'en rendent bien compte donc tant mieux ! Les personnes qui souhaitent interrompre une grossesse essaient au maximum de le faire vite (je le vois très souvent, y compris pour des personnes indécises, dés que la décision est prise il faut que la procédure avance). D'une part pour les questions morales soulevées car + on avance dans la grossesse + le petit tas de cellule porte toutes les caractéristiques d'un bébé humain, d'autre part pour des questions beaucoup + triviales et pratiques telles que "éviter que la grossesse ne se voit" ou "la grossesse c'est mauvais pour la santé" (s'entend qu'on est + fragile, une IVG tardive présente + de risques de complications qu'une IVG précoce etc)
J'avais dit sur un autre topic que je ne pensais pas pouvoir personnellement avorter à 8 mois de grossesse, je vais le formuler autrement : les circonstances telles que je voudrais avorter à un stade aussi avancé de la grossesse seraient nécessairement complexes, difficiles et avec une probabilité quasiment nulle. Ça impliquerait soit 1 que j'ai fait un déni très avancé et que ma situation soit absolument défavorable soit 2 que je sois au courant de cette grossesse (potentiellement qu'elle ait été planifiée) mais que je vive un changement de situation suffisamment violent pour l'envisager. C'est très très très peu probable. Sauf que si on transvase ça sur le million de grossesses annuelles françaises il y a peut-être une petite poignée de personnes qui seront concernées (et dans les faits y aura + d'IVG à 6 mois et demi qu'à 8 mois et demi)
Et ce n'est pas du tout pareil d'interrompre une grossesse et de déclencher un accouchement pour ensuite abandonner l'enfant. Certaines personnes pourraient choisir la seconde option quand d'autres préfèreront la première. Sur la question est-ce que c'est mieux de "sauver" le bébé et le donner à l'adoption, devoir abandonner le bébé peut-être un trauma supplémentaire, cela implique aussi qu'il reste "quelque chose" après cette IVG sur lequel nous n'avons plus aucun contrôle là où le foeticide permet de clore définitivement ce chapitre de notre vie. On peut chercher le positif en se disant que cette période difficile aura amené de la joie à une famille qui cherchait à adopter mais ce ne sera pas une raison suffisante pour toustes. Sinon vous n'êtes pas du tout les premières à vous poser la question de la pertinence d'un accouchement préma :
ce topic avait justement été créer pour en discuter suite à une discussion sur la VP sexisme.
Je signale au passage que pour les personnes qui ont peur du déni de grossesse, les tests de grossesse urinaire sont fiables à partir de 3 semaines après le rapport à risque et peuvent se trouver en pack donc c'est moins invasif et beaucoup moins onéreux qu'une prise de sang régulière.