Donowitz : Non, ce n'est pas "juste une agression c'est pas bien grave", parce que, sinon, je n'aurais pas ressenti le besoin d'en parler. C'est juste que sur le moment, il y'avait urgence : passer à autre chose, ne pas y penser, ou me laisser aller à la peur à chaque coin de rue et ne plus vivre..
@Salvia : non, il n'y a pas de critique envers ma mère. C'est surtout une façon pour moi de dire que c'est un ensemble de circonstances qui m'ont amenées à être témoin de cette agression. Il aurait fallu de peu pour que je ne vois jamais ça, tout comme il aurait fallu de peu pour que cette jeune fille ne vive jamais ça. Si elle avait pris son train plus tôt, ou le lendemain, par exemple. La façon dont l'interprète
Akela résume tout.
Pour répondre globalement, j'ai choisis d'en parler ici pour la simple raison que c'est bien plus facile que d'en parler à mes amis, à ma famille. Ca tient peut-être de mon caractère, de ma fierté, du fait que j'ai beaucoup de mal à m'ouvrir à l'oral, mais je me vois très mal aborder le sujet. Parler à l'écrit a toujours été plus facile pour moi. J'ai simplement eu un déclic lorsque je me suis aperçue que j'y pensais toujours beaucoup, et que c'est le genre de choses qui marque à vie. J'ai pensé être remise psychologiquement, mais je suis toujours très méfiante dans la rue.
Je ne crois pas qu'il y ait eu quoi que ce soit de raccoleur dans la façon dont j'ai écris ce témoignage. J'ai écris, sans vraiment me poser de question, il n'y a eu qu'un seul jet, pas de brouillon, pas de phrase effacée, j'ai jeté les mots sur le clavier comme ils venaient. Il n'y a pas eu de phrase pensée, remaniée et selectionnée pour ses qualités syntaxiales, sans parler que certaines choses ont été modifiées. J'ai partagé mes émotions, parce que je l'ai vécu de l'intérieur, parce que ça a été un moment terrible qui ne s'effacera jamais, et parce que pour moi, ce genre de faits ne pouvait arriver qu'à la télé. Ce que je lisais dans les journaux n'était que des mots sur le papier, mais qui n'étaient pas "réels". Je n'ai pas non plus écris pour choquer qui que ce soit, pour faire peur, ou pour que les mademoizelles qui liront ce texte se retournent dans la rue comme je le fais, mais simplement pour partager mon étonnement quant au manque de réactions des gens présents ce jour là, pour partager le choc que m'a provoqué le fait qu'il soit si facile de se faire agresser en pleine rue, devant témoins, et pour dire que non, il n'y a pas qu'aux autres que ça arrive. Et puis il y avait un besoin de m'exprimer, tout bêtement. J'ai écrit ce texte, et dans les minutes qui ont suivies, je me suis sentie bien mieux.