Tabassés pour une « petite bitte », quand la masculinité toxique fait mal

[CaraNougat]

Pour moi ce qui ressort le plus de ce fait divers, et que j'aurais lié à la masculinité toxique, c'est éventuellement la banalisation du recours à la force physique pour s'imposer. Parce qu'en soit, les femmes aussi ont beaucoup d'injonctions physiques sur le dos, et ça peut aussi être très simple de blesser une femme dans sa féminité en dénigrant un aspect son physique. Par contre, je ne suis pas sure que les femmes aient autant tendance à serrer les poings et à se battre en cas de vexation, et c'est ce qu'il s'est passé ici. Pour moi, c'est dans la réponse à l'insulte que se trouve la spécificité de l'expérience des hommes. Après, oui, ce serait cool que la taille du pénis ait moins d'importance dans l'appréciation de la masculinité des uns et des autres, mais ce n'est pas pour ça qu'on frappe quelqu'un.

@elodie94 Ca te semble cohérent que la valorisation des gros pénis soit basée sur le plaisir ressenti par les femmes dans des sociétés où justement on a longtemps nié aux femmes tout droit à une jouissance sexuelle ? Je n'ai pas l'impression que le plaisir des femmes ait autant été pris en compte dans nos sociétés pour que ce soit la raison pour laquelle on en est arrivé à valoriser les gros pénis. Même aujourd'hui, la plupart des hommes tendent à penser et organiser leurs rapports sexuels autour du plaisir masculin seul ("si j'ai fini, c'est fini pour tout le monde", "mais qu'est ce qu'un clitoris?" etc )...

Je ne saurais pas te dire comment on en est arrivé là, mais en mettant la responsabilité sur les femmes je pense que tu donnes plus de poids à leur parole et ressentis qu'on ne leur en a réellement accordé jusqu'à présent. Ce n'est pas parce que des femmes intègrent des stéréotypes ou des préférences qu'elles les ont construites elles-mêmes.

Edit : @Lune Bleue Je ne sais pas ce qu'il en était au Moyen-Âge, mais on m'avait appris que les petits pénis étaient valorisés pendant l'Antiquité grecque (et vous avez sans doutes tous.tes pu le constater au musée ), parce qu'ils étaient effectivement liés à l'idée de retenue, en opposition à l'appétit sexuel "démesuré" qu'était sensé démontrer un gros pénis.

 

[Loutrinel]

Par contre le mythe de Priape va à l'inverse de la masculinité toxique qui veut que les hommes aient une grosse bite. Le mythe de Priape était au contraire enseigné afin de montrer qu'avoir une grosse teub c'était mal, que ça faisait de toi un être sauvage et incivilisé. À l'inverse, avoir une petite bite était un symbole de virilité au temps des romains : c'était signe de maîtrise de son désir, et la maîtrise du désir et la civilité était alliés à la virilité

 

[Nastja]

A mon avis s'ils sculptaient des petites bites à l'époque (elles sont minuscules) c'est sûrement par pudeur de ne pas exposer un gros sexe en plein milieu du salon du consul...
Parce que vous imaginez la proportion d'hommes qui ne collait pas à l'image de la dite statue? Et puis c'est pas un truc que tu peux modifier en faisant un régime ou en te musclant.
Donc à mon avis la petite bite des statues grecques c'est de la déco et qu'en réalité les mecs étaient mieux pourvus que ça.
Sans tomber dans le stéréotype des femmes qui aiment les grosses bites, je pense que les femmes aiment les bites qui ne sont pas aussi petites que celles des statues et les mecs de l'époque devaient le savoir.
C'est pas de statues qui représentent le réel ni l'idéal, ce sont des statues qui représentent quelque chose d'abstrait (le savoir?) et qui surtout ne doivent pas faire "tâche" dans une villa romaine (sinon pourquoi on ne voit pas de petites bites en érection?)

 

[Rocksteady]

A mon avis s'ils sculptaient des petites bites à l'époque (elles sont minuscules) c'est sûrement par pudeur de ne pas exposer un gros sexe en plein milieu du salon du consul...

Spoiler

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

 

[elodie94]

C'est desesperant. Mais je dirais que peut être que le porno joue un role sur ce cliché à l'heure actuelle ?

Oui, et il y a aussi la libération sexuelle, qui a normalisé à la fois le fait d'avoir plusieurs partenaires au cours de sa vie (et donc la possibilité de comparer), et qui, selon moi, a aussi mis une sorte de pression sur les hommes, car pour se trouver une partenaire il faut être performant, montrer qu'on peut la satisfaire au niveau sexuel tout comme au niveau affectif. J'imagine que c'était différent lorsque les gens attendaient le mariage pour coucher. Ça diminuait la possibilité de pouvoir comparer (en tant que femme) et de se vanter (en tant qu'homme).
La parole aussi s'est libérée, d'où ma réflexion sur le nombre de femmes qui prônent les soit-disant avantages des pénis de grosse taille en public.

 

[Galène]

Merci pour cet article plein d'empathie et de bienveillance!!
Comprendre que les hommes sont aussi victime de la masculinité toxique, c'est imaginer qu'ils puissent évoluer. Et la société ne changera pas s'ils ne changent pas.
Pour les grosses bites, j'avais lu dans 'Une histoire du sexe', la BD, que les gros pénis était associés au côté animal, violent, primitif, de la pulsion. Comme dit plus haut, c'est donc vu comme négatif. Tristement, c'est pour cela qu'on dit que les noirs ont une grosse bite, car à l'époque de l'esclavagisme, on les associaient à des être primitifs et violent et non a des être humains respectueux...

 

[Rocksteady]

@Yeat

Spoiler

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

 

[Kathelvellon]

C'est tout de même malheureux que les jeunes se soient finalement fait tabasser parce qu'ils avaient du vocabulaire : en gros, ils étaient capables d'appeler une bitte une bitte.
S'ils s'étaient contentés de dire qu’ils ne pouvaient pas repartir à cause du truc, du petit machin là, par terre, ça serait passé... Comme quoi, finalement, la culture peut parfois nuire gravement à la santé !

 

[Trémazane]

Euh... @Kathelvellon J'aurais pas parler d'avoir "du vocabulaire" ou "de la culture" : "bitte" c'est pas le nom officiel du truc (à la mairie quand on commande ces fameux trucs on commande des plots ou potelets ou bornes anti-stationnement). Là on est sur du parler vernaculaire. (et perso j'avais jamais entendu personne appeler ça une "bitte" jusqu'à mes 23 ans)

Comme quoi, finalement, la culture peut parfois nuire gravement à la santé !

Faut peut-être pas pousser

 

[Skjaldmö]

Moi aussi j'ai du mal à voir d'où vient tout ça. Je pense au porno, c'est, à mon avis, là que se concentre une grosse partie du problème. J'veux dire, si on parle de gros sexe... déjà qu'est-ce qu'un gros sexe ? Disons qu'on parle de sexe conséquent, ça concerne quoi ? 5% des hommes ? Ils sont pas si nombreux, moi-même je n'ai connue qu'un seul homme "bien monté", or il y a un domaine où cette "minorité" est omniprésente c'est le porno. Après, il y a sans doute les normes qui constituent la virilité mais son évolution me semble vraiment complexe et à la longue, je m'y perds. Enfin, il y peut-être aussi les femmes, et franchement j'ai du mal à nous ôter de l’équation. C'est comme pour le fameux critère de la taille. Je me doute qu'il y a des hommes qui trouvent viril d'être grand, mais pour être honnête, on ne me fera pas croire qu'il n'y a QUE les hommes qui trouvent viril d'être grand. Désolée mais je n'arrive pas à voir ça comme quelque chose d'unilatéral.

Spoiler: HS Questionnement

Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.

 

[skippy01]

Je pense que c'est à mettre en parallèle avec la mentalité du «toujours plus»: on veut tout toujours plus grand, toujours plus gros, toujours plus grande quantité.

 

[Artemistigri]

Celles qui ne connaissent pas le mot bitte n'ont jamais écouté voire entendu du Renaud à la radio?

(...) Assise sur une bitte
D'amarrage, elle pleure (...)