Roman Polanski Président des César 2017, une nomination qui fait polémique

[MorganeGirly]

@candyclown @Muirgheal
L'histoire de Sharon Tate a déjà été "corrigées" par certaines d'entre vous mais pour ma part, les histoires de serial-killers me dégoûtent. Je sais que c'était un meurtre atroce, j'en ai lu une brève description, et je n'ai aucune envie d'aller chercher des détails ou des ressources retraçant les faits précis. J'avais lu que ça avait un lien avec le Bal des vampires à plusieurs reprises, peut-être ai-je mal lu et confondu ça avec une mention de leur film star mais par rapport à ce que je disais, ce n'est pas tellement les motivations réelles de ses meurtriers qui rentraient en compte dans mon message que l'image (de victime, en décalage du cliché du violeur) que ce crime a pu donner à Polanski dans les médias, et si les médias ont fait un lien avec ses films, ça n'a certainement pas marqué que moi.
Après continuez à discuter du meurtre, j'écris vite donc je me dis que ce message est un peu sec par sa briéveté mais je ne vous demande absolument pas d'arrêter, je sais que ça intéresse d'autres gens

Il y a aussi une erreur chronologique: le Bal des vampires est bien antérieur au Pianiste. Ce film a été réalisé en 1967, et le Pianiste en 2002.

C'est pas clair mais je faisais la chronologie de vie de Polanski, pas de ses films. Donc je me référais aux événements du Pianiste (la Seconde Guerre Mondiale) et non au tournage du film J'ai vu les deux films (le Pianiste à sa sortie) et on ne peut effectivement pas se tromper sur leur ordre vu leur style

 

[Muirgheal]

J'avoue j'ai eu une période de ma vie ou regarder faites entrer l'accusé et lire des bouquins de psychiatres sur les tueurs en série aux États unis étaient un passe temps pour moi (mais non ne partez pas en courant!)
Édit: mais loin de moi l'idée de vous imposer quoi que ce soit

 

[duendecita]

La question de l'homme et l'oeuvre est à mon sens une question passionnante. Faut-il arrêter de lire Céline ou Heiddeger à cause de leurs opinions politiques? Je ne sais pas si je serai un jour d'un avis bien arrêté sur ces questions-là mais voici une contribution au débat.

Pour moi, il est essentiel de séparer le biographique de l'esthétique, non seulement à cause du déterminisme historique et social à l'oeuvre dans l'écriture (ou autre forme d'art), mais aussi parce que l'oeuvre dépasse celui qui la crée (cela, j'en suis profondément convaincue).
1) Sur le déterminisme historique et social: un auteur écrit inscrit dans une époque, une classe sociale, une histoire personnelle, en toute logique. Cet état de fait peut nous permettre de comprendre certains schémas retrouvés dans l'oeuvre mais pas d'atteindre une forme de "réalité" reproduite dans l'oeuvre. Balzac écrit dans La peau de chagrin: "il est [...] bien difficile de persuader au public qu'un auteur peut concevoir le crime sans être criminel!". Je retournerais cette citation en disant qu'on peut être criminel sans encourager le crime dans ses oeuvres (je parle en général je connais mal Polanski).
2) Sur l'oeuvre dépassant son créateur: beaucoup ont écrit là-dessus, l'idée est que dans l'écriture (ou l'art) se joue quelque chose de plus que ce qu'y met l'auteur, et sans rentrer dans le débat inspiration/travail, quelque chose d'un instinct qui le surprend lui-même et le dépasse. On pouvait y voir la Muse, l'Ange ou le Duende, aujourd'hui on parlerait peut-être plutôt d'un inconscient ou d'un instinct qui va aller au-delà de ce que l'artiste avait prévu, décidé, de ce en vue de quoi il a travaillé. Paul Valéry écrit dans Variété: "Chacun de ces êtres qui créent, à demi certain, à demi incertain de ses forces, se sent un connu et un inconnu dont les rapports incessants et les échanges inattendus donnent enfin naissance à quelque produit." Donc l'oeuvre dépasse les attentes et ce qu'on y met, et fort heureusement c'est ce qui fera leur unicité!
On pourrait ajouter que le lecteur ajoute à l'oeuvre ses préjugés, ses souvenirs et sa capacité à se projeter (donc qu'il y a autant d'oeuvres que de lecteurs/spectateurs) mais je ne développe pas.

Pour conclure, selon moi il s'agit d'analyser dans l'oeuvre en elle-même si elle contient des schémas heurtant la sensibilité/ la morale/ la loi et d'y réagir en conséquence. Qu'est-ce qui s'est joué dans l'oeuvre et quel message, quelle vision du monde apporte-t-elle? Si elle est contraire à la loi (incitation à la violence, propos xénophobes etc) alors interdisons-la. Sinon, laissons-la exister indépendamment de celui qui l'a créée.

Spoiler: exemple plus léger sur Brassens

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

 

[Manea]

@duendecita : sauf que Brassens n'était pas un criminel en fuite.

Pour moi il manque un facteur dans ce que tu évoques : les conditions de création. Je pense que l'un des problèmes majeurs que j'ai avec les films de Polanski, outre ce qu'il a pu y mettre comme vision et comment il a pu traiter ses actrices sur le tournage, c'est que ces films ont été faits pendant une période où il fuyait la justice.
Il aurait tiré sa peine pour aller tourner ses films après, c'est peut être bête, mais j'aurai sans doute moins de soucis avec le fait qu'il soit encensé pour ces derniers

 

[duendecita]

@Manea Je te rejoins complètement là-dessus, c'est aussi pour ça que je disais bien ne pas évoquer le cas Polanski (ne le connaissant pas) et que j'évoquais la loi comme limite à l'appréciation de l'oeuvre. Mais pour moi la loi n'est pas du ressort de l'esthétique mais bien de la cité (du/des pays) qui doit intervenir et cadrer les libertés individuelles des créateurs. Il a avoué un crime, il aurait effectivement du aller en prison, tout simplement! (mais encore une fois pour moi là c'est l'homme et non l'oeuvre )

 

[Fille anormale]

@duendecita : Ton message est super intéressant mais le contexte ici était différent puisque les Césars ne voulaient pas récompenser une œuvre mais l'artiste, c'est-à-dire l'homme. Autant je suis complètement d'accord avec toi et je pense que l'on peut très bien distinguer les œuvres de leur créateur (mais je ne peux comprendre que c'est difficile pour certaines personnes), autant ça me paraît inconcevable de distinguer l'artiste de l'homme, qui sont une seule et même personne.

Si Polanski recevait un prix pour un film, cela ne me poserait aucun problème mais j'avoue que je serais choquée s'il venait le récupérer car ce serait extrêmement irrespectueux, à mon sens, d'apparaître publiquement dans une cérémonie à rayonnement international alors qu'il est fugitif.

Spoiler: ressenti perso

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

 

[OrangeDarmody]

Dégoûtant.. soutenu au nom de sa célébrité à deux balles (alors que perso je trouve ces films inintéressants au possible).
Ce qui me laisse perplexe c'est qu'on s'attaque à lui ici, mais il me semble avoir déjà lu certains articles ici qui vantaient le cinéma de Woody Allen, or je trouve cet homme encore plus ignoble, et lui reste totalement impuni (ou alors je confonds avec d'autres sites, il est possible que je me trompe et dans ce cas dites le moi).

 

[Siobhàn Salomé]

Dégoûtant.. soutenu au nom de sa célébrité à deux balles (alors que perso je trouve ces films inintéressants au possible).
Ce qui me laisse perplexe c'est qu'on s'attaque à lui ici, mais il me semble avoir déjà lu certains articles ici qui vantaient le cinéma de Woody Allen, or je trouve cet homme encore plus ignoble, et lui reste totalement impuni (ou alors je confonds avec d'autres sites, il est possible que je me trompe et dans ce cas dites le moi).

La différence entre Roman Polanski et Woody Allen, c'est que dans le cas de Polanski, le viol est avéré et a été reconnu par l'auteur lui-même. Dans le cas Allen, c'est la parole de l'accusé contre la victime. Beaucoup de lectrices ici (dont je fais partie) partent du principe qu'il faut croire la victime, mais les positions du mag ont toujours été floues sur la question, il est très possible qu'ils lui laissent "le bénéfice du doute"...