Je commente rarement les articles que je lis mais alors là vraiment, je me sens obligée de rappliquer (ou bien de répliquer, ce qui revient fondamentalement au même).
Au nom de convictions absurdes, les parents ont décidé que leur enfant, au regard de la société, serait sans sexe. D'emblée je me demande jusqu'où ira ce délire qui excelle déjà dans bien des domaines: si les parents jugent qu'un bébé est discriminé dès sa naissance selon le fait qu'il soit garçon ou fille, alors je me demande comment ils considèrent le fait que l'enfant fasse déjà l'objet de pas moins de
1000 articles sur internet. Être garçon ou fille c'est d'un banal, à moins d'être l'enfant de Brad Pitt l'évènement n'a pas lieu d'être médiatisé; quand on nait "sans sexe au regard de la société" forcément, on est (on nait?) médiatisé.
Ensuite je me dis que s'il est sans sexe, on ne va pas parler de cet enfant comme étant "he" (les parents ne vont pas accepter cette supériorité du masculin sur le féminin je suppose, même s'il ne s'agit ici que de grammaire), "she" non plus... Donc va-t-on parler de cet enfant dans la rue en tant que "it"?! Comme un objet? A mes yeux là il y a atteinte à la dignité de la personne, mais enfin...
Après, je pense que l'enfance de Storm va être régie par des questions riddicules que je n'ai pas eues à me poser, du style si les parents décident d'aller à la piscine municipale en famille, que va dire Storm? Et bien question fondamentale:
maman, est-ce que je dois aller dans le vestiaire des filles ou bien celui des garçons? et sa maman répondra
et bien pour n'éveiller aucun soupçon, tu vas entrer avec moi chez les filles, et au moment de partir, tu iras te changer dans le vestiaire des garçons avec papa. WTF?
De plus, je trouve que les parents se sont complètement plantés sur le devoir d'éducation concernant cet enfant là. L'idée de base n'est pas stupide, loin de là, mais là ils vont élever leur enfant dans un monde naïf, lui fournir une excuse sordide, comme quoi il peut faire ce qu'il veut, sous prétexte que personne ne sait ce qu'il est (et ce "ce que" me choque rien qu'en l'écrivant), alors qu'au contraire ils devraient lui apprendre à garder la tête haute, lui apprendre que dans la vie il n'aura de cesse d'être l'objet de préjugés, et quoiqu'il fasse, ces choix trouveront toujours à être critiqués par autrui, puisque l'on vit dans un monde de critique. Ils devraient lui apprendre à être libre dans ses choix
malgré, et non pas lui apprendre à faire comme si de rien n'était, en le faisant vivre dans le mensonge.
A mes yeux il n'est que le cobaye d'une expérience, le fruit d'un débat. Il va être un objet de surveillance, guetté dans la rue, et son entourage n'aura de cesse de guetter vers ses 10 ans son thorax pour y déceler ou non une poitrine naissante.
Et pour répondre à la mad qui a écrit l'article:
Je sais que ça fera débat. Mais je ne peux pas, avec mon vécu, passer sous silence le fait que là-bas, en Suède, au Canada, des parents essaient d’offrir à leurs marmots une existence que j’aurais aimé avoir.
Ce n'est pas ton sexe qui t'a perdue, c'est ton entourage. Personnellement je n'ai pas été éduquée selon le principe que parce que j'étais une fille, il fallait nécessairement que je joue aux barbies et aux polly pockets. J'ai joué aux barbies et aux petites voitures, et il me semble qu'on m'a offert des cadeaux non pas en fonction de que j'étais, mais en fonction de ce que j'aimais, donc si on savait qu'une voiture télécommandée me ferait terriblement plaisir, ben on n'hésitait pas à m'offrir une voiture télécommandée.
Deuxio, en classe maternelle j'ai souvenir que les filles s'étaient prises le chignon parce qu'elles voulaient absolument n'être qu'entre filles dans leur chambre lors de la classe verte, ce que je respecte, mais dilemme il n'y avait que 6 places dans la chambre qu'elles avaient visées, et elles étaient 8. Le jour de la répartition, elles se regardaient avec anxiété et colère naissante, pour savoir qui seraient exclues de la chambre, et tout naturellement on avait été 2 à lever la main en disant "
moi je préfère être avec les garçon". Jamais la maitresse ou les autres enfants ne nous ont regardé de façon étrange, et la classe verte s'est très bien passée.
Tercio, petite, mes 2 meilleurs amis étaient des garçons avec qui je passais la majorité de mes journées chez la gardienne en face. L'été, à cause de la chaleur, ils passaient leur après-midi torse-nus. Ayant chaud et ne voyant pas au nom de quoi j'agirais différemment, je faisais de même. Là encore, ça n'a jamais choqué personne, on m'a laissée faire, et il me semble que j'ai grandi normalement.
Quarto, j'ai un copain qui vers 9-10 ans avait décidé de faire de la danse. Ma soeur en faisait aussi à cette époque, et le garçon en question était l'un de mes voisins. Ses parents l'ont toujours encouragé dans son choix, où est le crime? Au gala je me souviens, j'en avais surpris qui le regardait danser avec son groupe, en commentant "pfff, t'as vu ça, quel pd..." ce qui m'avait fait me lever pour aller dire "et alors, il n'est jamais venu te dire que tu n'avais rien d'original à faire du foot comme n'importe quel autre garçon? Dans ce cas ferme-la", et je me trouvais ô combien plus mature et plus raisonnable en disant cela que ce qu'il venait de dire.
Faire grandir Storm en lui disant qu'il peut faire ce qu'il veut sous prétexte que personne ne connait son sexe n'est pas une solution. Ce copain qui dansait a probablement essuyé des remarques déplaisantes quand il a commencé à faire de la danse, mais je pense que ses remarques l'ont grandi, bien plus que Storm s'il décide de faire de la danse. L'un le fait ouvertement, l'autre non. L'un s'assume, l'autre non.
Résultat Storm ne fera face aux médisances et aux préjugés qu'à l'âge de 10 ans environ, il devra apprendre à rétorquer très rapidement, alors que nous, on apprend ça en même temps que l'on apprend à parler. Là où ses camarades auront plus ou moins l'habitude, il découvrira une face "nouvelle" du monde, et nope Storm, le monde dans lequel tu as grandi n'est pas réel, c'est tes parents qui t'ont berné, ils voulaient prouver au monde entier qu'ils avaient raison, que tu serais plus heureux que tous les autres s'ils ne révélaient pas ton sexe. D'un fait banal, ils ont fait un mystère, et maintenant tu dois vivre avec, t'assumer soudainement.
Par ailleurs et pour finir, je ne pense que ça soit à cet âge là que le sexe pose problème, c'est après. Au collège, au lycée, à la fac. Elle porte une jupe courte, oh la la c'est vulgaire. Quoi, il n'a jamais couché? Oh la la, il est coincé. Mate celle-ci, t'as vu les nibards.
La prochaine étape de cette expérience sera-t-elle alors de faire perdurer ça au-delà de la puberté? De se bander la poitrine fort fort pour l'aplatir le plus possible si l'on est une fille, de se raser le corps si l'on est un garçon pour garder une peau glabre et douce, d'adopter une coupe neutre pour garder l'anonymat sur son sexe, et surtout de n'avoir aucun rapport sexuel et qu'importent les sentiments, comme ça pas de témoins donc mystère gardé complet?
Non, désolée, je ne peux approuver ça.