Je ne comprends pas trop le fait d'avoir voulu inclure dans la loi bioéthique cet alignement des critères de don du sang pour les HSH (hommes qui ont des relations sexuelles avec les hommes) sans étude(s) sanitaire(s) complémentaire(s)
C'est quoi le but?
Bien sûr que ça allait être refusé...
L'abaissement du délai d'abstinence pour les HSH (de 12 à 4 mois) fait il y a quelques mois s'est basé sur une enquête et des modèles statistiques, il y a d'ailleurs dans l'article une citation (pas très claire, vu que l'article ne précise pas bien avant ce que sont les "scénarios") et le lien vers l'interview qui explique tout ça.
En gros: pas d'augmentation du risque en passant de 12 à 4 mois d'abstinence, donc le délai a été abaissé, par contre augmentation du risque si alignement sur les mêmes critères que les non- HSH (4 mois sans multipartenariat).
L'article de Santé publique France cité est ici, c'est assez clair, et parle d'ailleurs d'un potentiel calendrier (évaluations prévues, etc).
Extraits:
"En France, la fin de l’exclusion des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) du don de sang date de juillet 2016, année de l’ouverture au don de sang pour les HSH après un ajournement de 12 mois sans relation sexuelle entre hommes. Ce changement s’est basé sur des arguments scientifiques montrant que ce critère n’augmentait pas le risque de transmission du VIH et sur l’expérience des pays ayant déjà adopté ce critère d’ajournement comme l’Australie, le Canada, la Grande-Bretagne. Rappelons que ce risque, dit résiduel, est lié à l’existence d’une fenêtre biologiquement silencieuse se situant juste après l’infection et ne permettant pas aux tests disponibles de détecter le virus dans le sang. Il est estimé aujourd’hui à un don de sang non dépisté VIH positif tous les 2 ans.
Cette première évolution a fait l’objet d’une étude, nommée « Complidon », qui a notamment permis d’évaluer ce nouveau critère concernant les HSH, publiée en janvier dernier dans la revue
Transfusion. [...]
3 questions à Josiane Pillonel et Claire Sauvage, Santé publique France
Quel est le principal enseignement de l’étude Complidon ?
Aujourd’hui, la France fait un pas de plus en réduisant la période d’ajournement des HSH de 12 à 4 mois. Quels ont été les scenarios envisagés dans l’analyse de risque ayant conduit à cette décision et lequel a été retenu ?
Suite à la volonté des pouvoirs publics de faire évoluer le critère de sélection concernant les HSH, deux scénarios ont été étudiés. Le premier scenario consistait en une réduction de la durée d’ajournement de 12 à 4 mois et le deuxième prévoyait un alignement des critères à l’ensemble des donneurs, à savoir un seul partenaire sexuel au cours des 4 mois précédant le don.
L’impact des deux scénarios sur le risque résiduel de transmission du VIH par transfusion a été évalué à partir de 3 enquêtes réalisées par Santé publique France (Baromètre Santé 2016, Enquête Rapport au Sexe 2017 et Complidon 2017), afin d’estimer, d’une part, le nombre d’HSH supplémentaires susceptibles de donner leur sang dans chaque scénario et, d’autre part, l’incidence du VIH parmi ces donneurs HSH supplémentaires.
Quel que soit le scénario étudié, le risque résiduel lié au VIH reste très faible.
Cependant, alors que pour le premier scénario, le risque résiduel reste strictement identique à celui observé pour un ajournement de 12 mois des HSH, pour le deuxième scénario, il est 1,5 fois plus élevé et l'analyse de sensibilité montre que l’estimation est moins robuste aux variations des paramètres utilisés dans le modèle ayant permis d’estimer ce risque. En juillet 2019, sur la base de ces résultats, la ministre de la Santé a opté pour le premier scénario, qui sera mis en application le 2 avril 2020.
Des analyses de risque similaires ont récemment été réalisées dans certains pays. [...]
L’adoption de critères de sélection indépendants de l’orientation sexuelle, à savoir un seul partenaire sur les 4 derniers mois est-elle actuellement envisagée ?
Cette évolution du critère a été envisagée par le ministère de la Santé, puisque c’est un scénario qu’il nous a été demandé d’étudier dans le cadre de l’analyse de risque. Avant d’envisager cette ultime étape,
le ministère souhaite une évaluation d’un ajournement de 4 mois pour les HSH, nouveau critère mis en œuvre le 2 avril 2020. Cette évaluation consistera à une estimation du risque résiduel lié au VIH sur la période 2020-2022 et à la mise en œuvre d’une nouvelle enquête, sur le modèle de Complidon, afin de mesurer la compliance des donneurs HSH à ce nouveau critère. Un risque résiduel lié au VIH qui n’augmente pas et une compliance au nouveau critère qui s’améliore seront autant d’indicateurs positifs qui permettront d’envisager cette évolution.
D’autre pays, comme la Grande Bretagne, le Canada, l’Australie, les États-Unis,… envisagent l’adoption de critères de sélection indépendants de l’orientation sexuelle. Cependant, pour ces pays, aucune évaluation de risque pour un alignement du critère HSH sur celui des autres donneurs n’a, pour le moment, été publiée."