@Nastja Nos impressions sont différentes, les données chiffrées permettraient de discuter sur une base solide de la question. Du coup on en est réduite aux hypothèses
Parce que perso je pense à tellement de films où justement les amitiés d'hommes valorisées sont celles des bandes de potes, et à tellement de films où les amitiés de femmes valorisées sont celles "en duo"... je ne vais pas les lister, y en aurait jusqu'à demain
J'entends très très très rarement des hommes me dire "c'est mon meilleur ami", j'entends beaucoup plus fréquemment des femmes me dirent "c'est ma BFF, ma meilleure amie, ma sœur de cœur etc".
Ne serait-ce qu'au lycée, le cliché des "meilleures amies", c'est plutôt des jeunes filles collées 7/7j ? Enfin, pour moi, avec mon vécu, c'est ça que ça m'évoque.
En fait ce qui m'interroge beaucoup, c'est cette "injonction" à trouver/élire une meilleure amie. Parce que pour moi cette injonction est moins forte pour les hommes (je pars de cette hypothèse, avec laquelle tu n'es pas d'accord, mais moi elle me semble correcte), et que ça recoupe un peu un truc qui a été pensé par des féministes : l'amitié entre femmes est "invisibilisée" dans l'histoire.
Je mets une citation d'
un article d'une revue féministe sur le sujet (Les relations d'amitiés) :
"Dans l’hétéro-réalité – que nous vivons quotidiennement – des femmes ensemble sont perçues comme des femmes seules. Ainsi est-ce sans gêne, voire sans ironie, qu’un homme s’approchant d’un groupe de femmes dans un bar peut aujourd’hui encore se permettre de dire : « Que faites-vous là toutes seules ? » Et lorsque l’amitié entre femmes ne peut être ignorée, elle est le plus souvent dénigrée : soit on la (dé)considère comme du lesbianisme, soit on prétend que les amies sont en fait des concurrentes sur le seul marché qui les intéresse, le marché du mariage (ou du concubinage)."
Du coup, (toujours en partant de mon hypothèse), je me demande si la valorisation de l'amitié individualisée (duo, meilleure amie) ne serait pas, là encore, une manière d'isoler les femmes, de les empêcher de tisser des liens en tant que collectif, qui serait en mesure de se défendre plus efficacement face au patriarcat ?
En bref, la société valoriserait l'amitié fusionnelle et exclusive pour limiter les relations entre femmes, alors que les hommes sont au contraire encouragés à inclure d'autres hommes dans la plus grande bande possible. Les activités qui sont socialement associées à la masculinité (sport, généralement occuper l'espace public, voire y prendre la parole) renforcent cette sociabilité "collective".
Alors que les femmes, enjointes à se trouver une "meilleure amie", seraient du coup limitées dans la possibilité de "créer un collectif", d'agir, de réfléchir à plusieurs voix ?