Je trouve ça assez édifiant la manière dont le débat a tourné par rapport au sujet de l'article mais bref. A la base, même si j'ai été cité au moment du déterrage de l'article, j'ai voulu m'abstenir de commenter car à l'époque, les échanges et le ton avaient fini par bien me gaver sur ce topic (beaucoup de messages ont été supprimés depuis - pas les miens je précise) mais je vais quand même revenir sur l'historique du débat puisque le Monsieur qui a posté a clairement rebondi sur plusieurs de mes interventions d'il y a deux ans, ce qui a relancé le débat dans ce sens.
A la base, si vous lisez le topic, vous verrez que je commençais par trouver très étonnant l'expérience RACONTEE DANS L'ARTICLE (qui est le sujet de ce topic, à l'origine) parce qu'à l'époque (et c'est toujours le cas aujourd'hui), j'étais loin d'avoir 50% des mecs que je likais qui me matchaient sur Tinder et encore moins qui me répondaient ou m'adressaient la parole. Donc j'avais vraiment du mal à croire qu'un profil NOIR sans photo aucune puisse se faire innonder de messages (genre je suis moins désirable qu'un carré noir? J'en doute), et que ça démontre que les femmes aient tant de choix que ça sur les sites de rencontre. Surtout que si vous avez ne serait-ce qu'une vague idée de comment on utilise Tinder, les gars ne peuvent pas vous écrire si vous ne les avez pas "likés". Or, l'expérience féminine typique c'est clairement pas de liker tous les profils à la chaine et de faire le tri ensuite. Ce qui veut dire que si ce profil noir s'est à ce point fait innonder de messages, c'est qu'il y a de fortes chances qu'il ait liké à la pelle, et donc pratiqué Tinder d'une manière pas franchement classique pour une femme.
Mon opinion c'est que probablement à une époque, les femmes avaient beaucoup plus de choix qu'aujourd'hui sur Tinder, mais le truc s'est tellement généralisé que je pense que les hommes sont tout aussi sélectifs et que non, les femmes en général ne sont pas les reines du bal (après, j'ai 30 ans passés, peut-être que si j'avais 21 ans, les choses seraient différentes dans mon expérience Tinder mais l'article ne parle PAS d'un groupe spécifique de femmes mais bien "des femmes").
Bref, je faisais simplement cette observation, plusieurs MadZ ont témoigné avoir la MEME expérience de Tinder (certaines ont même expliqué que leur faisait vraiment mal niveau estime perso donc je ne sais pas pourquoi le témoignage du Monsieur sur ce sujet est présenté comme très spécifique à l'expérience masculine mais bref), et puis là on s'est pris quelques messages nous disant que en gros c'était probablement qu'on était trop exigeantes, qu'on ne choisissait que les mecs déjà très demandés donc ils ne s'intéressaient pas à nous mais si on avait des critères plus larges et plus raisonnables on rentrerait dans les statistiques, que c'était quand même incroyable qu'on doute de ces statistiques et qu'on fasse semblant de tomber des nues, qu'on est de mauvaise foi, etc. J'admets que ma mémoire me fait probablement un peu défaut sur la tournure du débat puisqu'une partie des échanges a disparu, mais c'est comme ça que je m'en souviens et que je relis mes réactions.
Donc j'avoue qu'à ce moment-là du débat, ça avait commencé à me gaver. Je venais simplement dire "franchement ça m'étonne beaucoup cette analyse car c'est totalement opposé à ma propre expérience", d'autres MadZ disaient "pareil pour moi" et on me répond "tes critères sont trop élevés et sexistes, les mecs sont vraiment des victimes de l'indifférence, pourquoi tu le nies". Je disais même pas ça à la base en fait, donc oui, j'ai commencé à argumenter sur le ridicule de certaines revendications masculines, et à m'engouffrer dans ce piège dans lequel clairement on retombe avec ce déterrage en argumentant essentiellement autour de l'expérience masculine.
Je tiens quand même à préciser que je ne pense pas (et je pense que je n'ai jamais pensé, contrairement à ce qu'on a essayé de me faire dire ici - perso, un mec de 1m65 est plus grand que moi donc je ne le considère pas comme petit et n'ait donc pas de critères sur le sujet) que ce soit parfaitement OK d'avoir des critères d'attirance sexistes et racistes. Cela ne veut pas dire qu'on va se forcer à sortir avec quelqu'un qui ne nous attire pas, mais je pense que c'est très important d'y réfléchir, de se demander pourquoi ceci ou cela ne nous attire pas et si on se rend compte que c'est lui à une discrimination sociale, de peut-être chercher à faire évoluer notre regard sur le sujet. Je m'efforce personnellement de le faire depuis très longtemps, mais ce n'est pas toujours évident car il faut aussi contrebalancer ça avec le fait qu'on puisse avoir un "mauvais feeling" par rapport à quelqu'un pour des raisons parfaitement légitimes qu'on ne peut pas s'expliquer, et c'est important de le suivre. Bref, c'est un sujet délicat, mais c'est important qu'on y réfléchisse toutes.
Néanmoins, ce qui me gave vraiment dans ce genre de débat, c'est cette façon de victimiser les hommes dans leur non-accès aux dates sur les sites de rencontre et de faire comme si les femmes, elles, avaient vraiment le choix. Par exemple, dans le message de déterrage, il est fait mention des hommes qui se font cibler par des faux profils très attirants qui veulent les escroquer. C'est un truc que je vois revenir très souvent et présenté comme une expérience typiquement masculine et très injuste car ça ne cible que les hommes.
Ce n'est PAS VRAI. Je ne vois pas comment on peut encore parler comme ça alors que le docu l'Arnaqueur de Tinder de Netflix est un phénomène. Et ce mec qui escroque des femmes, ce n'est pas du tout un cas isolé. De nombreux articles et enquêtes ont été réalisées pendant la pandémie sur des FEMMES qui se sont faites arnaquer par des faux profils sur Tinder. Moi-même, un gars de Tinder a essayé de m'escroquer après plusieurs jours de conversation, et il y a une histoire de grosse arnaque Tinder avérée dans mon entourage, également du fait d'un homme sur une femme.
Quand on lit les réactions sur les réseaux sociaux à l'Arnaqueur de Tinder, c'est à peu près la même chose qu'on m'a sortie ici : ces femmes avaient des critères démesurées, bien sûr que ça attire les arnaqueurs. Je lis partout qu'elles étaient vénales, elles font les mauvais choix etc. Je suis d'accord que les hommes victimes d'une arnaque en ligne ne rencontrent certainement pas tous la compassion espérée, qu'ils sont sûrement également moqués. Néanmoins, les femmes ciblées par des arnaqueurs ne sont pas des cas isolés, ce n'est pas un risque qui concerne uniquement les hommes et qui renforceraient la notion de "misère sentimentale" dont ils seraient plus victimes que les femmes.
C'était ça à la base le point sur lequel j'avais tiqué et je tique encore. Je ne comprends pas très bien pourquoi les expériences féminines négatives qui sort du cadre "harcèlement par des gros dalleux" se font autant minimiser au profit de "bah pour les homme c'est pareil, il faut en parler si on est féministes". Oui, certes, c'est un sujet important. Mais franchement, c'était pas ma remarque de base, qui était surtout de me demander comment diable en 2019 on arrivait encore à des tels résultats sur Tinder avec un profil noir et sur le fait que peut-être, la comparaison de l'expérience féminine et masculine qu'ont entreprise ces journalistes n'était pas très bien réalisée d'un point de vue "scientifique" et donc difficilement très fiable. A partir de là, je ne comprends pas très bien pourquoi on tient absolument à s'opposer au fait que l'expérience féminine de la séduction en ligne n'est peut-être plus la même en 2022 qu'en 2012 et que donc les analyses qu'on faisait en 2012 doivent être réévaluées, et que pour ce faire on a besoin de statistiques claires et détaillées, et d'expériences un minimum comparables.