Coucou ! Plein de choses à lire, c’est super ^^
Je cite ! Désolée je ne connais pas encore les balises et tout ça ^^
@Senouille : « Si on veut arrêter le slut-shaming, il va falloir arrêter de jouer le jeu d'être "ces salopes", ces parodies hyper sexualisées, ces objets sans âmes que veulent les sexistes, dans n'importe quel environnement et industrie qu'ils soient. »
@Lemon Curd : « Donc on revient à la case départ, on "se respecte", on rentre dans les cases "femme respectables" (posées par le patriarcat aussi, tiens donc) pour mériter d'être respectée ? »
Ce n’est pas exactement ce que je voulais dire. Je vais préciser !
Je n’étais effectivement pas d’accord avec cette jeune femme quand elle dit qu’elle fait de son travail dans le porno une démarche féministe.
Une commentatrice ici s’étonnait de la violence des réactions à son encontre, je soulignais simplement, la logique inhérente à ce système. Je regarde une « salope », et « si tu incarnes une salope, tu en es une ».
C’est fort regrettable de penser ainsi. Pourtant c’est ce que beaucoup de visionneurs font.
Je ne l’avais pas évoqué dans mon commentaire, j’aurais peut-être dû, mais ça me semblait évident, désolée. Je condamne absolument toutes les critiques que cette jeune femme a subi, je la plains oui, j’empathie avec elle. Que cela se passe dans le milieu universitaire me débecte d’autant plus, là où on s’attendrait à avoir des réflexions un peu plus élevées que celles qu’on peut trouver au café du commerce…
Je pourrais te parler longuement de ma perception, de mon expérience de la culture du viol, mais je sortirai le débat hors du porno.
Quand je dis « arrêtons » d’être ces femmes que les hommes veulent que nous soyons, je parle évidemment de *tous* les domaines, pas que du porno. C’est un immense terrain où tout est lié.
Je vais faire un peu du hors sujet et déborder largement du cadre du porno. On devrait se poser ces questions sur de nombreuses choses. La cosmétique est un sujet qui nous concerne bien plus au quotidien que le porno par exemple.
Je m’avance, mais statistiquement il y a eu de chances que les filles qui viennent de donner leurs avis sur ce forum soit elle-même des performeuses porno, par contre il y a de fortes chances que toutes nous nous maquillions régulièrement, fassions les magasins, éventuellement fassions attention à notre poids, etc. Toutes ces choses sont quelque part bien plus concrète que le porno dans notre quotidien. Tous les domaines que j’ai cités amène une image dégradante de la femme en objectifiant son corps en permanence. Pourtant rare sont les personnes à vouloir annihiler l’industrie cosmétiques et celle de la mode …
C’est aussi pour cela que je ne suis pas contre l’industrie du porno. Ni contre ceux qui y travaillent, comme je ne suis pas contre l’existence de l’industrie de la mode et des cosmétiques. Par contre il y a clairement du travail à faire dans ces domaines.
Je vais nuancer maintenant : dans ce texte j’ai souvent écrit « les hommes » vs « le femmes ». C’est par facilité d’écriture et non parce que je pense que tous les mecs sont des gros enfoirés.... Evidemment tous les hommes ne sont pas visés, évidemment beaucoup d’hommes savent faire la part des choses, et s’ils aiment fantasmer sur une femme soumise, ils n’en veulent pas forcément dans la vraie vie !
De plus statuer que les femmes ne sont que victimes de ce modèle patriarcal et exemptes d’une quelconque participation est naïf, stupide, mensonger et dangereux. Certaines femmes ont tellement intégré, gobé, le rôle qu’elles devraient avoir selon le modèle patriarcal, qu’elles contribuent elles-aussi (surtout ?) à reproduire ces schémas sur leurs collègues, leurs sœurs, leurs propres filles …
Il ne faut pas nous voir uniquement comme victime, mais aussi comme participante. Passons de notre vision de femme passive à une vision de femme active.
Et parfois nous agissons contre notre intérêt. Il faut le dire aussi…
Je suis encore nouvelle sur ce forum, et j’ai envie de parler de tout ça. J’ai envie d’en parler avec vous, améliorer ma compréhension de ces questions sur lesquelles, je me considère encore en apprentissage.
Je suis d’ailleurs ravie de voir @antisexisme ici, j’ai beaucoup lu son blog, et cela m’a ouvert les yeux sur pas mal de choses, notamment sur l’objectification sexuelle. J’ai encore beaucoup de blog de personnes formidables à découvrir dont la parole libérée m’aide à me comprendre moi-même et le monde qui m’entoure.
Je commence à comprendre certains de mes schémas de pensée, comment j’ai inconsciemment combattu le double système patriarcal qu’on a essayé de m’imposer je suis issue d’une double voire triple culture patriarcal ! Française, marocaine, berbère, musulmane, athée et laïque… Et ça n’a pas été simple, si pour une part j’ai su me libérer d’une partie de ces carcans « évidents » qui me sautaient aux yeux, je me rends compte que j’en ai laissé passer de nombreux autres plus insidieux, comme le paternalisme bienveillant (dont j’ai entendu parler toujours chez antisexisme d’ailleurs !).
Est-il inconcevable, injuste selon les points de vue féministe, de dire que nous femmes devons arrêter de rentrer dans les schémas de « salope » dont les hommes nous affuble, de rester dans cette dichotomie mère/putain ?
Les hommes (permettez-moi une généralisation, injuste mais plus simple pour écrire !) nous voit dans cette dichotomie mère-putain. Si nous femmes calquons nos comportements là-dessus, nous rentrons dans leur jeu.
Comme tu dis, si nous femmes arrêtons d’être « la putain », A LEUR YEUX (pas au MIEN) nous deviendrons « respectables » pour EUX car nous passerons alors au rôle de « MERE ». mais qu’en est-il de MA façon de penser que JE SUIS RESPECTABLE ?
C’est en cela que je dis que nous femmes devrions arrêter de jouer ce jeu-là car il nous dessert ! Encore faut-il être sûre que NOTRE façon de nous voir n’est pas sur noyautée par LEUR façon de nous voir ! Ce n’est pas simple du tout !
Arrêtons en tout cas de rentrer dans cette dichotomie mère/salope, femme à respecter/femme à mépriser, car elle reste assez simple à appréhender si l’on se donne la peine de réfléchir sur soi.
Le respect se donne et se gagne, mais avant tout nous devons l’offrir à nous-même, nous respecter nous-même. Agir pour NOUS, pas pour les AUTRES. Nous voir à travers notre œil, pas à travers celui d’un homme, des hommes en général, voire des autres femmes.
Il y a des questions valables que les femmes doivent se poser : suis-je libre de faire telle chose ? Suis-je heureuse en le faisant ? Est-ce que je le fais pour moi ou pour les autres ? Si je me sens contrainte, puis-je me libérer de celle-ci ? Si je fais disparaître la/les contraintes, si j’avais le choix, ferais-je autrement ? À quel prix (financier, sécuritaire, moral, familial, social etc ? Si je fais autrement, qu’est-ce que je risque ? Le risque en vaut-il la peine ?
En pondérant toutes ces réponses, nous sommes amenées agir d’une certaine manière. Dans un monde idéal, sans contraintes, bien sûr que le porno ne poserait pas de problème. D’ailleurs @Remus et @Mélange instable font le même rapprochement, le porno et la prostitution navigue dans les mêmes eaux. Pour 1% de fille qui s’en sort qui le font dans de bonnes conditions, dans le respect, combien de filles peuvent te raconter mille et une histoires sordides à te faire dresser les cheveux sur la tête ? Combien de filles font du porno pour se payer à manger ou se payer les études ? Oui on ne leur a pas mis un flingue sur la tête pour se présenter à l’agence, mais dire que choisir un métier à cause d’une contrainte financière est un choix libre est faux.
@Mymy : Je peux comprendre l’attrait pour le porno où la femme s’en prend plein la gueule, mais toi-même tu nuances ton relationnel en disant « attention je ne regarde que les pornos de telle boite où les acteurs sont bien traités ». Tu es donc d’accord, que ton propre rapport aux pornos hard est soumis à des conditions de travail respectables, on est dans le social là, dans les conditions de travail reconnues comme digne selon la déclaration de 1948 !
Psychologiquement, ça peut se comprendre d’aimer le hard porno, je n’ai plus les références, mais un psy disait que comme le fantasme, les rêves de viol/violence, c’était un moyen inconscient de déplacer sa culpabilité dans son rapport au plaisir/désir. « Ce n’est pas de moi que cela vient, ce plaisir m’est imposé ». Il est évident que les femmes ayant ce genre de fantasmes ne veulent PAS être violées pour de vrai, ça n’a rien à voir. C’est le plus souvent lié à une certaine pudeur, une éducation stricte ou rigide, ou juste un manque d’assurance, bref il y a un tas de raison qu’un professionnel pourrait expliquer mieux que moi.
Je ne dis pas que c’est ce que tu ressens, je rapporte une touche psychologique pour dire que oui bien sûr je comprends que des filles puissent aimer une FICTION de femme dégradée sans pour autant vouloir l’être dans la VRAIE vie. Et qu’aime cette fiction n’est pas moralement répréhensible, ni à interdire ni à condamner. C’est une source de fantasme comme une autre, donc de plaisir, point.
De même, j’avais nuancé également en reconnaissant que les garçons puissent aimer cette même fiction sans pour autant vouloir faire subir la même chose à leurs compagnes. Tous les mecs ne sont pas des gros criminels en puissance.
Cela dit, les fantasmes et les rêves sont notre jardin intime, source de notre libido, difficilement partageable. Cela se passe dans notre tête, cela ne fait de mal à personne…
Quand il s’agit de pornographie, on parle de VRAIES personnes qui effectivement font un TRAVAIL de FICTION.
Et parfois, ce n’est pas un travail fait volontairement ! On peut les y obliger. Comment on s’arrange avec notre conscience dans ces cas-là ?
On veut continuer à se faire plaisir en regardant du porno, assouvir une pulsion façon fast-food, titiller, maintenir sa libido, s’émoustiller avant/pendant/après une masturbation ou rapport sexuel… Ce n’est pas trop demander que de le faire dans le respect et la dignité humaine, je pense que tout le monde sur ce forum sera bien d’accord dessus. Et pourtant ça ne se passe pas facilement aussi bien.
Déjà, nous, on vit en France, où avoir une sexualité est plus décomplexé qu’ailleurs. On a déjà cette chance. Même si on subit un biais (la fille facile/le don juan) par moment, on ne risque pas l’opprobre publique voire la prison en ayant une vie sexuelle hors mariage. Il reste énormément de pays où ce n’est pas le cas. Je ne parle même pas des minorités sexuelles, gays, lesbien, trans où leurs situations est encore pire.
Dans ces mêmes pays, la pornographie existe et je n’ose même pas imaginer les conditions dans laquelle elle se pratique. Principalement clandestine, elle ne risque pas d’être soumise à une quelconque évolution des mœurs et une imposition de la voix des féministes !!!
On a donc la chance d’avoir une vie sexuelle libre et avec cela une industrie pornographique potentiellement aussi « libre ». Tant que la pornographie reste ouverte, légale, nous avons une chance de pouvoir la changer en mieux. Que ce soit au niveau purement social pour les conditions de travail, médical, pour les conditions sanitaires et hygiéniques, et humain, pour le respect dans les rapports hommes femmes et dans l’ouverture de cette industrie à un cœur de cible féminin.
Cela me rappelle une lecture au sujet de la légalisation de la prostitution. Un des arguments étaient que pour rendre la prostitution égalitaire, il faudrait que les femmes aient plus souvent accès elle-même à la prostitution. Comme quoi, on peut aussi en venir à ce genre d’argument dans un topic féministe égalitaire.
C’est une logique jusque-boutiste, mais elle se tient dans une argumentation égalitariste. Semble-t-elle juste pour autant ? J’ai envie de dire que non, mais je n’ai pas trop d’argument. J’ai envie de dire comme Remus, que j’ai envie de placer ça au même niveau que « marchander le sexe » que ce soit un homme ou une femme, ne devrait pas être « normale »dans une société civilisée. De la même manière que je me demande qui sont ces clients qui vont chez les prostitué(e)s , je me demanderais quelles sont ces femmes qui vont chez des prostitué(e)s
Je me demande dans quel mesure, quand je demande l’ouverture du cœur de cible économique deviennent féminin, je ne sombre pas non plus dans ce même genre de logique ?
Et pourtant ce serait ignorer que les femmes aussi regardent du porno.
@Remus : je te rejoins sur l'aspect économique et le fait de regarder la pornographie en temps qu'industrie faisant partie du système capitaliste.
de même qu'il n'est pas question de renverser le système, peut-on dans une certaine mesure inclure néanmoins la marchandisation du sexe avec humanité ? ou est-ce tout simplement trop demandé vu les nombreuses dérives?