@Rocksteady Pour le coup ça existe des gens qui ont grave bien vécu leur lycée et se sentaient populaires et intégrés haha
Avec ma sœur, ses amies, une ancienne amie et le copain de celle-ci, alors que j’étais parti du lycée où je me faisais harceler depuis un an déjà, on avait discuté de notre expérience par rapport à cet établissement.
Ma petite sœur c’est la meuf jolie, sportive, populaire, qui adore les fringues, le maquillage et le vernis (ma mère lui reproche d’être trop dépensière et c’est vrai qu’elle a des dépenses très supérieures aux miennes), intelligente avec des facilités et une bonne culture générale, qui aime les séries, qui écoute un peu de tout mais jamais des genres « extrêmes », avec une bonne ouverture d’esprit donc très mondaine car elle peut tenir des conversations meme avec des gens à des années lumière de ses goûts à elle (genre mes potes).
Ses amies étaient des déclinaisons de cela, avec forcément certains traits plus ou moins développés, des traits en plus ou d’autres absents, mais toujours avec cette constante de « goûts correspondant aux attentes d’une norme ».
Toutes sans exceptions ont très bien vécu leur lycée, se sont senties intégrées dans leur classe, à l’aise, pas spécialement « bizarres » ou « différentes ».
D’ailleurs j’étais pour elles le grand frère chelou de ma sœur, celui qu’on comprend pas trop mais qui est sympa I guess, et tout ce que je disais ou faisais était interprété sous le prisme de « c’est parce qu’il est chelou » ; aujourd’hui encore je crois que c’est la seule grille de lecture que ma mère m’applique et qui lui permet de ne pas rejeter en bloc ce que je lui raconte : je suis comme ça parce que je suis bizarre, c’est un univers entier d’interprétation mais différent, inaccessible et incompréhensible car pas relié à son propre univers d’interprétation, et plutôt que de faire l’effort d’en comprendre la logique, c’est plus simple pour elle de dire : c’est parce que t’es différent, c’est parce que t’es bizarre, ça lui permet de pas tout rejeter en bloc par incompréhension.
Maintenant mon ancienne pote et son copain : cette fille avait beaucoup plus de points communs avec ma sœur qu’avec moi, MAIS elle allait être en capacité de voir les réalités de ceux pour qui ce n’est PAS rose.
Il y avait une structure sociale hiérarchique intangible dans ce lycée, tout le monde connaissait la place de tout le monde même sans l’avoir intellectualisé, et ça se manifestait par le fait qu’on pouvait sentir des répercussions directes sur la manière d’être considéré si on nous voyait avec quelqu’un d’en dessous, car on risquait d’être assimilé à lui. Pour te donner une idée, moi j’étais tout en bas, mais pas au tout dernier échelon : il y avait une poignée de personnes en dessous moi, elles aussi « bizarres » mais sympathiques au demeurant, il y avait ce type qui avait l’air de s’être trompé d’époque et qui adorait les bateaux, il pouvait en parler des heures ; et cet autre type HPI que tout le monde traitait de « débile », « crétin » et autres joyeuses psychophobies, alors qu’il était plus intelligent que nous tous réunis. Moi j’étais donc juste au-dessus, et toute tentative de rapprochement avec des gens d’en dessous m’était faite payer par des moqueries, ou plus de harcèlement.
La fille dont je parle, elle avait une conscience aiguë de cela, mais elle s’en tapait. Elle n’a jamais eu honte en ma présence, ou si elle avait honte elle le cachait bien. Quand on lui reprochait de me fréquenter ou qu’on amorçait une moquerie à ce sujet, elle répondait avec une repartie cinglante et on lui foutait la paix. Elle même s’est définie comme différente (elle écoutait un petit peu de hard rock et c’était moyennement bien vu, mais elle était suffisamment bien installée dans les couches supérieures de la hiérarchie du lycée pour que ça passe), par contre elle se définissait ÉGALEMENT comme populaire et bien intégrée.
Même conscience aiguë pour son copain, mais comme il est pas AFAB je vais pas développer.