Un homme a-t-il été acquitté de viol car il « n'avait pas les codes culturels » ?

[Margay]

Cette article ainsi que les réactions me font me poser beaucoup de questions/remarques :

"Pourquoi ce procès pour viol attise les tensions
Parce que l’accusé est un réfugié venant du Bangladesh.

Parce que pour les personnes qui sont contre l’accueil des réfugiés en France, qui n’aiment pas trop trop la diversité et l’immigration qui a le mauvais goût de ne pas avoir la peau blanche, c’est du pain béni."

Je trouve cette remarque assez malvenue (on peut le faire remarquer mais le faire avec un peu de modulation ferait pas de mal parce que je crois pas que seuls les fachos aient réagis...). Oui, il y a de l'instrumentalisation par les racistes, mais faut dire que si on s'en tiens à ce qui est dit dans les articles, c'est assez surréaliste. Ce qui m'a fait bondir, c'est cette phrase là (dans l'article initial de La dépeche) "Après l'énoncé du verdict, le président a pris soin de préciser que"la décision de la cour n'est pas une remise en cause de la sincérité" de la plaignante. La cour a estimé que l'accusé n'avait pas conscience d'imposer un rapport sexuel. ".
Parce que des excuses tordues pour dire "nan mais c'était pas un viol, donc bon, hein ", j'en ai entendu/lu des dizaines et des dizaines, ce ne serait qu'un nouvel exemple parmi d'autre (mais qui mérite aussi qu'on en parle); mais que le président de cour disent "oui, c'était un viol, mais bon, il était pas au courant donc acquittement", je pense n'avoir jamais vu ça.
Et j'ai du mal à savoir ce qu'il en est vraiment, je trouve dommage que l'article aille pas plus loin dans la recherche d'info.

"La culture du viol n’a pas de couleur de peau
Donc cette histoire d’accusé acquitté pour cause de « c’est pas sa faute il avait pas compris vu qu’il est étranger », qui arrangeait bien les gens anti-immigration, c’est du pipeau.

Par contre, cette histoire d’accusé acquitté, c’est très réel.

Trop souvent, les procès pour viol ne finissent pas avec une condamnation. Et ce, peu importe la couleur de peau de l’accusé.

Désolée de vous décevoir, les fachos, mais le patriarcat n’a pas d’origine, pas d’accent, pas de nationalité. En France, les femmes sont violées par des hommes. Pas par « ces hommes-là »."

La culture du viol n'a pas de couleur de peau : ok
Mais euh, la culture du viol ne dépends pas de la culture du protagoniste? Sérieux? Tous les patriarcats se valent, sont pareil, sont au même point, la culture du viol est la même en France qu'au Bangladesh?
J'ai vraiment du mal avec cette argumentation.
Oui, la culture du viol dépends de la culture de ton pays, oui la France n'est pas le premier en tête contre la culture du viol, mais non, on ne peut pas mettre le patriarcat et la culture du viol française sur le même plan que la culture du viol et le patriarcat d'autre pays.
C'est peut-être une mauvaise interprétation de ma part, mais j'ai vraiment l'impression que vous dites ça.
Ou alors le viol n'est absolument pas culturel, il est inné chez l'homme, mais du coup, ça ne sert plus à rien de parler de culture du viol ni de tenter d'éduquer les hommes à ne pas violer (et ça, j'y crois pas une seconde)

Ensuite, :
Je savais pas que pour qu'un délit/crime soit caractérisé il fallait qu'il y ait intention Comment s'est compatible avec la notion d'homicide involontaire? Comment on peut faire de l'alcool un facteur aggravant alors qu'il aura tendance à justement nous faire perdre conscience de notre jugement? Et dans ce cas, pourquoi les avocats de défenses n'utilisent pas l'argument des codes culturels qui ne permettent pas de déterminer si on viole ou pas? Nan parce que dans ce contexte, c'est un argument parfaitement recevable "mon client n'a pas les codes culturels pour comprendre qu'il viole, donc il n'y a pas intentionnalité donc il ne peut pas être condamné pour viol"

Mais du coup, je me demande : à quoi sert la justice? C'est uniquement punitif? "bouh, tu savais que c'est pas bien ce que tu fais, vient on te mets en prison" "Ah bah toi tu savais pas, donc pas grave"; je pensais qu'il y avait une idée de réhabilitation (bon très mal gérée en France, certes), apprendre la conséquence de ces actes, de protection du citoyen "lambda" (on exclut de la société les gens qui ne respectent pas les codes et qui sont dangereux pour les autres), mais j'avoue que cette phrase me fait remettre en question tout le rôle de la justice là

Edit pour réagir sur le fond de l'affaire, je viens de lire le doc de l'AFP :
""le tout dans un contexte où ni la procédure, ni les débats, n’auront permis de déterminer si les quelques expressions modérées de réserve de la jeune fille auront pu, dans le prolongement de ce qui vient d’être décrit, être perçues comme un refus de la relation sexuelle, ou seulement l’expression d’une réticence initiale par rapport à une première expérience de relation sexuelle ou à l’égard d’une expérience sexuelle avec un inconnu".

Mais mais mais
Faut le dire comment qu'on veut pas baiser sérieux? Ils faut faire quoi si l'expression d'une réticence initiale et des expressions de réserves modérés ne suffisent pas à dire que NON on veut pas de cette relation sexuelle?

Dans ce contexte, je me demande même comment s'est possible qu'on arrive à condamner 1 à 2% des viols
"Si tu dis non, c'est pas suffisant pour caractériser le non consentement"
"et de toute façon, pour que y'ait viol, il faut qu'il y ait intention de violer"

 

[Sadala]

J'ai quand même vraiment du mal avec cette notion de viol non-intentionnel. C'est vraiment du mépris total envers la parole de la victime que de dire "ok elle a exprimé des "réserves" mais il pouvait très bien ne pas savoir ????"
Je veux dire si vraiment il ne s'est pas dit qu'il la violait après qu'elle ait dit non, ça en dit long sur la façon dont il considérait cette jeune fille. Et que la justice lui donne raison sur ce point est aberrant.