Alors alors, bonsoir à tous ! Article intéressant (vos réactions aussi of course), mais j'ai quelques nuances à apporter
Ainsi que ma propre expérience.
Concernant l'article en lui-même, je salue la démarche de cette auteure, ça valait le coup de tenter l'expérience ! Mais ma première objection concerne le procédé en lui-même :
Catherine a envoyé son manuscrit, certes sous deux noms, mais à chaque fois à des éditeurs différents. Il est donc impossible d'établir clairement un lien logique entre "un refus motivé par le nom féminin" et "une bonne réception grâce au nom masculin". Il aurait été probant d'envoyer
le même texte à un
même éditeur estampillé des noms masculin et féminin.
Ouais, une sorte de dégustation à l'aveugle pas faisable. On pèche de la même façon avec les agents. Mais j'avoue ne pas avoir compris ce passage de l'article :
"Le même agent a d’ailleurs envoyé un rejet très net à Catherine, alors qu’il a demandé à lire le livre de son double masculin." --> Comment est-ce possible ? Un style, c'est reconnaissable, des persos aussi, c'est illogique de refuser de prendre contact avec la femme et accepter de lire le livre de l'homme puisque c'est visiblement la même personne. J'ai dû louper un truc donc si des Madz veulent bien m'éclairer
"Deuxièmement, il est inhabituel qu’un homme écrive un livre avec un personnage principal féminin." Là, pour le coup, je trouve ça dommage d'asséner ça comme une vérité générale alors qu'il y a tout de même pas mal d'auteurs à mettre en scène une héroïne (principale donc), je pense notamment à Bottero qui n'a quasi fait que ça (je t'aime Pierre
) et parmi mes amis auteurs, 50% ont des héroïnes ^^ L'inverse est tout aussi vrai d'ailleurs. Je suis jamais trop pour la catégorisation.
Mais honnêtement, une maison d'édition est une grosse entreprise à faire tourner, qui doit être
rentable. A mon avis, ça m'étonnerait que les agents et les lecteurs tests s'encombrent de préjugés sexistes à la con : ton texte est bon et rentre les codes de la maison (aussi étriqués et classiques puissent-ils être), t'es pris. T'écris comme une patate avec dix fautes à la ligne, t'es pas retenu, que tu sois un homme ou une femme. Vous imaginez quel manque à gagner potentiel cela représente de se borner au sexe de l'auteur ? On nous demande de vendre, pas d'avoir un pénis.
Bon on va pas de se mentir, c'est dur de percer. Très dur. Mais je crois pas que le sexe soit un critère, à part peut-être chez quelques abrutis irréductibles qui devraient entre autres lire Virginia Woolf pour en tirer les enseignements qui s'imposent.
Et c'est là que j'ai un exemple pour illustrer tout ça, tiré de ma propre expérience !
Y'a quelques mois, avec d'autres jeunes auteurs de SFF, on a lancé notre propre site d'auto-publication avec un forum, (pour rebondir sur le post de
@Crazy ), notamment parce que deux d'entre nous avaient échoué à retenir l'attention des éditeurs. Un garçon, Maxime, et moi-même !
Avant de nous lancer, on a bien sûr parlé de nos parcours respectifs et...bon sang de bois, toute fille que je suis, j'ai bénéficié de tellement de
retours et de
conseils, d'appréciations encourageantes ! J'ai même gardé les lettres tellement ça m'a surprise.
Pour comparer :
- Maxime a fait une dizaine de tentatives auprès de maisons.
- J'ai fait cinq démarches. On a ciblé quelques mêmes maisons.
--> Maxime a reçu
cinq réponses en tout et pour tout sur dix. La moitié des maisons n'a pas jugé bon de ne serait-ce qu'envoyer un courrier disant "non merci, sans façon, ciao !" Et parmi les manuscrits qu'on lui a renvoyés, certains étaient vierges de toute annotation. Et il met en scène une femme.
La maison Mnémos lui avait même demandé un pdf avec présentation personnelle, et bon, il a pas caché que c'était un bonhomme. On lui a dit dans la réponse que
seul son résumé a été lu. Quand j'ai appris ça, je me suis sentie bien chanceuse.
--> Parce j'ai reçu
toutes mes réponses. Sur les cinq, trois m'ont offert de brèves indications sur ce qui a plu et déplu, trois m'ont renvoyés mes manuscrits avec des annotations bien utiles sur le prologue.
Pourtant, j'ai bien envoyé mon travail avec mon nom de fille et lui avec son nom de garçon =) et je peux vous garantir que ce mec a un talent exceptionnel, donc je dirais même qu'il partait avec une plus-value de talent comparé à moi.
Tellement de choses peuvent entrer en compte dans l'examen d'un manuscrit, aussi injustes que ça puisse être ! C'est un peu comme les corrections de copies d'examens :
- Beaucoup beaucoup beaucoup de pages à lire en peu de temps.
- Un jugement personnel sur un travail personnel.
- Un lecteur-correcteur qui s'est ptet levé du mauvais pied, qui a faim, son gosse l'a ptet empêché de dormir.
- Vous êtes le combientième livre qu'il parcourt depuis ce matin ? Le dixième ? Le cinquantième ?
Bref, vous voyez où je veux en venir ? Je dis pas que le sexisme n'existe pas dans le monde de l'édition, mais au vu des commentaires sur cet article, je trouve ça dommage de voir certaines démoralisées parce qu'on aurait là la preuve irréfutable que notre sexe influe sur notre travail. Y'a déjà tellement de critères formels qui peuvent nous desservir (quoi ? t'as pas laissé les 2 d'interlignes demandés ? NEXT !), c'est trop con de partir perdantes.
Les filles, battez-vous pour que votre style soit irréprochable, pour que pas une faute d’orthographe ne subsiste, pour bâtir une histoire fouillée et cohérente ! Tentez, tentez, tentez sans être hantées par le spectre d'un sexisme qui, finalement, n'est peut-être pas le critère d'examen de votre taff =) y'a déjà trop de choses qui peuvent ébranler notre foi en nous-mêmes.
Perso, avec les copains et copines auteurs de SFF de notre site, on fonctionne en parfaite entente, dans la mixité et la question de nos sexes bah... bah ça n'a même jamais été évoqué ; ça m'aurait paru surréaliste
Voilà voilà, navrée pour le pavé mais ce sujet me touche tout particulièrement et je tenais à apporter ma pierre =)
Ah et si d'aventure notre groupe de jeunes auteurs SFF vous intrigue, n'hésitez pas à passer sur le site de L'Attelage, on se penche aussi sur les textes d'aspirants auteurs
Bises bises !