C'est une très belle initiative !
J'ai parlé de mon histoire autre part sur le forum, mais pour résumer brièvement : j'ai été amoureuse longtemps de ma meilleure amie (donc honte, déni, et tout ce qui s'ensuit). Elle avait un copain et cela me faisait souffrir, je pensais qu'elle me voyait seulement comme une amie dans son sens le plus platonique. Il y a quelques semaines est survenu ce que j'attendais depuis longtemps, ce que je n'imaginais pas possible : elle m'a touché, elle a déchiré le voile de l’ambiguïté, nous avons passé une nuit à nous caresser. C'était un moment fort, très beau. Puis elle m'a dit froidement quelques jours plus tard par sms qu'elle n'était pas amoureuse de moi, avant de publier une affreuse horrible photo d'elle et de son copain.
Hier soir, je relisais mon journal intime d'il y a 2 ans. Ça m'a brisé le cœur. Je l'aimais tant, de manière si pure, et je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Chaque entrée parle d'elle, et alterne entre "c'est juste mon amie et c'est magnifique" et "je ne comprends pas pourquoi j'ai si mal quand elle va voir son copain." Je ne pouvais pas échapper à cet amour, et pourtant je le repousse de tout mon être. Les descriptions foisonnent tellement de détails, de phrases qu'elle a dit, on dirait un rapport d'enquête, c'est très étrange. J'ai dû pousser le cahier loin de moi plusieurs fois tellement ces descriptions faisaient naître des souvenirs très denses.
Et je me rends compte aussi - même si c'est évident que j'ai écris tout cela dans une optique d'espoir, et donc c'est un peu faussé - que son discours ne pouvait que m'entretenir dans cet amour, me donner de faux espoirs. Il y a cette nuit par exemple où j'ai pleuré de tout mon corps en lui disant que je ne comprenais pas pourquoi j'étais si jalouse de son copain, et elle me dit clairement que je ne peux pas prendre la place de son copain, que la différence entre lui et moi c'est l'attirance physique, et puis ensuite elle me dit : "je vais dire quelque chose qui ne se fait pas du tout, mais si j'avais dû choisir entre toi et lui l'an dernier, ça aurait été toi".
Elle nous compare à un couple, dit qu'elle m'aime plus que tout, peut-être qu'elle essaie juste de me rassurer quand elle voit que je vais très mal, mais c'était forcément très confus pour l'innocente naïve jeune fille que j'étais.
Je crois que peut-être elle a eu peur de mon grand amour avoué, mais quelque chose de fort s'est passé entre nous cette nuit là, et quand je lui ai dit "je t'aime tellement" elle a dit "moi aussi". Peut-être que ce n'est que de l'amitié, mais une amitié si grande, si forte, si lié à des souvenirs fragiles, douloureux, magnifiques, que faire l'amour était la seule manière de la transmettre. Peut-être que seuls les mots changent, je qualifie ça d'amour et elle d'amitié, mais cela ne change rien à ce moment physique que les mots sont ensuite venus détruire, à cette affection tendre et immense entre nous.
En même temps, en relisant mon journal hier, j'ai compris qu'elle ne m'a jamais aimé comme je l'ai aimé. Quand j'étais dans une obsession féroce et folle pour elle, j'avais ouvert ses carnets (car nous habitions ensemble). A chaque page, la mention de son copain, mais pas une seule de moi, alors que mon journal ne parle que d'elle. J'étais mentionnée dans un "eux" indistinct, ou sous un surnom ridicule qu'elle me donnait pour dire que je dormais près d'elle alors que nous partions e voyage.
Mais faut-il forcément que les autres vous aiment comme vous les aimiez ? Est-ce possible ?
Malgré tout, je sais que tout ça fut beau, fut unique, même si sa violence aujourd'hui salit dans mon esprit le souvenir de la nuit, mais cette cruauté je crois n'est que passagère et ne change rien à ce qui fut, cette amitié tendre, passionnée.