Quelques citations de la Médée de Sénèque, une de mes pièces préférées :
"Il me reste Médée; en elle, tu vois la mer et la terre, le fer et le feu, les dieux et la foudre.
- Tu dois craindre le roi.
- Mon père était roi.
- Tu ne crains pas ses armées ?
- Non ! Quand bien même elles surgiraient de la terre !
- Tu mourras.
- C'est mon souhait.
- Prends la fuite.
- Je me suis repentie de l'avoir fait.
- Médée...
- ...de nouveau, je vais l'être."
"Celui qui prononce sans avoir entendu l'une des deux parties a beau rendre une sentence équitable, il n'agit pas équitablement."
"J'ai été une exilée, Jason. Aujourd'hui encore, je suis une exilée. Ce n'est pas pour moi une situation nouvelle que de changer de séjour. Ce qui est nouveau, c'est la raison de mon exil : jusqu'à ce jour, c'est pour toi que je m'exilais. Mais aujourd'hui, je quitte ces lieux, je pars, contrainte par toi de fuir loin de tes propres pénates. Auprès de quelles pénates me relègues-tu ? Dois-je gagner le Phase, la Colchide, le royaume de mon père, les terres qu'a inondées le sang de mon frère ? Quelles terres m'ordonnes-tu de gagner ? Quelles mers me désignes-tu ? Le détroit du Pont par où j'ai ramené la troupe illustre de rois, en suivant à travers les Symplégades l'homme qui m'avait séduite ? Dois-je gagner le petit territoire d'Iolcos ou la vallée de Tempé en Thessalie ? Toutes les voies que je t'ai ouvertes, je me les suis fermées. [...] En quête du royaume d'un autre, j'ai abandonné le mien. Par les enfants que tu espères, par les dieux d'un foyer qui t'es assuré, par les monstres terrassés, par mes mains qui ont toujours été prêtes à te servir, par les épreuves terrifiantes traversées, par le ciel et la mer, témoins de mon mariage, prends pitié au milieu de ta félicité, paie de retour une suppliante. [...] je n'ai rien emporté dans mon exil que les membres d'un frère, offerts eux aussi en sacrifice dans ton intérêt; patrie, père, frère, honneur, pour toi j'ai tout sacrifié : telle fut ma dot dans notre mariage ! Rends ses propres biens à celle que tu envoies en exil."