Suis-je hétéro par défaut ?

[Fjell]

Heu, sur le fond je crois que je m'exprimerai après, mais là tout de suite j'ai bloqué sur la formule "c'est que qu'elles qu'aient été", dans l'article.
Bravo pour cette très jolie allitération, j'en suis restée bouche bée ! Je lirai la suite de l'article une fois que je m'en serai remise :rotate:

 

[Bloody Jack]

Cet article pourrait presque sortir de ma tête également (et je vois que je suis loin d'être la seule ).

Pour moi ça a été un peu plus compliqué: je trouve les femmes plus attirantes que les hommes, mais je n'en tombe pas amoureuse. Jamais. J'ai eu un crush au lycée qui a duré toute une année scolaire (j'étais avec mon premier copain à l'époque, bonjour le sentiment de culpabilité), je sentais bien qu'il y avait un truc réciproque mais l'homophobie ambiante a fait qu'on a jamais sauté le pas. L'enjeu était trop gros socialement, alors on a fini par ne plus se voir.

Je me suis beaucoup demandé si je n'étais pas lesbienne et puis force est de constater que je peux tout à fait être attirée par les hommes comme par les femmes. Bisexuelle donc. Même si je n'ai jamais testé. Et maintenant que je suis dans une relation de couple durable (on parle appartement, bébé toussa), j'ai toujours un doute dans un coin de ma tête: "et si jamais je tombais amoureuse d'une femme? Ca pourrait foutre en l'air tout ce que je construis maintenant..." L'angoisse...

L'autre angoisse, c'est parler de sa sexualité. J'avais deux groupes d'amis: mes amies du collège, amies de toujours et un groupe de potes un peu plus récents. C'est quand j'ai fait mon coming-out l'année dernière que je me suis pris leur homophobie en pleine tête, j'ai perdu tous mes amis d'un coup...

Merci pour vos témoignages à toutes, ça fait du bien de savoir qu'on est pas seule à se poser ces questions-là.

 

[Cléo.]

Je trouve cet article touchant et très très bien écrit. Je suis admirative devant cette fluidité et cette finesse des mots employés.
Bravo et merci pour ce témoignage complet et bien développé. En espérant que tes futures expériences t'apportent des réponses et surtout du bonheur ^^

 

[Luz-]

1000x merci pour ce témoignage et les commentaires.

 

[_Sappho]

De gros bisous à cette Madz qui a été courage de nous faire par de ses doutes

Je voulais juste rajouter un petit quelque chose. Je connais aussi cet état de doute, douter de ses attirances, douter de ses sentiments, douter de soi. J'ai aussi voulu absolument savoir si j'étais homo, hétéro ou bi. Mais justement, j'aimerai dire à toutes les filles qui se posent ce genre de questions que vous n'êtes pas obligée de savoir absolument si un mot vous définie ou non. Les questions d'attirance sont complexes et il faut prendre conscience que même s'il y a des "étiquettes", elles ne nous correspondent pas forcément. Je me suis longtemps torturé l'esprit à savoir si j'étais bi ou pas, jusqu'au jour où ma psy m'a dit qu'il fallait que j'arrête de vouloir me "définir" à tout prix et que je laisse mes attirances venir naturellement. On vit dans un monde où tout est très codifié, tout est très segmenté, les hétéro, les homo, les bi (d'ailleurs, il y a d'autres orientations, comme les pansexuels) et il est parfois dur de se "définir" pour la simple et bonne raison que ces mots ne vont pas à tout le monde.

Mon commentaire ne dit pas "laissons tomber ces définitions" et je ne dis pas non plus que tu n'es pas bi. Une personne qui se sent vraiment homo peut bien sur se dire "homo", de même qu'une personne qui se sent bi peut se dire "bi", et etc.  Je dis simplement que je comprends ton envie de te définir mais que ce n'est pas grave si tu ne trouves pas de "mot" qui te correspond ou si tu ne te sens pas en adéquation totale avec certaines définitions.

Je ne sais pas du tout si ma pensée est claire, je m'exprime assez mal. Encore plein de bisous et de courage à la demoiselle

 

[Chaïka]

Oui oui oui oui oui. Et oui.
Je pense que nous sommes beaucoup dans le même cas, ce que je ne trouve pas vraiment surprenant à la réflexion... Everyone is a little gay, comme dit le fameux proverbe.
Ce qui est étrange (dans le bon sens du terme), j'ai que j'ai quelques potes gay (mecs et filles) qui se disent également attirés par des personnes du sexe opposé. J'ai une copine qui voulait même écrire sur le "coming in", ou comment révéler à tes potes mecs que tu es attirée par les mecs aussi, alors qu'ils t'ont toujours connue avec des filles. Et elle disait qu'elle aussi avait peur de perdre ce terrain de non-ambiguité avec eux, qui, même si elle est attirée par certains hommes mais pas par eux, commenceraient à se poser des questions à son égard. Comme quoi, ça marche des "deux côtés du placard".

Pour ma part je me considère comme bisexuelle ou pansexuelle. En fait c'est un peu difficile à caser parce que je n'ai pas l'impression de tomber sous le charme d'un homme ou d'une femme, mais d'une personne - et son genre m'est plutôt égal.

Cela dit, avec le temps je trouve que ça devient de moins en moins "difficile" de matter les filles comme j'ai l'habitude de matter des mecs

Puis avec le monde qui nous entoure, où tout ce qui sort du moule hétérosexuel est "teeeellement exotiiique" au mieux et "dégueulasse allez pourrir dans les flammes de l'enfer" au pire, voilà quoi... On est pas aidé(e)s pour assumer notre sexualité dans son ensemble

 

[missdusud]

je me suis moi aussi souvent poser la question, je me la pose encore parfois, mais à chaque fois j'en arrive au même constat, je suis hétéro; j'en suis sûre, car même si parfois je suis attirée par des femmes que ce soit dans une pub ou dans la rue, que je ne peux m'empêcher de la regarder et que parfois elles m'attire vraiment, au point que ça me fait tout bizarre à l'intérieur (comme une ado amoureuse pour la première fois ^^), je n'arrive jamais à m'imaginer aller plus loin, ne serait-ce qu'imaginer leur rouler une pelle, je n'y arrive pas; ça me dégoute; enfin quand je dis ça me dégoûte.... je n'ai rien contre les homos ou les bi, d'ailleurs les voir s'embrasser ou savoir qu'ils le font et même plus, ça ne me pose pas plus de problèmes qu'avec les hétéro (c'est-à-dire que ça ne m'en pose aucun) mais moi je ne peux pas, je n'y arrive pas...

après c'est vrai que je me pose beaucoup la question de manière générale, si notre sexualité n'est pas "influencer" par la société, le regard des autres, l'éducation, le "les garçons aiment les filles et vice et versa" ect..... les enfants ne voient que ça, dans les livres d'histoire, les dessin-animé, ect... ils ne savent pas forcément qu'il y a d'autre "schémas" que ceux auxquels ils sont exposés.

 

[Black Phillip]

 pour le truc du papa. ça m'a beaucoup touchée. J'espère que ça va mieux depuis. Je pense que même si parfois on dirait pas, tous les parents aiment leurs enfants dans le fond, même si certains agissent de façon complètement stupide.
Je sais pas trop quoi dire qui puisse être positif ou réconfortant là dessus mais il y a sûrement quelque chose de ce genre là à trouver. En tout cas je souhaite plein de courage à l'auteure de l'article.


Sinon, le fait qu'il existe des "hétérosexualités par défaut" est un truc sur lequel je réfléchis beaucoup en ce moment.
Justement, j'ai l'impression qu'on est dans un système de société où on est tous "hétéros par défaut", à la base. Certains se rendent compte qu'ils ont des préférences différentes, mais je crois que d'autres personnes ne se posent jamais la question en fait. Du coup ils mènent une vie hétéro par défaut, mais je me demande si ils ont, ne serais-ce qu'une fois, remis en question leur orientation sexuelle. 
On est dans une société tellement hétéronormée que je crois que c'est possible qu'il y ait un genre de bride mentale ou d'habitus restrictif chelou qui fait qu’énormément de personnes ne mettent tellement pas ça dans le champ de leurs possibles qu'ils ne l'envisagent tout simplement jamais. 
Donc selon ma théorie il y aurait plein d'hétéros qui seraient potentiellement des homo/bi etc en puissance, si on était dans un système de société différent et sans œillères. En gros, l'hétérosexualité dominante est culturelle et elle serait conditionnée par plein de mécanismes inconscients de brides mentales. 

Du coup en ce moment j'ai envie de demander à tous les couples hétéros avec des enfants en bas âge / tout juste mariés, que je croise, si ils sont bien tout à fait sûrs qu'ils sont hétéros . (terrorisme)

 

[Mannick]

Et maintenant que je suis dans une relation de couple durable (on parle appartement, bébé toussa), j'ai toujours un doute dans un coin de ma tête: "et si jamais je tombais amoureuse d'une femme? Ca pourrait foutre en l'air tout ce que je construis maintenant..." L'angoisse...

C'est curieux le fait que ton angoisse tourne autour du fait de potentiellement tomber amoureuse d'une femme plutôt que juste tomber amoureuse de quelqu'un d'autre. Pourquoi tu te demandes "et si jamais je tombais amoureuse d'une femme ?" et pas "et si jamais je rencontrais quelqu'un d'autre ?" (c'est une vraie question hein !) ?

Je rejoins bien volontiers @MutePrincess : pourquoi se torturer sur le pourquoi du comment et la nature de ce qui nous attend au tournant ? Go with the flow, comme dirait l'ami Josh Homme ! En revanche, je crois que selon le background familial/amical dans lequel on a grandi et on s'est construit c'est plus ou moins facile de se détendre du slip sur la question. Sans même parler d'un environnement homophobe ou juste hétéronormé, être élevé dans un milieu où on pose systématiquement un nom, une étiquette sur tout, ça doit pas aider (comme le mentionne bien @Lu-ciole, même si c'est pas malveillant, c'est à la fois chiant et surtout ça pose des limites qui n'ont pas lieu d'être).

En tout cas merci pour cet article fouillé, sincère et bien écrit, ça change du lot d'égo-trips qu'on se tape en ce moment sur le site (à base de "Moi/mon/mes *insérer nom commun+adjectif" et moi, blabla").

EDIT : enfoiré j'avais écrit un pavé et j'ai tout effacé. blblblblbl 

 

[TakahashiMay]

Hello tout le monde,

Je ne sais pas vraiment par où commencer.
Quand j'ai lu que cet article venait de sortir sur Madmoizelle, j'ai tout de suite sauté dessus. Et je sais pertinemment pourquoi. Je me pose exactement les mêmes questions.

Je me suis toujours dit que j'étais hétéro parce que j'aimais les hommes et c'est vrai. J'aime les hommes. J'ai eu 3 relations longues durées (dont une qui vient de se terminer il y a quelques semaines) et j'ai passé de très bons moments dans chacune d'elle.

Mais, au lycée, j'ai eu un gros crush qui me colle encore à la peau aujourd'hui. C'était ma meilleure amie de seconde. On avait une relation plus fusionnelle qu'ont de simples amies. On était vraiment inséparables. Mais, j'ai toujours eu conscience de ce truc en plus, de cette attirance que j'avais pour elle. Une attirance qui allait bien au delà de l'amitié. Et lors de nos grandes vacances entre la seconde et la première, il s'est passé ce qui arriva. J'étais célibataire mais elle non mais ça ne nous a pas empêchées d'échanger un premier baiser puis deux, puis trois. A la fin, maladroites, nous avons eu ce qu'on pourrait appeler ma "première relation sexuelle avec une fille". On l'a fait plusieurs fois.
Etrangement, je ne me sentais pas mal à l'aise le lendemain quand je me réveillais en me rappelant ce qu'on avait fait. C'était naturel pour moi. Par contre, je ne saurais le dire pour elle.
Après les vacances, nous nous sommes disputées pour une toute autre raison et nous avons arrêté de nous parler. Nous souffrions énormément de cette séparation mais elle m'avait trahie sur un sujet et je ne pouvais plus lui faire confiance.
Donc, alors que je sortais avec mon deuxième petit ami en première, j'ai vécu une rupture. Ma rupture d'avec elle. Je n'ai jamais dit à ce garçon ce qu'il s'était passé car il la connaissait et je n'ai avoué ça que plusieurs années après à mon amie d'enfance. Elle ne l'a pas mal pris et ne se comporte pas différemment avec moi.

Du coup, après avoir vécu cette expérience avec la personne que j'ai le plus aimé dans ma vie, je me suis posée des millions de questions. Suis-je vraiment hétéro ou bi ? suis-je attirée par d'autres filles qu'elle ? Oui, mais pas aussi fort.
Je sais qu'à de nombreuses reprises je me dis "j'aimerais en être sure, j'aimerais savoir ce que c'est d'être avec une fille". Mais je n'ai jamais franchi le cap. J'ai 21 ans et je ne sais pas.
J'ai honte de l'avouer à mes amis, j'ai moi aussi peur de leurs réactions, de savoir si elles vont parler dans mon dos, se poser des questions, etc. Donc je me tais.

Je suis très timide et très mal dans ma peau, je n'arrive donc jamais à faire le premier pas dans mes relations. Donc, je me demande, comment faire pour savoir si je suis vraiment bi si je n'arrive même pas à parler avec une fille qui me plaît. (ou avec un mec aussi, d'ailleurs)

Je n'ai jamais eu d'autres relations avec une fille même si j'aurais aimé. Par contre, ce que je sais c'est qu'à chaque fois que je suis célibataire, je me dis "il faut que j'en sois sure." et je me demande comment faire pour aborder une fille qui me plaît.

Je me pose ces questions presque tous les jours et j'espère, au plus profond de moi qu'un jour, j'aurais les réponses.

 

[Marjolaine29]

Merci pour ce témoignagne ! Je m'y retrouve étrangement (à l'exception près que j'ai 9 ans de moins que la madmoizelle qui a écrit l'article). Dans le doute, je n'ai rien dit à personne sauf à une amie. Je suis indéniablement attirée par les mecs ET les filles... Mais je ne me sens pas la force d'assumer ça au lycée, où les personnes se revendiquant bisexuelles sont cataloguées "homos refoulés", ou même " Il/elle veut juste attirer l'attention", "il/elle se tourne aussi vers le même sexe parce qu'il/elle ne plaisait pas aux filles/mecs" et "comment il/elle peut savoir, il/elle a jamais testé"... >< D'autant plus que mon père est homophobe (et donc biphobe par extension) En tout cas, bon courage à toi, auteure de l'article !

 

[Bloody Jack]

Et maintenant que je suis dans une relation de couple durable (on parle appartement, bébé toussa), j'ai toujours un doute dans un coin de ma tête: "et si jamais je tombais amoureuse d'une femme? Ca pourrait foutre en l'air tout ce que je construis maintenant..." L'angoisse...

C'est curieux le fait que ton angoisse tourne autour du fait de potentiellement tomber amoureuse d'une femme plutôt que juste tomber amoureuse de quelqu'un d'autre. Pourquoi tu te demandes "et si jamais je tombais amoureuse d'une femme ?" et pas "et si jamais je rencontrais quelqu'un d'autre ?" (c'est une vraie question hein !) ?

Tout simplement parce que je me suis fait mon expérience avec les hommes et que je ne me vois pas tomber amoureuse d'un autre homme. Ne serait-ce que parce qu'on a vécu des choses très fortes ensemble avec mon copain actuel (notre histoire s'est construite en pointillés sur 10 ans, ça laisse le temps de vivre pas mal de choses ensemble).
Mon mec parmi les autres mecs, je sais que c'est le bon choix, zéro doute.
Mais en incluant les femmes dans mon raisonnement, n'ayant pas pu faire mon expérience de ce côté-là, je suis moins sûre de moi. Parce que jusqu'à maintenant, je n'ai jamais ressenti de sentiment amoureux pour une femme, mais parfois ça arrive sans crier gare, on peut jamais être sûr...
D'où l'angoisse de tomber amoureuse d'une femme et pas d'un homme.